L'ombre du Parapluie

Chapitre 57

PDV : Hayden

Il se tourna vers moi, un sourire narquois se dessinant sur ses lèvres. Il me dévisagea, visiblement amusé par mon interruption.

— Ouais, et alors ? répondit-il d'un ton désinvolte. Qu'est-ce que ça peut te faire ?

Mon poing se serra. La jalousie, la colère, tout montait en moi, mais je devais garder mon calme. Je le fixai, mes yeux rivés dans les siens.

— C'est quoi ton truc avec elle, hein ? Vous êtes proches, c'est ça ? demandai-je, ma voix se faisant plus dure.

Il éclata de rire, comme si ma question était la chose la plus ridicule qu'il ait jamais entendue.

— Détends-toi, mec. Maya fait ce qu'elle veut, elle a pas besoin de ton autorisation. Si t'as un problème avec ça, c'est ton souci, pas le mien. Et puis toi t'es qui ?

— Je suis...

C'est vrai qui j'étais ? Qui j'étais pour Maya ?

Je restai figé. Son mépris me frappait de plein fouet, et je me sentis encore plus perdu. Ce type ne faisait que me rappeler à quel point Maya m'échappait. Avant que je ne réponde, il me tourna le dos, éclatant une nouvelle fois de rire.

Je le regardai s'éloigner, un nœud dans la gorge. La soirée continuait autour de moi, mais tout me semblait flou, irréel.

Alors que je restais planté là, encore secoué par ma rencontre avec le type de Maya, Elisa s'approcha de moi. Elle avait ce regard inquiet, celui qu'elle réservait quand quelque chose la préoccupait vraiment.

— Hayden, ça va ? demanda-t-elle doucement, en posant sa main sur mon bras.

Je haussai les épaules, essayant de paraître détendu, mais mon esprit était ailleurs.

— Ouais, ouais... juste un peu fatigué, c'est tout. D'ailleurs, je pense que je vais rentrer.

Elle me fixa un instant, comme si elle savait que je ne disais pas toute la vérité, puis elle hésita avant de prendre une grande inspiration.

— Je voulais te parler... de quelque chose d'important, dit-elle, en baissant légèrement la voix. Si tu veux, on peut rentrer ensemble, je te dirait ce que j'ai à te dire en route.

Je la suivis sans trop y penser, juste pour sortir de cet endroit bruyant. On s'éloigna un peu de la fête, trouvant un coin tranquille sous un arbre dans le jardin. Là, la musique était atténuée, presque lointaine. Je pouvais sentir l'atmosphère changer autour de nous, plus intime, plus lourde.

Elisa se tourna vers moi, les yeux brillants d'une nervosité qu'elle peinait à dissimuler. Elle prit une profonde inspiration avant de se lancer.

— Hayden, ça fait un moment que je veux te dire ça... Je... je t'aime bien. Enfin, je crois que je t'aime vraiment, confessa-t-elle, son visage se teintant de rouge alors que ses mots flottaient dans l'air.

Je clignai des yeux, surpris, mais mon esprit s'égara immédiatement ailleurs. Mon regard venait de capter quelque chose au loin. Maya. Elle sortait d'une supérette en face de la maison, et comme à chaque fois que je la voyais, tout autour de moi sembla s'effacer.

Maya portait un simple pyjama rose, ses cheveux relevés en une queue de cheval. Elle dégageait une aura qui captivait toute mon attention, comme si le monde entier ne tournait plus que pour elle. J'étais fasciné, complètement absorbé.

Elisa continuait de parler, mais je n'entendais plus rien. Mon regard était ancré sur Maya. Elle était là, magnifique, marchant avec cette grâce naturelle, sans même savoir que je l'observais. Mon cœur battait à tout rompre, et je sentais l'envie irrésistible de la rejoindre.

— Hayden... tu m'écoutes ? murmura Elisa, d'une voix douce mais brisée par le doute.

Sans répondre, je fis un pas en avant, puis un autre, me détachant complètement d'elle. Je devais rejoindre Maya. C'était plus fort que moi. Elisa, derrière moi, resta silencieuse, probablement trop choquée pour réagir immédiatement.

Je traversai la rue, mes pas devenant plus rapides à mesure que je me rapprochais de Maya. Mais avant que je ne puisse l'atteindre, elle s'arrêta devant le type que j'avais vu plus tôt. Il la regarda avec un sourire narquois et posa une main sur son épaule. C'était comme un coup de poing en plein ventre.

Mon cœur s'emballa. Je restai figé sur place, incapable de comprendre ce qui se passait. Il lui murmura quelque chose, et Maya rit doucement, comme si tout était normal entre eux. Puis, elle leva les yeux et me vit. Son visage changea aussitôt. Son sourire s'effaça et ses traits se durcirent. Elle me fixait avec un air de... dégoût.

Ce regard, ce mépris soudain dans ses yeux, me bouleversa d'une manière que je n'aurais jamais cru possible. Je sentis un nœud se former dans mon estomac. Le monde autour de moi se mit à tourner, mes pensées se bousculaient dans ma tête. Une vague de nausée monta en moi, incontrôlable.

Je me précipitai vers un coin sombre, le cœur au bord des lèvres, et je vomis. Tout ce que j'avais ressenti, toute la tension, l'envie, la colère, tout sortit de moi avec une violence inattendue. Mes jambes tremblaient tandis que je m'appuyais contre le mur pour reprendre mon souffle.

Quand je relevai la tête, Maya était encore là, mais son expression était devenue froide. Elle ne semblait plus du tout émue par ce qu'elle voyait. Elle n'était ni inquiète, ni surprise. Juste... dégoûtée. Ses yeux disaient tout. Ils me regardaient comme si j'étais un étranger, comme si je n'avais jamais compté.

Je voulais disparaître, m'effacer. Mais tout ce que je pouvais faire, c'était rester là, figé dans mon propre échec, alors que le monde autour de moi continuait de tourner sans moi.

Une chose était claire, j'étais tombé amoureux de Maya.