Chapitre 47

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PDV : Hayden

Le week-end venait de commencer, mais je n'étais pas d'attaque. La maladie m'avait complètement épuisé, et ma tête était encore lourde, comme enfouie dans du coton. J'étais censé travailler, avancer sur les projets de cours ou peut-être même rattraper le temps perdu... mais j'en étais incapable. Je restais là, allongé sur mon lit, fixant le plafond comme si j'allais y trouver une réponse à mes problèmes.

Tout me semblait flou. Pas seulement à cause de la fièvre, mais à cause de ce qui s'était passé avec Maya. Les souvenirs de cette soirée tournaient en boucle dans ma tête, et je ne pouvais m'empêcher de sentir une énorme vague de honte m'envahir à chaque fois que je repensais à mes paroles. Qu'est-ce qui m'avait pris ? Entre la fatigue et la maladie, j'avais dit des choses que je n'aurais jamais dû dire. Des choses personnelles, trop personnelles...

Je n'aurais pas dû lui parler de ma jalousie, ni de mes sentiments, et encore moins l'écraser comme je l'ai fait, littéralement et émotionnellement. La vérité, c'est que Maya avait déjà assez de problèmes comme ça, et moi, je venais d'ajouter une couche supplémentaire. Quelle connerie.

Je me redressai péniblement dans mon lit, les pensées lourdes et le corps encore plus. Chaque seconde qui passait me faisait regretter d'avoir parlé. J'avais l'impression d'avoir détruit une relation qui, jusqu'alors, restait stable malgré tout. Peut-être même que je l'avais effrayée... Pourquoi est-ce que je m'étais laissé aller comme ça ? J'avais dit trop de choses, et fait des gestes déplacés. Ce moment où j'étais tombé sur elle, incapable de me relever...

Je me levai difficilement et me dirigeai vers la salle de bain, me regardant dans le miroir. Mon reflet me renvoya l'image d'un type paumé, fatigué, mais surtout honteux. Mes yeux étaient cernés, mes cheveux en désordre, et je me demandais si j'avais déjà eu l'air aussi misérable.

— Putain, murmurai-je à moi-même.

Je savais que je devais m'excuser. Mais comment ? Est-ce que ce n'était pas trop tard ? Je n'avais même pas le courage de la revoir, pas après ce que j'avais fait.

Je soupirai profondément, me massant les tempes. Il fallait que je trouve une solution. Mais pour l'instant, je n'avais même pas l'énergie de réfléchir correctement. Le mieux, c'était peut-être de me reposer un peu plus.

Mais je n'arrivais pas à me sentir mieux dans cette maison trop silencieuse, comme si chaque mur étouffait mes pensées, mes peurs. Alors, je m'habillai en vitesse et sortis, incapable de rester là une minute de plus. Sans trop y réfléchir, mes pas me guidèrent devant la maison de ma grand-mère.

Cette maison... c'était pour elle que j'avais tout enduré, tout supporté. C'était pour elle que j'étais revenu. Chaque coin de cette vieille demeure renfermait des souvenirs de mon enfance, des moments passés avec elle. C'est là que je m'étais réfugié tant de fois, que j'avais ri, pleuré, grandi. Et maintenant, cette maison était tout ce qui me restait d'elle.

Quand j'entrai, le silence m'enveloppa, mais ce n'était pas le même silence oppressant que dans la maison de mes parents. Ici, il était doux, rassurant, comme un murmure apaisant. C'était le seul endroit où je me sentais encore en sécurité, où le temps semblait s'être arrêté. Ce silence-là, je l'aimais.

Mes parents avaient voulu la détruire, la vendre. Ils disaient que ça ne servait à rien de la garder, que c'était juste une vieille bâtisse pleine de poussière. Mais pour moi, c'était bien plus. C'était tout ce qui me reliait à ma grand-mère, à mon passé, à des moments où les choses étaient encore simples, où le monde ne semblait pas si cruel.

Le seul moyen de les en empêcher, c'était de revenir.

Ici... dans la ville, où j'ai commis un crime. 

Pour cette maison. Pour ces souvenirs. Parce qu'ils sont tout ce qu'il me reste de ce que j'étais, de qui j'étais avant que tout ne change.

Je m'endormi dans le vieux fauteuil du salon, bercé par le silence de la maison. Peu à peu, je sombra dans un sommeil lourd, où des souvenirs enfouis remontèrent à la surface. Dans mon rêve, je revoyais plus jeune, un adolescent, rendant visite à sa grand-mère à l'hôpital.

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant