Chapitre 23

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PDV : Maya

Elle s'était tellement infiltrée, cette indifférence, que quelques semaines plus tard, je me retrouvais de nouveau en cours, dans ce lycée que j'avais autrefois tant aimé mais qui désormais me dégoûtait. Le simple fait de franchir les portes de l'établissement me faisait frissonner de dégoût, comme si je pénétrais dans un lieu étranger, hostile. J'aurais pu croire que mon absence prolongée aurait calmé les esprits, que les choses auraient évolué, que les murmures se seraient estompés. Mais il n'en était rien. Au contraire, mon retour semblait avoir attisé les braises encore fumantes de leur cruauté.

En traversant le couloir, mon cœur battait la chamade, chaque pas me rapprochant un peu plus de ce que je redoutais. Et comme si l'univers voulait confirmer mes pires craintes, un groupe de filles éclata de rire juste derrière moi, leurs voix perçant l'air comme des lames.

— Tu crois qu'elle voit des fantômes, maintenant ? lança l'une d'elles, avec une moquerie qui fit tressaillir mon cœur.

Je marchai plus vite, mes pieds martelant le sol comme pour échapper à cette réalité cruelle. Mais peu importe à quelle vitesse je me déplaçais, la honte et la douleur me rattrapaient toujours, s'accrochant à moi comme une ombre impossible à fuir.

Alors que je passais devant Elisa, une lueur d'espoir me traversa : elle était là, debout, spectatrice silencieuse de cette scène. Pendant un instant, j'ai espéré qu'elle ferait quelque chose, qu'elle dirait un mot pour faire cesser ce calvaire. Après tout, n'était-elle pas mon amie, autrefois ? Mais non, elle restait là, impassible, son visage figé dans une expression de neutralité glaciale. Si Amy avait été là, je savais qu'elle aurait pris ma défense sans hésiter, elle n'aurait jamais toléré une telle injustice.

Cette indifférence me fit encore plus mal que les moqueries. C'était comme un coup de poignard, planté par quelqu'un en qui j'avais eu confiance. Si même elle ne bougeait pas, alors qui le ferait ?

En entrant dans la salle de classe, j'avais l'impression d'entrer dans l'arène, prête à être jugée par une foule hostile. Je n'étais pas à l'abri, même ici. Un murmure se fit entendre, juste assez fort pour que je l'entende, juste assez cruel pour que je sente le sol se dérober sous mes pieds.

— Attention, la cinglée arrive, glissa une voix, accompagné de quelques ricanements étouffés.

Et dire que la journée ne faisait que commencer. J'avais envie de faire demi-tour, de m'enfuir loin de cet endroit où chaque regard était un jugement, chaque parole un coup de poignard. Mais je n'avais nulle part où aller. Alors, je pris une grande inspiration et entrai dans la classe, les épaules légèrement voûtées, tentant de rendre mon existence aussi invisible que possible.

— Silence tout le monde, et mettez-vous par duo, ordonna la professeure en entrant. Ceux que j'ai formés il y a quelques semaines.

Ces mots résonnèrent en moi comme une sentence. Ces duos maudits... Mon regard se porta sur Hayden, mon binôme, celui qui avait été à l'origine de tant de mes souffrances. Il se tenait là, à l'autre bout de la classe, sans un mot, sans un regard. Comme s'il était aussi étranger à tout ça que n'importe qui d'autre.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant