Chapitre 22

31 2 3
                                    


PDV : Maya

Je m'étais réfugiée dans ma chambre depuis plusieurs jours, allongée sur mon lit, enroulée dans mes couvertures comme dans un cocon protecteur. La lumière du jour filtrait à peine à travers les rideaux fermés, créant une pénombre apaisante. Les heures se fondaient en une masse indistincte de temps qui passait sans que je m'en aperçoive. La seule constante était le silence lourd qui emplissait la pièce, interrompu uniquement par le bruit de mes propres pensées tourmentées.

C'est dans cette ambiance morose que la porte de ma chambre s'ouvrit doucement. Manon entra, ses pas légers et hésitants. Elle s'approcha de mon lit et s'assit à côté de moi, ses mains posées délicatement sur la couverture qui me recouvrait.

— Ma puce... murmura-t-elle d'une voix douce, presque suppliante. Tu sais, tu ne peux pas rester éternellement enfermée dans ta chambre. Il faut que tu manges au moins un petit peu... qu'est-ce qui ne va pas en ce moment ? Tu peux me parler, je suis là pour toi.

Je restai silencieuse, fixant un point imaginaire sur le mur en face de moi. Ses mots résonnaient dans l'air, mais je n'avais pas la force de répondre. Manon cherchait à m'aider, je le savais, mais à cet instant, tout ce que je voulais, c'était rester dans ma bulle, loin de tout et de tous.

Sentant mon absence de réaction, Manon poussa un léger soupir. Elle passa doucement sa main sur mon épaule, une tentative réconfortante qui ne fit que souligner mon état de détresse. Elle s'apprêtait à insister, à essayer de percer ma carapace de silence, lorsqu'une voix grave et autoritaire retentit depuis le couloir.

— Manon, laisse-la tranquille, intervint mon père d'un ton ferme. Ton plat est dans le frigo, Maya, si tu veux manger.

Il n'y avait ni douceur ni empathie dans sa voix, juste une lassitude palpable. Pour une fois, cependant, il avait pris la bonne décision. Il m'offrait l'espace dont j'avais désespérément besoin. Manon se leva lentement, jetant un dernier regard inquiet dans ma direction, avant de quitter la chambre.

— D'accord, mais n'oublie pas que je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit, ajouta-t-elle doucement avant de refermer la porte derrière elle.

Alors que je restais allongée dans mon lit, le visage enfoui dans l'oreiller, des bribes de conversation me parvinrent à travers la porte légèrement entrouverte. Manon et mon père discutaient dans le couloir, leurs voix à peine audibles, mais suffisamment claires pour que je saisisse l'essentiel de leurs échanges.

— Il faut qu'elle retourne à l'école, disait Manon avec insistance, sa voix empreinte d'inquiétude. Je ne pense pas que ce soit sain pour elle de rester enfermée ici tout le temps. Peut-être devrions-nous envisager de la scolariser à la maison, au moins pour un temps, jusqu'à ce qu'elle aille mieux.

— Qu'elle aille à l'école ou non, je m'en fiche, répondit mon père avec une froide indifférence. Et pour l'école à la maison, c'est hors de question. Elle reste déjà enfermée ici tout le temps, alors c'est bon. Je ne veux pas qu'elle devienne encore plus repliée sur elle-même.

Un silence tendu suivit ses paroles, et je sentis un poids supplémentaire s'ajouter à ma poitrine. Manon essayait vraiment de m'aider, je le voyais bien. Elle voulait trouver une solution, un moyen de me sortir de cet état, mais mon père, lui, en avait marre de moi. Pour lui, c'était comme si je n'étais qu'un fardeau de plus, une source de problèmes à gérer plutôt qu'une fille à comprendre.

Leurs voix s'éloignèrent progressivement, me laissant seule dans le silence de ma chambre. Les larmes que j'avais réussi à contenir coulèrent à nouveau. Ce que je venais d'entendre ne faisait que confirmer ce que je ressentais depuis longtemps : mon père ne comprenait pas, non pire, il ne voulait pas comprendre.

Je me recroquevillai davantage sous ma couverture, tentant de me protéger des sentiments de rejet et de solitude qui m'envahissaient. Manon avait raison : je ne pouvais pas rester enfermée ici pour toujours. Mais l'idée de retourner à l'école, d'affronter à nouveau les regards, les moqueries, les chuchotements... c'était plus que je ne pouvais supporter.

Pour l'instant, ma chambre était mon seul refuge, le seul endroit où je pouvais laisser tomber le masque et être moi-même, avec toutes mes peurs et mes faiblesses. Mais même ce refuge semblait de plus en plus fragile, à mesure que l'incompréhension et l'indifférence des autres s'infiltraient dans ma vie.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant