❝ 𝐋𝐔𝐌𝐈𝐍𝐄𝐒𝐂𝐄𝐍𝐂𝐄 ❞ ʲᵃˢᵖᵉʳ ʰᵃˡᵉ ( FR )

☇ 𝟴𝟯

Théodora n'avait pas mis les pieds au lycée depuis près de deux semaines. Les entraînements, la maladie, puis la déprime et enfin le manque de drogue avaient eu raison de ses forces. Mais aujourd'hui, elle se tenait enfin devant les grandes portes vitrées de l'établissement, son sac pesant lourd sur son épaule, autant à cause des livres que du poids des regards qu'elle sentait déjà braqués sur elle.

Chaque pas est un poids, chaque regard un fardeau...

Elle prit une profonde inspiration, tentant de se donner du courage. C'était ridicule. Elle n'avait rien fait de mal. Juste manqué quelques jours de cours, tombé malade, comme n'importe quel autre élève. Pourtant, le malaise qui l'habitait ne venait pas seulement de cette absence. Non, il était bien plus profond, bien plus insidieux. Ses mains tremblaient légèrement, sa tête tournait, et une vague de nausée l'envahit tandis qu'elle franchissait le seuil du bâtiment.

Je me noie sous le poids de mes propres mensonges...

" Eh, la disparue est de retour ! " lança Chloé avec un grand sourire en l'apercevant dans le couloir principal.

Théodora força un sourire en retour, retenant une grimace alors que son estomac se nouait encore plus. Elle s'avança vers ses amies, tâchant d'ignorer les secousses légères mais constantes qui parcouraient son corps. Sa gorge était sèche, ses pensées confuses, comme si une brume épaisse flottait dans son esprit. Mais elle ne pouvait pas flancher. Pas aujourd'hui.

Fais semblant. Encore et encore. C'est tout ce qu'ils attendent de toi...

" Ouais, j'ai entendu dire que j'avais manqué une invasion de zombies dans le gymnase, c'est vrai ? " répondit-elle en feignant l'enthousiasme.

" Totalement, " renchérit Eleanor en agitant son téléphone devant elle, " J'ai même une vidéo de l'épisode où Chloé a essayé de sauver le monde en frappant un pauvre balai avec une batte de base-ball. "

Chloé lui tira la langue avant de lever les yeux au ciel. " Hey, ce balai était louche, d'accord ? Je l'ai vu bouger tout seul ! "

Les trois éclatèrent de rire, et Théodora sentit une partie de la tension dans ses épaules s'envoler. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était un début. Elle se raccrocha à ces éclats de rire, se forçant à les savourer malgré le malaise qui la rongeait de l'intérieur.

Le rire est un masque. Le masque d'une tempête qui gronde à l'intérieur...

" Alors, t'as raté plein de trucs, " reprit Chloé en passant un bras autour de ses épaules, " y'a un nouveau mec super mignon en classe de maths, et M. Benson a fait une dépression nerveuse pendant qu'on rendait nos devoirs. "

" À cause des notes ? " demanda Théodora, essayant de se concentrer sur la conversation.

" Parce qu'il a réalisé qu'il avait oublié de corriger nos copies, " expliqua Eleanor en secouant la tête, amusée. " Ça a été... épique. "

Théodora sourit, mais elle sentait la brûlure de l'angoisse remonter dans sa gorge. Chaque bruit, chaque éclat de rire des élèves autour d'elle, chaque détail banal lui donnait l'impression d'être hors de portée, comme si elle observait tout ça depuis une autre dimension. Ses mains étaient moites, et une sueur froide perlait sur son front.

Le monde continue de tourner, mais moi, je suis figée, piégée dans ce vide...

Mais elle ne voulait pas y penser. Elle ne pouvait pas y penser.

Elle s'efforça de rire avec ses amies, de participer aux blagues, même si une partie d'elle-même restait en retrait, angoissée et tremblante. Chaque mouvement lui demandait un effort immense, chaque mot semblait se frayer un chemin difficile à travers la brume de son esprit. Et pourtant, elle continua.