☇ 𝟬𝟲

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Théodora ouvrit les yeux lentement, son esprit encore engourdi par le sommeil. La lumière pâle du matin filtrait à travers les rideaux de sa chambre, baignant l'espace d'une lueur douce, presque irréelle. Les murs, d'un beige clair, reflétaient les rayons de soleil, créant une ambiance chaleureuse et réconfortante. Les quelques posters accrochés ça et là, témoins de ses passions d'adolescente, semblaient plus flous que d'habitude. Pendant quelques instants, tout semblait normal, paisible même. Mais en un éclair, tout lui revint en tête, comme une claque violente : la forêt, Jasper, les Cullen, les vampires. Son cœur s'emballa soudain, et une vague de panique l'envahit, comme si un poids lourd s'était abattu sur sa poitrine.

Elle se redressa d'un coup, le souffle court, et regarda autour d'elle. Sa chambre était telle qu'elle l'avait laissée la veille, avec ses livres éparpillés sur le bureau, ses vêtements jetés négligemment sur le fauteuil. Comme si rien n'avait changé. Mais tout était différent maintenant. Elle savait ce qu'elle avait vu. C'est bien réel, se dit-elle en silence.

Encore un peu sonnée par les souvenirs, elle se leva, ses jambes légèrement tremblantes, comme si elles peinaient à supporter le poids de sa propre existence. S'approchant de la fenêtre, elle tira lentement le rideau pour regarder dehors. La nature s'étendait devant elle, luxuriante, verdoyante, mais étrangement intimidante ce matin-là. Sa maison donnait sur une petite clairière, entourée de pins imposants qui formaient un mur naturel. Plus loin, la lisière des bois se dessinait à l'horizon, ces mêmes bois où sa vie avait basculé la veille. Elle scruta les arbres, espérant ne voir personne. Le vent faisait doucement balancer les branches, et les feuilles bruissaient dans une danse silencieuse, mais à première vue, il n'y avait personne. Aucun signe de Jasper ou des Cullen.

Un soupir de soulagement échappa à ses lèvres. Peut-être qu'ils ont abandonné. Peut-être qu'ils ont décidé de me laisser tranquille, se dit-elle en baissant le rideau. L'idée lui sembla presque trop belle pour être vraie, mais elle s'accrocha à cette pensée, espérant que la surveillance avait cessé.

Se détournant de la fenêtre, elle traversa la chambre, ses pieds nus glissant sur le parquet froid. Elle attrapa un jean légèrement délavé et un pull en laine gris, un peu trop grand, qu'elle aimait porter les jours où elle avait besoin de confort. Ses cheveux étaient encore ébouriffés par la nuit, et elle les attacha rapidement en un chignon désordonné avant de descendre à la cuisine.

Assise à la table, elle fixa son bol de céréales sans vraiment y toucher. La cuisine était inondée de lumière, les murs crème renvoyant la clarté du soleil qui perçait enfin les nuages matinaux. Tout semblait si calme, presque trop calme, et ce contraste accentuait l'agitation qui régnait en elle. Son esprit était encore embrouillé par les événements de la veille, et malgré ses efforts pour se concentrer sur des choses ordinaires, elle sentait la tension en elle, prête à resurgir à tout moment.

Soudain, son téléphone vibra sur la table, la faisant sursauter. Elle fronça les sourcils en voyant un numéro inconnu s'afficher à l'écran. Son cœur accéléra, et une petite angoisse monta en elle alors qu'elle hésitait à ouvrir le message.

"Alice viendra te chercher dans quelques minutes pour t'emmener au lycée. - Jasper."

Théodora resta figée, son téléphone entre les mains, un mélange d'incrédulité et de frustration lui traversant l'esprit. Ils n'ont pas lâché l'affaire, pensa-t-elle. Et maintenant, elle allait être escortée au lycée ? C'était absurde. Elle roula des yeux en tapotant rapidement sa réponse.

