L'ombre du Parapluie

Chapitre 35

PDV : Hayden

À la fin des cours, je rejoignis Maya près de son casier, comme nous l'avions prévu pour terminer notre projet. Elle semblait nerveuse, ses doigts tapotant nerveusement contre la porte métallique.

— Hé, Maya, prête pour une autre séance de travail ? demandai-je en essayant de paraître détendu.

Elle releva les yeux vers moi, hésitante, puis secoua doucement la tête.

— Je suis désolée, Hayden, je... je peux pas venir ce soir. J'ai quelque chose à régler.

— Quelque chose à régler ? insistai-je, essayant de ne pas paraître trop déçu. On est presque à la fin, tu sais.

Elle baissa les yeux, évitant mon regard.

— Oui, je sais. Mais c'est important, je dois accompagner mon petit frère au dentiste. On pourrait peut-être se voir un autre jour ?

J'acquiesçai, même si je sentais que quelque chose n'allait pas. Maya paraissait encore plus distante que d'habitude, comme si elle portait un poids encore plus lourd que d'habitude.

— D'accord... On se rattrapera plus tard, dis-je en essayant de sourire.

Elle hocha la tête, murmura un "merci" à peine audible, puis s'éloigna rapidement, me laissant là, avec un drôle de sentiment d'inachevé.

Je soupirai et me dirigeai vers la sortie, et je rentra chez moi.

En arrivant chez moi, devant la porte je fouillais machinalement dans mes poches pour trouver mes clés. D'habitude, ma maison était silencieuse, plongé dans une tranquillité morose, mais ce soir-là, en ouvrant la porte, j'entendis des voix.

À ma grande surprise, mes parents étaient dans le salon, assis côte à côte sur le canapé, plongés dans une conversation. Leur présence était si inhabituelle que j'eus un moment de doute, comme si je n'étais pas censé les voir là.

— Hayden, t'es rentré ? fit ma mère en levant les yeux vers moi, un sourire presque désolé aux lèvres.

— Ouais, répondis-je, essayant de cacher mon étonnement. Je ne m'attendais pas à vous voir.

Mon père haussa les épaules, comme s'il s'excusait de leur absence habituelle.

— On a eu une réunion annulée à la dernière minute, alors on est rentrés plus tôt. Comment s'est passée ta journée ? demanda-t-il, dans une tentative de conversation qui, en temps normal, n'aurait même pas eu lieu.

Je déposai mon sac près de la porte, hésitant sur la manière de répondre. La journée avait été tout sauf normale, mais je n'avais pas envie d'entrer dans les détails. Cependant, c'était si rare qu'ils me posent des questions que je me sentis presque obligé de répondre.

— Ça a été... une journée comme les autres, répondis-je vaguement, me dirigeant vers la cuisine pour me servir un verre d'eau.

Ma mère se leva et me rejoignit, ses pas résonnant doucement sur le carrelage.

— Tu as mangé quelque chose ? On a commandé des sushis, il en reste si tu veux.

Je pris un instant pour réfléchir. Les sushis n'étaient pas vraiment mon truc, mais l'idée de partager un repas avec eux, même improvisé, me sembla être une opportunité rare de retrouver ce que j'avais perdue avec ma grand mère.

— Pourquoi pas, dis-je en haussant les épaules.

Je pris une assiette et m'installai avec eux dans le salon.

— Tu as adopté un chat ? Me demanda ma mère.

— Oui je me sentais seul...

— Ah, je vois et comment il s'appelle ?

— Cookie.

— Quel drôle de surnom pour un chat haha.

— C'est mon amie qui m'a aidé à choisir.

Pour une fois, l'atmosphère était détendue, presque chaleureuse. Mon père racontait sa journée au travail, ma mère riait en évoquant une anecdote avec ses collègues. C'était étrange de les voir ainsi, comme une famille normale, sans les tensions habituelles qui marquaient nos rares interactions.

Je réalisai alors que c'était probablement une bonne chose que Maya n'ait pas pu venir ce soir. Si elle avait été là, cette scène n'aurait jamais existé. Ce rare moment de quasi-normalité m'aurait échappé.

Mais même en discutant avec eux, une partie de moi restait ailleurs. Le visage de Maya continuait de me hanter, tout comme son comportement distant. Et puis, il y avait Elisa. Je me rappelai soudain que j'avais promis de la voir après les cours, mais ça m'était complètement sorti de la tête. Une culpabilité sourde commença à se glisser en moi, mais je l'écartai. Tout ça pouvait attendre demain.

Une fois le dîner terminé, mes parents se retirèrent dans leur chambre, me laissant seul dans le salon. Je restai assis un moment, observant le vide laissé par leur départ. L'appartement semblait soudainement retrouver son calme habituel, ce calme qui masquait l'absence de toute véritable relation familiale.

Je finis par me lever et me diriger vers ma chambre, essayant de mettre de l'ordre dans mes pensées. Ce n'était pas la soirée que j'avais prévue, mais peut-être que ce moment passé avec mes parents m'avait fait plus de bien que je ne voulais l'admettre. Une fois dans ma chambre, je m'allongeai sur mon lit, fixant le plafond. Demain serait un autre jour, avec ses propres défis. Pour l'instant, je voulais juste savourer ce bref moment de paix avant que le chaos ne reprenne.