Chapitre 5

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PDV: Maya

Trois ans auparavant.

J'avais encore raté mon bus. Comment avais-je fais ? Je ne sais pas. Combien de fois cette semaine cela m'était-il arrivé ? Je ne sais pas non plus.

Ce n'était pas la première fois que je passais par cette sombre petite ruelle. Jamais en rien ce lieu ne m'avait effrayé, néanmoins ce soir-là, alors que j'y courrai, des hurlements au loin m'arrêtèrent.

Lentement, je m'approchai, prudemment, je me dis qu'attendre au loin serait préférable... Derrière une poubelle accroupie, j'écoute, les cris du garçon et de la fille.

— Ferme la putain ! S'écria le garçon.

— S'il te plait fais pas ça ! Implora la fille.

— Tu ne me laisses pas le choix !

— Tu sais tu n'es pas obligé.

— Silence !! déclare l'agresseur en l'interrompant violemment. Je ne peux pas agir à ma guise, je ne suis pas maître de mes décisions.

Je me hissa légèrement au-dessus de la poubelle, pour apercevoir l'homme agressif pointé une arme sur cette fille... qui était en réalité ma meilleure amie.

Mon cœur battait intensément et mes yeux s'écarquillaient de surprise, au plus profond de moi la panique montait face à cette scène qui se déroulait devant moi, j'ai souhaité agir mais je suis trop impuissante.

— Non... Non... S-tplait fait pas ça...

— Au revoir, Amy... je suis désolé.

Elle pleurait face au canon de l'arme devant son visage, doucement totalement démunie elle se mettait lentement à genoux. Mais le garçon détournait le regard pour appuyer sans regret sur la gâchette, mon amie s'écroula à terre et bientôt elle se vida de son sang.

Je n'avais rien dit, rien fais si ce n'ait expiré un souffle de stupeur.

— Hein...

Surprise par son regard se dirigeant vers moi, bientôt ses pas vinrent avec... Je me cachai à nouveau derrière la poubelle, à ce moment-là sa voix surgit :

— Sors de-là ... Je sais que t'es là... Juste derrière la poubelle... Je ne vais pas te faire du mal... On peut s'expliqu-...

J'allais mourir... juste après mon amie. Il ne voulait pas discuter... Juste avant de tirer sur mon amie, il discutait avec et pourtant elle était morte... Et j'allais finir comme elle.

Les lèvres pincée, un décompte dans la tête, un... deux... trois... Mes jambes se mouvèrent, je courrai... Je fuyais, je trébuchai, la faute à ma maladresse... Nos regards se croisa l'espace d'instant mais je me relève et continua de courir jusqu'à chez moi.

Il n'avait pas l'air d'un assassin mais d'un adolescent comme moi... Et dans son regard, je n'avais rien vu que la dévastation qu'il ressentait face à son propre crime.

Assise derrière la porte de ma maison, seule, je me questionnais... M'avait-il suivi ? Voulait-il me tuer ? Peut-être que non... Il n'avait pas l'air d'un assassin mais d'un adolescent comme moi...

Cette nuit-là, le destin m'a arraché ma meilleure amie sous mes yeux impuissants, comme si un sombre voile s'était abattu sur ma vie.

Les semaine qui suivent, j'étais perdue, je refusais presque toute nourriture, parlait à peine, jusqu'à ce qu'ils découvrent son corps sans vie, abandonné dans cette étroite ruelle. Les médias se sont emparés de l'affaire, relayant l'information dans l'espoir de dénicher le meurtrier. J'ai porté plainte, mais cela n'a rien changé... Comment aurais-je pu leur faire comprendre que j'avais tout vu ? Qui aurait cru en une fille qui a attendu un an avant de parler aux autorités ?

Ma meilleure amie était morte, juste sous mes yeux. Celle qui m'avait toujours soutenue, qui avait été ma lumière dans l'obscurité, n'était plus là. Le vide qu'elle laissait derrière elle était insupportable, déchirant. En un instant, tout mon monde s'était effondré.

Je me souviens encore de notre première rencontre, comme si c'était hier. J'étais nouvelle à l'école, maladroite et terrifiée à l'idée de ne pas m'intégrer. Tout le monde semblait déjà avoir trouvé sa place, et moi, j'étais là, seule, me demandant si je finirais par rester une étrangère pour toujours.

C'est alors qu'elle est apparue, avec son sourire éclatant et sa présence chaleureuse. C'était un jour de pluie, et je me tenais sous un arbre, essayant en vain de protéger mes livres de l'averse soudaine. Les autres élèves couraient se mettre à l'abri, mais elle, elle est venue vers moi, son parapluie grand ouvert.

— Hé, toi, tu as l'air de te noyer là, avait-elle dit en riant doucement.

J'avais levé les yeux, surprise qu'elle m'adresse la parole. Elle était populaire, aimée de tous. La fille à qui tout réussissait. Et pourtant, elle m'avait remarqué, moi, l'invisible.

— Je m'appelle Amy. Tu veux bien marcher avec moi jusqu'à la classe ? On peut partager le parapluie, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Je ne savais pas quoi répondre, alors j'ai simplement hoché la tête, trop choquée pour dire quoi que ce soit. Nous avons marché ensemble, et sous ce parapluie, pour la première fois depuis longtemps, je ne me sentais plus seule.

Les jours qui suivirent, elle insista pour m'accompagner partout. Amy avait ce don unique de faire disparaître le malaise, de transformer le silence en un espace sûr où les mots pouvaient enfin trouver leur place. Elle m'a présenté ses amis, m'a intégré à son groupe. Très vite, je suis passée d'une simple inconnue à une partie essentielle de leur monde.

Mais ce n'était pas que de la gentillesse de sa part. Un jour, alors que nous étions assises sur un banc, à l'ombre des arbres du parc, elle m'avait regardée longuement, un sourire triste sur les lèvres. Puis elle dit puis ses mots :

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant