Chapitre 50

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PDV : Hayden
- Flashback -

Un soir, alors que je rentrais d'un de mes petits boulots, exténué et le moral au plus bas, je suis tombé sur une scène qui m'a fait m'arrêter net. Un gamin, à peine plus jeune que moi, était pris à partie par des gars plus grands. Ils le bousculaient, lui prenaient son sac et se moquaient de lui. Le petit essayait tant bien que mal de se défendre, mais il ne faisait pas le poids.

Je n'ai pas réfléchi. Peut-être que c'était la frustration de tout ce que je vivais, ou juste un instinct que je n'arrivais pas à contenir, mais je me suis interposé. J'ai attrapé le bras de l'un des types et lui ai dit d'un ton que je n'avais jamais utilisé jusque-là :

— Lâche-le.

Le gars m'a regardé avec surprise, mais aussi une forme de respect, comme si personne n'avait osé lui parler comme ça avant. Il a relâché le gamin et avec ses potes, ils ont reculé, un peu pris de court. Quelques secondes plus tard, ils étaient partis, laissant le petit reprendre son souffle. Il m'a remercié d'un regard plein de gratitude, mais je n'étais pas là pour recevoir des éloges.

Je m'apprêtais à repartir quand un homme est apparu de nulle part. Grand, tatoué, et avec une démarche assurée, il s'est avancé vers moi, un sourire en coin. Il dégageait quelque chose de différent, une aura de pouvoir que je n'avais encore jamais vue chez personne.

— Hé, gamin, t'as du cran. C'est rare par ici, a-t-il dit en s'arrêtant juste devant moi. T'aurais pu te faire défoncer, mais t'as pas hésité. Ça, c'est du courage.

Je le regardai, méfiant, sans vraiment comprendre ce qu'il me voulait.

— Tu sais, si t'as besoin de quelque chose... un coup de main, n'importe quoi, je peux t'aider, continua-t-il, son sourire s'élargissant. Tu m'as l'air d'être un gars qui sait ce qu'il veut.

C'est là qu'il s'est présenté. Marco. Un nom que je ne connaissais pas, mais qui dans ce quartier, était plus que célèbre. Chef d'un gang, respecté, craint. À cet instant, je n'avais aucune idée de qui il était réellement, je ne voyais que cet homme qui m'offrait son aide, là où personne d'autre n'était jamais venu vers moi.

— Écoute, je vois bien que t'es pas d'ici. T'as l'air d'un gars qui a des emmerdes. Si jamais t'as besoin de thunes, ou d'un coup de main pour... je sais pas, des factures de loyer, des soins pour quelqu'un... je peux arranger ça. Rien n'est gratuit, mais je peux te garantir que je t'aiderai, à une condition.

Ses mots résonnaient dans ma tête. "Soins pour quelqu'un". Il savait. Comment savait-il pour ma grand-mère, pour mes galères ? Peut-être qu'il ne savait rien, mais il avait touché juste. Je me souviens avoir baissé les yeux, hésitant. Je savais que j'étais sur le point de prendre une décision qui changerait tout. Mais dans mon esprit, je n'avais pas le choix. L'école, le boulot, tout ça ne suffisait pas. Les factures s'empilaient, et ma grand-mère avait besoin de soins que je ne pouvais plus payer.

— Qu'est-ce que je devrais faire ? ai-je demandé d'une voix un peu cassée, sentant que je venais de franchir une ligne.

Marco sourit, un sourire froid, presque calculateur.

— Rien de bien compliqué. T'intégrer dans mon groupe, faire quelques boulots par-ci par-là. Rien de dangereux si tu restes malin. En échange, je m'occupe des frais médicaux de ta grand-mère.

Ce fut comme un soulagement immédiat. Enfin, quelqu'un me proposait une solution. J'aurais dû être plus méfiant, mais à cet instant, tout ce que je voyais, c'était une porte de sortie.

— C'est d'accord, j'ai murmuré, le cœur battant.

Et à partir de ce jour, ma vie a pris une tournure que je n'avais jamais imaginée. J'ai quitté l'école peu après, m'éloignant d'Amy et de tout ce qui me rappelait ma vie d'avant. Parce que Marco, avec son sourire en coin et ses promesses, était le seul qui m'avait tendu la main quand j'en avais vraiment besoin. Le seul qui avait fait quelque chose pour ma grand-mère. Le seul qui, à ce moment-là, semblait comprendre mes galères.

Je suis entré dans ce monde sans regarder en arrière. Parce que je croyais que c'était la seule option qu'il me restait.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant