Chapitre 6

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PDV : Maya

— Tu me rappelles quelqu'un, avait-elle dit doucement, presque en chuchotant.

— Qui ça ? avais-je demandé, intriguée.

— Un ami d'enfance, répondit-elle, ses yeux se perdant dans le vide. Lui aussi, il était différent. Mais pas dans le mauvais sens. C'était comme si il voyait le monde avec des yeux plus clairs, plus honnêtes. C'est ce que je ressens avec toi, Maya. Toi aussi, tu as ce regard...

Elle n'en avait jamais dit plus sur cette mystérieux ami, mais à partir de ce jour-là, je savais que notre lien était spécial, forgé dans quelque chose de plus profond que le simple fait de se connaître. C'était comme si, à travers moi, Amy retrouvait une partie de son passé, une amitié qu'elle avait perdue et qu'elle chérissait encore.

Et maintenant, cette lumière dans ma vie s'était éteinte. Le monde semblait soudainement plus sombre, plus froid sans elle. Comment continuer sans celle qui m'avait appris à marcher dans la tempête, celle qui avait partagé avec moi ce parapluie, ce symbole de protection et d'amitié ?

Je serrai les poings, les larmes coulant sans fin sur mes joues. Elle m'avait rappelé quelqu'un, avait-elle dit. Mais qui me la rappellerait, elle, maintenant qu'elle était partie ?

Revenons au présent :

— Maya, lève-toi tout de suite ! Tu vas être en retard ! Manon a préparé le petit déjeuner, alors dépêche-toi ! S'exclama mon père.

Je pousse un soupir d'exaspération tout en roulant des yeux, sa voix extrêmement aiguë à l'entendre dès le matin me dérangeait déjà.

— C'est bon, c'est bon, je me lève. Dis-je finalement.

Mon père, est ce genre de personne préoccupée par la ponctualité, tellement que la actuellement, il était clairement entrain de m'envoyer des regard plain d'impatience, de plus une de ses main était sur sa hanche et l'un de ses pied tapait contre le sol montrant qu'il commençait vraiment à s'impatienter.

— Non, mais sérieusement, je n'arrive pas à y croire. Tu t'es encore endormie avec cette maudite veste. Laisse-la partir, bon sang ! Ça fait six ans qu'elle est morte, et à chaque fois, tu te cramponnes à cette veste. Accepte enfin qu'elle n'est plus là.

Et voilà qu'encore il abordait ce sujet et comment expliquer que je commençais à en avoir assez, il n'avait pas le droit de me dire toutes ces choses qui pour moi étaient insupportables a entendre, je n'étais tout simplement pas prête à accepter sa perte et c'est comme ça.

— Mais...mais, c'est elle-même qui me l'a offerte parce que j'avais froid, dis-je calmement.

Cela fait six ans que j'habite avec le fantôme de ma mère décédée... peut-être suis-je moi-même une simple fantôme.

— Tu me fatigues, ta mère est morte ! Morte enterrée sous terre est-ce que tu comprends ?! Tu te perds dans tes illusions, alors réveille-toi. Oublie-la, elle fait partie du passé maintenant. Et d'ailleurs, donne-moi cette veste !

Il me la retire brusquement du dos et moi, surpris, je ne peux m'empêcher de dire :

— Qu'est-ce que tu comptes en faire ?

— À ton avis, je vais la jeter évidemment, il me répond d'un ton sévère.

— Non, s'il te plaît. Tu ne peux pas faire ça, c'est la seule chose qu'il me reste d'elle ?! Suppliai-je en retenant mes larmes.

— Ça suffit ! Oublie cette femme. Elle a déjà assez ruiné ma vie. Heureusement qu'il ne reste plus rien d'elle. Ça sera bénéfique pour tout le monde.

Et je fus abasourdi , il n'avait pas le pouvoir de faire ça ! Il ne pouvait pas me contraindre à l'effacer de ma mémoire. "Cette femme", comme il l'appelle si bien, est tout de même ma mère, celle qui m'a donné naissance, m'a comblée d'amour et s'est occupée de moi. Pendant que lui était absent !

Je remarquai dans ses yeux qu'il était déterminé à ne pas me rendre la dernière chose qui me restait de ma mère. Je serrai les lèvres et me dirigeai vers la salle de bain. Mes mains frappèrent contre le rebord du lavabo pendant que ma tête s'inclinait juste au-dessus.

Mes larmes coulaient sur mes joues, un mélange de colère envers mon père et de tristesse à l'idée que je n'aurais plus rien qui me rappellerait ma mère. Un sanglot s'échappa de mes lèvres et je relevai la tête en me regardant dans le miroir. Ma peau avait perdu toute sa vitalité d'autrefois, même mon sourire je l'avais perdu. Est-ce que je le retrouverai un jour ?

Je soupirais de lassitude et essuyais mes larmes avant de me diriger vers la salle de bain. Dès que l'eau entra en contact avec ma peau, mes muscles fatigués se réveillèrent et mes larmes recommencèrent à couler. C'était automatique, je n'arrivais pas à les maîtriser.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant