PDV : Hayden
- Flashback -En quittant l'hôpital ce jour-là, je me sentais encore plus vide qu'à l'accoutumée. Ma grand-mère avait fait une crise cardiaque cette nuit-là. Les médecins m'avaient prévenu qu'elle était de plus en plus faible, mais je n'étais jamais prêt à l'entendre. Quand je suis arrivé à sa chambre, la vision de son corps affaibli branché à encore plus de machines que d'habitude m'a déchiré. Elle ne parlait plus, ne me répondait même plus, et chaque respiration semblait être une lutte. Je m'étais assis à côté d'elle, la prenant doucement par la main, mais au fond de moi, je savais que son temps était compté.
Les médecins avaient parlé de traitements coûteux, encore plus de médicaments. Des mots que je ne comprenais plus, tout ce que je voyais, c'était cette salle, ce silence et cette impression d'impuissance qui m'écrasait. Quand je suis sorti de l'hôpital, c'était comme si tout le poids du monde s'était abattu sur mes épaules.
C'est là que j'ai su que je n'avais pas le luxe de réfléchir à un autre chemin. Marco m'avait promis de l'aide, et maintenant, je devais l'honorer.
Je me rendais habituellement dans ce vieux terrain vague où les autres du gang traînaient. C'était un endroit reculé, caché entre deux bâtiments abandonnés, où personne ne viendrait chercher des ennuis. C'est là que les affaires du gang se déroulaient : livraison de petits paquets, négociation de dettes, et quelques échanges que je préférais ne pas trop questionner. À mes débuts, je restais en retrait, me contentant de petites tâches, mais peu à peu, Marco m'avait intégré plus profondément. Les autres gars étaient des types comme moi, paumés, sans autre option. Certains étaient violents, d'autres plus rusés. Moi, je faisais ce qu'il fallait pour rester en dehors des histoires trop sanglantes. Mais je savais que si je continuais, je finirais par y être englouti.
C'est alors qu'Amy est apparue.
— Hayden ! appela-t-elle, tentant de garder sa voix ferme malgré la nervosité évidente.
Je me suis retourné, surpris de la voir ici. Les deux gars avec qui j'étais ont immédiatement cessé de parler, me lançant des regards méfiants, comme si elle n'avait rien à faire là.
— Qu'est-ce que tu fais ici, toi ? grogna l'un d'eux, un sourire narquois se dessinant sur son visage.
Je savais qu'ils allaient la prendre pour une menace, ou pire, se méfier d'elle. Amy, dans ce monde, c'était une étrangère, une fille qui n'avait jamais eu besoin de vivre dans les mêmes galères que nous.
— Je veux juste parler à Hayden, répondit-elle avec une assurance qu'elle essayait de maintenir.
— On n'a rien à se dire, lançai-je, sans oser la regarder. Je ne voulais pas qu'elle soit mêlée à ça.
— Hayden, s'il te plaît, juste cinq minutes, insista Amy.
Je soupirai, irrité, mais surtout conscient du danger de sa présence ici. Je fis un signe aux gars de s'éloigner. Ils reculèrent à contrecœur, lançant des regards noirs à Amy avant de partir un peu plus loin. Leurs visages restaient marqués de suspicion, mais pour le moment, ils ne diraient rien.
Je me tournai vers Amy, ma voix plus dure que je ne l'avais jamais voulu.
— Qu'est-ce que tu veux ? lâchai-je froidement.
Elle me regarda avec ces yeux pleins de détermination que j'avais appris à connaître, et aussi à redouter.
— Je veux que tu sortes de tout ça, Hayden. Ce n'est pas toi, ce n'est pas la vie que tu voulais.
Ses mots me frappèrent, mais je les repoussai aussi vite. Elle ne comprenait rien à la réalité que je vivais.
— Tu ne comprends rien, rétorquai-je sèchement. Ce n'est pas aussi simple. Tu penses que je peux juste partir comme ça ?
— Si, tu peux ! Tu es plus fort que ça. Ce gang, ces gens, ce n'est pas toi. Tu n'es pas obligé de rester ici. Reviens à l'école, recommence à zéro. Je suis prête à t'aider !
Je ris, un rire amer et sans joie. Elle ne voyait pas le gouffre qui s'était ouvert sous mes pieds. Pour elle, tout semblait si facile.
— T'aider ? Toi ? Je suis déjà trop loin pour ça, Amy. La vie, ce n'est pas juste l'école, les amis, et des goûters préparés par maman. Réveille-toi. C'est fini pour moi, y a plus de retour en arrière.
Elle secoua la tête, refusant de baisser les bras.
— Ce n'est pas une raison pour te détruire ! Tu te perds, Hayden. Arrête avant qu'il ne soit trop tard.
Je serrai les poings, la colère montant en moi.
— Trop tard pour quoi ? Tu penses que je peux juste m'en sortir comme ça ? Ces gars-là, c'est tout ce que j'ai maintenant. Quand ma grand-mère était malade, quand j'avais besoin de quelqu'un, tu crois qu'il y avait quelqu'un pour moi ? Non, ils étaient là, eux. Et toi, t'étais où ?
Amy baissa les yeux, sa voix se faisant plus tremblante.
— J'étais là, Hayden. J'ai essayé, mais tu m'as repoussé. Je n'ai jamais cessé de m'inquiéter pour toi.
Son désespoir me toucha, mais je refusais de céder.
— C'est trop facile de dire ça maintenant, mais t'étais pas là quand il fallait. Maintenant, c'est trop tard.
Elle leva les yeux vers moi, des larmes commençant à couler sur ses joues.
— Je suis désolée. Je veux être là maintenant. S'il te plaît, ne laisse pas tout ça te détruire.
Je détournais le regard, incapable de supporter la peine dans ses yeux.
— C'est fini, Amy. Tu ferais mieux de partir. Il n'y a plus rien pour toi ici, et je ne veux pas que tu sois mêlée à ça.
Elle resta silencieuse un moment, réalisant que mes mots étaient définitifs. Puis, lentement, elle recula avant de tourner les talons et de disparaître dans la nuit.
Je la regardai partir, le cœur serré, sachant que j'avais pris la seule décision possible. Mais en même temps, une partie de moi savait que j'avais perdu quelque chose d'irremplaçable.
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L'ombre du Parapluie
RomanceMaya menait une existence terne, essayant tant bien que mal de naviguer dans une vie qui semblait n'avoir aucun sens. Jusqu'au jour où tout bascula. Sa meilleure amie, Amy, la seule lumière dans son monde obscur, fut brutalement arrachée à elle, ass...