☇ 𝟰𝟮

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Cela faisait trois mois que Jasper était parti. Trois mois. Quatre-vingt-douze jours pour être exact. Quatre-vingt-douze levers de soleil sans lui, quatre-vingt-douze nuits à se tourner dans des draps vides, incapables de trouver le sommeil. Chaque jour, Théodora comptait les heures : 2 208 heures. Des heures infinies, où chaque tic-tac de l'horloge semblait une condamnation. Elle les avait toutes vécues, minute après minute, 132 480 minutes, chacune marquée par l'absence, par ce vide immense qu'il avait laissé derrière lui.

Et si les minutes suffisaient à lui briser le cœur, que dire des secondes ? 7 948 800 secondes s'étaient écoulées depuis son départ. Sept millions neuf cent quarante-huit mille huit cents battements de cœur perdus dans le silence, des moments qui s'étiolaient dans l'attente désespérée d'un retour qui ne viendrait jamais.

Chaque seconde semblait s'étirer en une éternité, une agonie lente et douloureuse que Théodora ne parvenait pas à fuir. Un décompte insupportable, un poids lourd qui s'accumulait jour après jour, seconde après seconde, comme une chaîne autour de son cœur, le serrant un peu plus fort à chaque instant. Sa vie avait perdu tout son sens, chaque respiration devenait un fardeau insupportable, chaque pensée un rappel cruel de ce qu'elle avait perdu. Depuis que Jasper était parti, la vie de Théodora n'était plus qu'une succession de jours sans fin. 

Le temps s'était arrêté, suspendu dans l'ombre de son absence. Chaque instant était une plaie ouverte, saignante, incapable de se refermer.

Chaque jour, elle espérait, ne serait-ce qu'une seconde, que tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Mais la réalité revenait toujours, implacable. Son lit, si grand et vide, lui rappelait à quel point il n'était plus là pour la réconforter, la serrer contre lui lorsqu'elle se réveillait en sursaut au milieu de la nuit. 

Le vide avait pris sa place, s'étendant dans chaque recoin de la pièce, froid et silencieux, comme une ombre qui ne la quitterait jamais.

Elle se sentait vidée, comme si le départ de Jasper avait emporté une partie d'elle-même. Et la réalité de son absence la frappait encore et encore, une vague incessante de douleur. Elle avait tout perdu.

Son cœur battait encore, mais sans raison, comme un écho lointain, inutile dans un corps privé de son âme.

Chaque jour, Théodora tentait de retrouver un semblant de routine, mais même les gestes les plus simples lui semblaient insurmontables. La maison, autrefois chaleureuse, était devenue une cage, chaque pièce un rappel cruel des moments qu'ils avaient partagés. 

Les murs l'observaient en silence, témoins impuissants de sa déchéance, gardiens d'une prison dont elle seule détenait la clé.

Elle ne voyait plus la beauté dans les murs, plus la chaleur dans les meubles. Tout semblait gris, froid, vide. Elle traînait les pieds jusqu'à la cuisine, espérant y trouver un peu de réconfort, mais le silence la frappait de plein fouet.

Le silence n'était pas un simple manque de bruit ; c'était une présence oppressante, une entité qui s'insinuait dans chaque fissure de son cœur.

Les rires qu'elle partageait avec Jasper lorsqu'il l'aidait à préparer le petit-déjeuner, les discussions sans fin sur des sujets insignifiants... tout cela avait disparu. Sa tasse de café refroidissait sans qu'elle n'y touche, car le goût ne l'intéressait plus, l'odeur la rendait malade, comme si chaque élément de son quotidien refusait d'exister sans lui.

Le monde s'était éteint avec lui, les couleurs s'étaient fanées, les saveurs étaient devenues amères. Rien n'avait plus de sens.

Les mots tourbillonnaient dans son esprit, se mêlant à ses pensées sombres. Elle était perdue. Complètement et irrémédiablement perdue. La douleur de son absence était un poids qu'elle ne savait plus comment porter, un vêtement trop lourd, un manteau de plomb qui l'écrasait lentement, chaque jour un peu plus. Elle n'était plus la même personne, plus cette jeune femme pleine de vie et d'espoir. Jasper était parti, emportant avec lui son sourire, sa lumière, son envie de vivre.

❝ 𝐋𝐔𝐌𝐈𝐍𝐄𝐒𝐂𝐄𝐍𝐂𝐄 ❞ ʲᵃˢᵖᵉʳ ʰᵃˡᵉ ( FR )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant