Chapitre 34

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PDV : Hayden

Un silence tendu s'installa. Les filles se regardèrent entre elles, comme si elles essayaient de comprendre si c'était une blague ou si j'étais sérieux. Puis Sarah haussa les épaules, feignant l'indifférence, et tendit le sac vers Maya avec un sourire narquois.

— Tiens, récupère ton sac, petite folle.

Maya tendit une main tremblante pour récupérer son sac, mais avant qu'elle ne puisse le saisir, Sarah le laissa tomber par terre, provoquant un éclat de rire général parmi ses amies.

— Oups, désolée, dit-elle sans une once de sincérité.

Les autres filles riaient encore, mais je restai impassible, mon regard fixé sur celui de Sarah.

— Vous devriez vraiment revoir ce que vous trouvez drôle, dis-je calmement, mais fermement.

Sarah resta silencieuse un instant, scrutant mon visage pour voir si j'étais prêt à aller plus loin, puis, voyant que je ne bougeais pas d'un pouce, elle haussa les épaules et fit signe aux autres de partir.

— Allez, les filles, on s'en va. On a mieux à faire.

Elles s'éloignèrent en riant, mais l'une d'elles me lança un dernier regard, comme si elle voulait s'assurer que c'était bien réel. Quand elles furent assez loin, je me baissai pour ramasser le sac de Maya. Il était un peu sale, mais il semblait encore en bon état.

— Tiens, dis-je en lui tendant le sac.

Maya me regarda, visiblement choquée que quelqu'un soit intervenu. Ses mains tremblaient en prenant le sac.

— Je dois y aller, murmura-t-elle, ses yeux évitant les miens.

— Fais attention à toi, c'est tout, dis-je doucement avant de me retourner pour rejoindre Elisa, qui m'attendait un peu plus loin.

En m'éloignant, je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi j'avais décidé d'intervenir cette fois-ci. Peut-être que ce n'était rien d'autre qu'un coup de tête, ou peut-être que je commençais à en avoir assez de voir Maya se faire harceler jour après jour. Quoi qu'il en soit, cette journée avait pris une tournure inattendue,  et pour une fois, je ne regrettais pas d'avoir agi.

Elisa m'attendait là où je l'avais laissée, les bras croisés et un regard mi-intrigué, mi-amusé. Quand je la rejoignis, elle me dévisagea un instant avant de lâcher un petit rire.

— Wow, je dois dire que je m'attendais pas à ça, Hayden, dit-elle en se redressant. Depuis quand tu joues les chevaliers servants ?

Je haussai les épaules, évitant son regard.

— Je sais pas, c'était juste... la bonne chose à faire, je suppose.

Elle arqua un sourcil, ses yeux s'étrécissant légèrement.

— La bonne chose à faire, hein ? T'as jamais vraiment montré d'intérêt pour ce qui lui arrive avant. Alors pourquoi maintenant ?

Il y avait une pointe de jalousie dans sa voix, une teinte que je n'avais pas l'habitude d'entendre venant d'Elisa. Elle était habituellement si sûre d'elle, si détachée de tout ce qui laissait penser à de la vulnérabilité. Mais là, je sentais quelque chose de différent, quelque chose qu'elle essayait de dissimuler sous son habituel sarcasme.

Je soupirai, cherchant mes mots.

— Franchement, je sais pas. J'en avais juste marre de voir ces filles s'en prendre à elle pour aucune raison valable. Et puis toi aussi tu trouves ça pathétique...

Elisa me regarda en silence pendant un moment, et pour la première fois, je remarquai une ombre d'hésitation dans son regard.

— Tu sais, Hayden, elle a peut-être bien mérité ce qui lui arrive. Après tout, c'est pas pour rien que tout le monde la traite de folle, elle t'accuse quand même d'être un tueur tu ne l'as pas oublié... murmura-t-elle.

Les paroles que Elisa venait de prononcé je pouvais presque dire qu'elle n'y croyait pas vraiment, je le voyais dans ses yeux. C'était comme si elle essayait de se convaincre elle-même, plus que de me convaincre, moi.

— Personne ne mérite ça, répondis-je, plus sèchement que je ne l'avais prévu.

Elisa plissa les yeux, comme si mes paroles l'avaient piquée au vif.

— Donc tu la défends maintenant ? C'est ça ?

— C'est pas une question de défendre qui que ce soit, c'est juste...

Je me tus, incapable de mettre des mots sur ce qui se passait vraiment dans ma tête. Elisa m'observait avec une intensité nouvelle, comme si elle cherchait à percer un mystère.

— Bon, écoute, je sais pas trop ce qui se passe dans ta tête, mais fais attention. Ces filles sont pas du genre à lâcher facilement, elles vont pas te louper si elles pensent que tu prends parti pour Maya, dit-elle en croisant de nouveau les bras, le ton plus sérieux.

— Je sais me débrouiller, répliquai-je en haussant les épaules.

Elle resta silencieuse un instant, comme si elle pesait le pour et le contre de dire ce qu'elle avait vraiment sur le cœur. Finalement, elle laissa échapper un soupir résigné.

— Bref, je voulais te parler de quelque chose... à la fin des cours. C'est important. Tu pourras rester quelques minutes ?

Je la regardai, surpris par son changement de ton.

— Ouais, bien sûr. C'est à propos de quoi ?

— On en parlera plus tard, dit-elle en secouant la tête, comme pour balayer mes questions. Je dois y aller, mais ne me fais pas faux bond, d'accord ?

Elle tourna les talons avant que je ne puisse répondre, se fondant dans le flot des élèves qui remplissaient le couloir. Je restai là, perplexe. L'échange que je venais d'avoir avec Elisa m'avait laissé un drôle de sentiment. Il y avait quelque chose dans son attitude, un mélange de jalousie et d'inquiétude qui ne lui ressemblait pas.

Alors que je reprenais mon chemin, l'image de Maya entourée de ces filles cruelles revint dans mon esprit. Pourquoi avais-je décidé d'intervenir ? Pourquoi, après tout ce temps, cela m'avait-il semblé soudainement important ?

 L'ombre du ParapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant