❝ 𝐋𝐔𝐌𝐈𝐍𝐄𝐒𝐂𝐄𝐍𝐂𝐄 ❞ ʲᵃˢᵖᵉʳ ʰᵃˡᵉ ( FR )

☇ 𝟲𝟳

Le lendemain, l'atmosphère chez les Cullen était lourde et tendue. Habituellement paisible, leur maison semblait soudain résonner de l'inquiétude qui pesait sur chaque membre de la famille. Les murmures des conversations se fondaient dans le bruissement des arbres qui bordaient la propriété, comme si même la nature s'était accordée à cette tension. Les forêts de Forks, habituellement rassurantes, paraissaient plus sombres, plus oppressantes sous la lumière terne du matin.

Le ciel, couvert de nuages épais, baignait la région dans une lumière froide et pâle. L'air humide, saturé de l'odeur de la terre et des feuilles détrempées, semblait s'infiltrer jusque dans les murs de la maison, alourdissant l'atmosphère à l'intérieur. Par moments, une légère bruine se déposait sur les grandes fenêtres du salon, laissant derrière elle des traînées d'eau, comme des larmes silencieuses qui glissaient sur le verre.

Théodora, assise près des fenêtres, laissait son regard se perdre dans ce paysage brumeux. Elle contemplait les arbres imposants, leurs troncs sombres s'élevant vers le ciel comme des gardiens silencieux de secrets anciens. Il y avait une beauté étrange dans ce décor froid et humide, mais aujourd'hui, même cette familiarité ne parvenait pas à apaiser la nervosité qui bouillonnait en elle. Une sensation étrange, indéfinissable, s'était installée en elle depuis le rituel, comme si quelque chose de fondamental avait changé. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que tout cela ne faisait que commencer.

L'après-midi avançait lentement, chaque minute semblant étirer le temps. Puis, lorsque le soleil atteignit son zénith caché derrière l'épaisse couverture nuageuse, Santiago fit son apparition, accompagné de deux gardes vêtus de noir. Leur présence sembla geler encore davantage l'air déjà glacial. Ils se déplacèrent silencieusement, comme des ombres parmi les ombres, avançant d'un pas fluide et assuré sur le gravier mouillé qui craquait sous leurs pieds.

La tension monta instantanément. Chaque membre de la famille Cullen se tenait figé, leurs mouvements devenant plus lents, presque précautionneux. L'air autour d'eux semblait plus dense, presque suffocant. Santiago, avec ses cheveux lisses et son sourire glacial, s'avança en premier, ses yeux perçants se posant immédiatement sur Théodora. Il semblait la disséquer du regard, cherchant à percer les mystères qui se cachaient en elle, comme si elle n'était qu'un simple objet d'étude pour lui.

"Alors, le fameux rituel a-t-il été un succès ?" demanda-t-il, sa voix douce mais pernicieuse tranchant à travers l'air comme une lame aiguisée.

Carlisle, toujours aussi calme et maître de lui-même, s'avança et se plaça entre Théodora et Santiago, formant une barrière protectrice. La présence de Carlisle, stable et rassurante, semblait créer un espace sûr autour d'elle, même face à l'intimidation du Volturi. "Le rituel a fonctionné," déclara-t-il d'une voix mesurée. "Théodora est toujours humaine, mais elle est désormais liée à notre monde d'une manière qui respecte vos lois."

Un silence s'ensuivit, l'air semblait crépiter de tension. Santiago hocha lentement la tête, son expression impénétrable, puis se tourna de nouveau vers Théodora. "Montre-moi," ordonna-t-il, ses yeux perçants ne lui laissant aucune échappatoire.

Théodora sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine alors que Santiago attendait, son regard perçant planté dans le sien. Ses mains tremblaient légèrement, l'appréhension nouant son estomac. Elle devait se concentrer sur cette énergie nouvelle, mais la pression semblait trop forte, comme si elle était sur le point de flancher.

C'est à ce moment-là que Jasper s'approcha discrètement d'elle, son visage impassible, mais ses yeux brûlant d'une intensité rassurante. Il posa doucement une main sur son épaule. Le simple contact de ses doigts sur sa peau la fit frissonner, mais ce n'était pas de froid. Une vague de chaleur douce l'envahit soudain, partant de l'endroit où la main de Jasper était posée et se répandant progressivement dans tout son corps. C'était une chaleur apaisante, une force tranquille qui chassait peu à peu la tension dans ses muscles, l'angoisse dans son cœur.