Chapitre 49

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PDV : Hayden
- Flashback -

En sortant de la chambre de ma grand-mère, j'avais l'impression de traîner des tonnes derrière moi. La lourdeur de la situation m'écrasait, et à peine dans le couloir, j'entendis des voix provenant de la salle des infirmières. Elles discutaient à voix basse, ne réalisant pas que j'étais là, écoutant tout.

— Ils sont bien sympathiques de venir la voir avec le petit, mais pourquoi ils ne l'aident pas à payer les frais médicaux ? dit l'une d'elles.

— Oui, c'est vrai, ils en ont largement les moyens. Mais rien, pas un geste pour ça... continua l'autre.

Leurs mots résonnèrent comme une claque en plein visage. Leurs paroles révélaient une vérité amère que je refusais d'accepter. Elles avaient raison. Les parents d'Amy pouvaient aider ma grand-mère. Ils venaient régulièrement, apportaient des fleurs, des petites douceurs, mais quand il s'agissait de ce qui comptait vraiment, les factures, les soins, ils ne faisaient rien.

Leurs visites étaient comme un baume temporaire sur une plaie béante. Un geste de façade, sans jamais s'attaquer à ce qui rongeait ma grand-mère : le poids des soins médicaux, les frais hospitaliers qui s'accumulaient sans cesse. Ils avaient les moyens de faire plus, beaucoup plus, et pourtant, ils restaient distants, laissant ma famille, laissant moi, porter ce fardeau seul.

Pourquoi personne ne m'aidait quand j'en avais vraiment besoin ?

Je sentis une vague de frustration monter en moi. J'étais là, un pauvre gamin, cherchant à tout prix un moyen de payer les traitements de ma grand-mère, mais tout semblait hors de ma portée. C'était comme si le monde entier me disait que je devais faire face seul à cette montagne, sans soutien. Et pendant ce temps-là, ceux qui avaient les moyens de faire la différence choisissaient de fermer les yeux.

Ce soir-là, en quittant l'hôpital avec Amy et ses parents, j'avais un poids énorme sur le cœur. Je me sentais impuissant, piégé dans une situation dont je ne pouvais pas sortir. Le trajet de retour fut long, étouffant, silencieux. Seul le bruit régulier des roues de la voiture frappant le bitume venait troubler le silence pesant qui régnait à l'intérieur.

Assis à l'arrière avec Amy à mes côtés, je regardais par la fenêtre, mes pensées tournant en boucle. À ce moment-là, je savais que je devais faire quelque chose. Que je ne pouvais plus continuer ainsi, à regarder les factures s'accumuler, à voir ma grand-mère s'affaiblir jour après jour. Il fallait que je trouve un moyen, peu importe lequel.

Le sentiment d'impuissance m'étranglait. C'est à partir de cette soirée que tout a changé.

Lorsque je suis rentré chez moi (chez ma mamie) ce soir-là, le poids du monde sur mes épaules, je pris une grande inspiration avant d'appeler mes parents. Je savais que ce n'était pas le meilleur moment, mais je n'avais plus le choix. Ma grand-mère avait besoin de moi, de nous.

Le téléphone sonna, et quand ma mère décrocha, j'entendis immédiatement l'agitation en arrière-plan.

— Oui, Hayden, qu'est-ce qu'il y a ? dit-elle, sa voix tendue.

— Maman... je voulais vous parler de mamie. Elle a vraiment besoin d'aide pour ses soins. Est-ce que vous pouvez faire quelque chose ? Les factures sont... je n'y arrive plus.

Il y eut un silence à l'autre bout du fil, puis j'entendis mon père murmurer quelque chose.

— Hayden, c'est mort, lâcha-t-elle finalement. L'entreprise est en train de faire faillite. C'est la merde totale ici. On ne peut rien faire pour elle, je suis désolée.

Je restai figé. J'avais toujours su que mes parents n'étaient pas les plus présents, mais là, ils abandonnaient totalement. Ils abandonnaient ma grand-mère. Moi. C'était comme si le sol s'effondrait sous mes pieds. Je ne savais plus vers qui me tourner.

Le lendemain matin, je me levai mécaniquement, enfilant mon sac pour aller en cours. Mon esprit flottait ailleurs, englué dans un brouillard de frustration et de désespoir. Je ne pouvais m'empêcher de repenser à cette conversation, à cette vérité cruelle : j'étais seul.

Quand Amy s'approcha de moi à la sortie des cours, je sentis une tension que je n'arrivais plus à ignorer.

— Hayden, on rentre ensemble ce soir ? demanda-t-elle avec ce sourire habituel, celui qui autrefois me réchauffait.

Je la regardai à peine, hésitant un instant, pesant mes mots.

— Non, pas cette fois-ci. La prochaine fois, peut-être.

Son visage se décomposa légèrement, gênée par ce refus inhabituel.

— D'accord... murmura-t-elle en baissant les yeux.

Je ne pouvais pas lui expliquer ce qui se passait dans ma tête. La vérité, c'est qu'Amy, et tout le reste, me fatiguait. Ses sourires, ses questions... même sa présence commençait à me peser. Le poids de mes problèmes dépassait tout le reste.

Les jours se succédèrent sans que je ne m'en rende compte. Puis les semaines, les mois... et même les années. Petit à petit, je me suis éloigné d'Amy. Ce qui autrefois était une amitié pleine de complicité et de rires se réduisait désormais à de simples salutations, à des regards fuyants dans les couloirs. Mon sourire devint rare, mes paroles étaient froides. Je n'avais plus le cœur à quoi que ce soit.

Tout m'agaçait. Ma vie m'agaçait. Et je ne savais plus comment m'en sortir. Amy méritait mieux, mais à ce moment-là, je ne pouvais pas être celui qu'elle connaissait.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant