Chapitre 10

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PDV : Maya

Une fois de plus, nous voici de retour au point de départ, dans le cabinet de la psychologue je détestais tellement venir ici, j'étais mal à l'aise et je me sentais étouffé ici.

Trente minutes, cela faisait une demi-heure que j'étais là, installée sur une chaise, les bras croisés sur la table, le menton appuyé sur le dos de ma main. La psychologue que je voyais régulièrement depuis un certain temps m'avait demandé de me sentir aussi à l'aise que possible. Les yeux fixés sur la table, anxieusement, je me mis à agiter frénétiquement mes pieds.

— Mademoiselle Devis, cela fait maintenant plusieurs années que vous assistez à mes rendez-vous, mais vous ne partagez presque aucune information. Si vous ne vous exprimez pas, comment puis-je vous aider si vous ne communiquez pas ?

Et je serrai simplement les lèvres, je savais qu'elle souhaitait m'aider, mais parler était bien trop ardu pour moi. Elle n'avait pas tort et pourtant cela fait quatre ans que je reste là, à ne rien dire, à rester muette, et me contenter de réponse simples et vague.

— Je suis désolé... je déclare finalement.

Elle pousse un soupir et se recule complètement contre le dossier de son fauteuil.

— Ne te excuse pas, tu n'es certainement pas encore prête. Elle conclut.

Étrangement, c'était la première fois qu'elle utilisait le tutoiement avec moi, peut-être que c'était l'une de ses stratégies pour essayer de se rapprocher davantage de moi afin que je lui révèle enfin tout.

— Oui, c'est exactement ça. Je m'empresse de dire.

— Est ce que...prendre un nouveau départ te rassure depuis ces trois ans ?

— Je ne sais pas.

— Tu as été amenée à rencontrer des nouvelles fréquentations, durant ces quatre ans, ça a pu te faire énormément de bien. Qu'en penses-tu ?

— Oui sûrement, enfin je ne sais pas.

— Que dirais-tu de me parler de ta mère ? Ou de ta défunte amie ? Penses-tu vraiment qu'elles seraient heureuses de te voir comme ça ?

— Je ne sais pas...

— Est-ce que tu sais pourquoi tu viens me voir chaque mardi matin ?

— Non.

— L'accumulation mentale. Sais-tu ce que c'est ?Me demanda-t-elle d'une voix douce.

— Non, je ne sais pas... Répondis-je timidement.

Elle prit une profonde inspiration avant de poursuivre.

— L'accumulation mentale est le fait de stocker des pensées, des émotions ou des souvenirs sans pouvoir les libérer. Cela peut être un fardeau émotionnel qui pèse sur une personne, l'empêchant de se concentrer sur le présent et de profiter de la vie. Cela peut causer de l'anxiété, de la dépression et de la frustration. Il est important de trouver des moyens de se libérer de cette accumulation mentale pour améliorer sa santé mentale et son bien-être. Elle peut se manifester de différentes manières. Cela peut être le résultat d'un traumatisme, d'une perte, d'une relation difficile ou d'un stress chronique. Les personnes qui accumulent mentalement peuvent avoir des difficultés à dormir, à se concentrer et à prendre des décisions. Ils peuvent également se sentir déconnectés des autres et de leurs émotions.

— Pensez-vous que je puisse être victime de cela ? Osai-je demander.

— Pour être honnête avec toi, Maya, oui. Répondit-elle avec franchise. Que dirais-tu d'écrire ou de méditer ? Ces pratiques peuvent t'aider à guérir cette accumulation. Ou bien, parler avec moi ? Pourrais-tu me parler de ta mère, par exemple, et de votre relation ?

— Non, je n'est pas envie d'en parler. Balbutiai-je.

— Je comprends, je ne vais pas te forcer la main. Mais tu sais, quoi qu'on fasse, on ne peut pas revenir en arrière. Peu importe que tu aies été heureuse ou pas. Le passé c'est le passé. Enfin bon, tu peux y aller.

C'est vrai qu'elle n'a pas tort, quoi que je dise ou que je fasse, rien ne changera.
Car le passé c'est le passé.

Je saisis mon sac et ma veste, et me vêtis de cette dernière avant de quitter cette salle étouffante. Je rabats ma capuche sur la tête et commence à dévaler les escaliers.

Quelques minutes plus tard, j'arrivai au lycée. Ce lieu qui avait troublé mon sommeil cette nuit... à cause de cet individu dont je connaissais à peine le nom. La seule chose qui reste ancrée en moi est son visage, une image que je ne pourrai jamais effacer. Tel un spectre insaisissable, ce visage hante ma vie, gravé à jamais dans les recoins les plus sombres de mon esprit.

Et pourquoi ?

Parce que je suis incapable d'oublier cette nuit, celle où mon amie a rendu son dernier souffle sous mes yeux. Cette nuit-là qui permet à ce type de prendre un tel contrôle sur mes émotions, de m'enchaîner à lui d'une façon dévorante.

Qu'il soit présent ou non, il exerce toujours une emprise sur moi. Je ne suis plus qu'une marionnette impuissante, privée de son armure et de son bouclier. Face à lui, je suis dépourvu de tout, mes propres membres se refusant à obéir à ma volonté.

Il se tient juste en face de moi, et chaque respiration est un défi que j'ose à peine relever.

Il se penche vers moi et me chuchota à l'oreille. Ses paroles étaient à peine audibles, mais me firent frissonner jusqu'au plus profond de mon être.

— Pourquoi as-tu peur de moi ? Murmura-t-il d'une voix rauque.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant