L'ombre du Parapluie

Chapitre 44

PDV : Maya

Je n'avais rien trouvé. Aucun indice, aucune preuve. Rien qui puisse relier Hayden à la mort d'Amy. Mon obsession, ma quête pour découvrir la vérité, semblait se terminer dans le vide, laissant derrière elle un goût amer de désillusion. Tout ce temps passé à traquer une ombre, à chercher des réponses là où peut-être il n'y en avait jamais eu... Et si, depuis le début, j'avais simplement projeté mes propres peurs et mes propres failles sur lui ? Une part de moi, cette voix insidieuse, me murmurait que j'étais allée trop loin, que j'avais tout imaginé. Que j'étais... folle.

Je m'apprêtais à quitter la pièce, mon cœur lourd et mes pensées en désordre, quand la voix de Hayden brisa le silence.

— Qu'est-ce que tu fais, Maya ?

Je me figeai, sursautant légèrement. Il était là, debout dans l'ombre de sa chambre, sa silhouette vacillante à cause de la fièvre. Ses yeux, ternes et fatigués, me fixaient avec une intensité qui me fit frissonner

— Hein, rien, répondis-je en sursautant, prise au dépourvu. Je crois que je ferais mieux de rentrer...

Je fis un pas vers la porte, mais Hayden me devança, se redressant malgré sa faiblesse. Il se plaça devant moi, bloquant le passage.

— Attends, Maya !

Sa voix tremblait, mais ce n'était pas seulement la maladie qui le rendait fragile. Il y avait autre chose dans son ton, quelque chose de plus profond, plus sombre. Je sentis une tension s'installer, comme si quelque chose d'irréversible allait se produire.

— Quoi ? demandai-je, mon souffle court, évitant toujours ses yeux

Il me fixait avec une intensité qui me mettait mal à l'aise, et d'un coup, son expression changea. Ce n'était plus la gêne ni la confusion que je voyais sur son visage, mais quelque chose de plus grave, presque accusateur.

— Tu étais en train de fouiller dans mes affaires, n'est-ce pas ?

Sa question tomba comme une pierre dans l'eau calme. Je restai muette, mon esprit cherchant une échappatoire, une excuse, mais il n'y en avait pas. Lentement, il s'avança, réduisant la distance entre nous, sa voix devenant plus dure, presque accusatrice.

— Tu continues à penser que je suis responsable de la mort d'Amy, pas vrai ? Que je l'ai tuée ? Ne mens pas !

Je tentai de parler, mais aucun son ne sortit de ma bouche. L'air dans la pièce semblait devenir plus lourd, plus étouffant, alors que je me trouvais face à lui, démasquée. Mon cœur battait trop fort, ma respiration se faisait plus rapide, et je sentis mes jambes trembler sous le poids de sa présence.

— Maya tu comptes rester silencieuse encore combien de temps ? Allez, réponds-moi.

Je fis un effort pour parler, mais ma voix se brisa avant même de pouvoir former une phrase cohérente.

— Je... Je ne sais pas de quoi tu parles... tentai-je de répondre, la voix brisée par la panique.

Il secoua la tête, une tristesse infinie dans les yeux. Puis, d'un geste las, il passa une main sur son visage, épuisé par cette lutte invisible que nous menions depuis trop longtemps.

— Arrête, Maya, soupira-t-il. Je t'ai vue fouiller dans mes affaires. Je ne suis pas stupide. Tu penses vraiment que je pourrais être impliqué dans quelque chose d'aussi horrible ? Malgré tout le temps qu'on a passé ensemble ?!

Sa voix, bien que faible, portait une douleur que je n'avais pas encore perçue. Il était blessé, non seulement par mes soupçons, mais aussi par cette distance que j'avais mise entre nous.

— Sur la photo l'autre fois que j'ai brisée c'était Amy... avoue le, la fille avait le même grain de beauté sur la joue droite que elle. chuchotai-je, presque suppliant.

Il resta silencieux, l'air dévasté. Ses yeux, normalement si pleins de vie, semblaient éteints, ternis par quelque chose de plus profond que la simple maladie. Et soudain, sans prévenir, il explosa.

— Donc tout ce qui s'est passé entre nous ne signifiait rien pour toi ! Tu ne m'as jamais considéré comme un ami... dans tes yeux je n'étais qu'un simple monstre hein ?!

— Si je t'ai considéré comme un ami ? Non jamais.

— Mais bon sang, Maya ! Tu ne vois pas que c'est que cette obsession te détruit !

— Peut-être mais c'est un mal pour un bien... j'ai besoin de savoir qui lui a fait ça ! lançai-je, ma voix se brisant sous le poids des émotions.

— Maya, reprit-il d'une voix plus douce, je ne t'ai jamais fait de mal. Ni à Amy. Je te le jure. Je sais que tu cherches des réponses, et tu as le droit de le faire. Mais tu te trompes de cible. Je ne suis pas ton ennemi.

— Si ce n'est pas toi... alors qui, Hayden ?

Hayden me regarda longuement, l'air abattu. Il s'approcha, jusqu'à ce que son visage soit à quelques centimètres du mien. Je pouvais sentir sa respiration haletante contre ma peau, et son regard intense ne quittait pas le mien. Il y avait quelque chose de toxique dans cet instant, quelque chose qui nous liait et nous déchirait à la fois.

— Je ne sais pas, Maya. Mais ce que je sais, c'est que continuer à me suspecter te détruit. Et ça me détruit aussi.

Hayden coupa le silence, brisant le moment suspendu qui pesait entre nous. Sa voix était faible, à cause de la fièvre, mais il semblait déterminé à continuer, comme s'il avait encore des choses à dire, des vérités à révéler.