« Comment tu as eu mon numéro ? » écrivit-elle, sentant une légère irritation monter.

La réponse ne se fit pas attendre : "Disons qu'on a nos moyens." Le message était suivi d'un émoji clin d'œil, ce qui laissa Théodora perplexe. Jasper, faire de l'humour ? Cela la décontenança un peu.

Elle soupira. Bon, au moins, je n'aurai pas à marcher jusqu'au lycée, pensa-t-elle en finissant son bol de céréales. Si elle devait être surveillée, autant en tirer quelque avantage, même minime.

Quelques instants plus tard, un léger coup retentit à la porte. Théodora se leva, essuyant ses mains moites sur son jean, et ouvrit la porte pour se retrouver nez à nez avec Alice. Elle portait une veste en cuir noir sur un chemisier blanc, son style impeccable contrastant avec la simplicité de Théodora . Le sourire lumineux de cette dernière était presque contagieux, mais Théodora n'était pas encore prête à se détendre complètement.

« Prête pour ta journée ? » demanda Alice joyeusement, comme si elles étaient des amies de longue date, ses yeux pétillants d'enthousiasme.

Théodora haussa un sourcil. « Je suppose que je n'ai pas trop le choix, si ? »

Alice éclata d'un rire léger, un son cristallin qui résonna agréablement dans l'air du matin. « On pourrait dire ça, mais je te promets que ce ne sera pas si terrible. »

Elles montèrent dans la voiture d'Alice, une Porsche jaune qui brillait sous le soleil timide de Forks, et prirent la route en direction du lycée. Le ronronnement du moteur semblait adoucir l'atmosphère, mais Théodora se sentait toujours nerveuse, son regard se perdant par la fenêtre, observant les arbres défiler à une vitesse effrayante.

« Tu es plutôt calme ce matin, » fit remarquer Alice, les yeux rivés sur la route, ses mains glissant avec aisance sur le volant.

« Je pense que j'essaie juste de digérer tout ce qui s'est passé, » répondit Théodora , le ton plus sec qu'elle ne l'aurait voulu. « Et le fait que je sois escortée au lycée par une vampire n'aide pas vraiment. »

Alice sourit doucement, jetant un coup d'œil en coin à Théodora . « Je comprends. Mais tu devrais savoir que mes visions sont toujours claires : tu ne nous dénonceras pas. Je ne te vois pas mettre notre secret en danger. C'est pour ça qu'on te fait confiance, même si Jasper a du mal à l'accepter. »

Théodora resta silencieuse un instant, réfléchissant aux paroles d'Alice. « Donc tu sais ce qui va se passer avant même que je le fasse ? »

Alice hocha la tête, son sourire s'élargissant. « En quelque sorte, oui. Mais ne t'inquiète pas, je ne vois pas tout. Seulement ce qui est important. »

Théodora haussa les sourcils. « Ça doit être... étrange. »

« Ça peut l'être, » admit Alice, « mais ça nous aide aussi. Regarde, par exemple, je sais déjà que tu ne vas pas nous trahir. Alors pourquoi ne pas en profiter ? On pourrait être des amies, tu sais. »

Théodora fronça les sourcils. « Des amies ? »

Alice hocha la tête, l'air sérieux mais joyeux. « Oui. Je sais que cette situation te dépasse, mais tu pourrais nous considérer comme autre chose que des monstres. »

Théodora détourna les yeux, regardant la route défiler par la fenêtre. Des amies avec des vampires ? L'idée lui semblait encore totalement absurde. Mais une partie d'elle savait qu'elle était déjà impliquée, et ce lien étrange avec les Cullen était peut-être la seule façon de traverser cette épreuve.

« On verra, » murmura-t-elle finalement, sans s'engager pleinement, mais suffisamment pour montrer qu'elle n'était pas complètement fermée à l'idée.

Alice lui lança un regard espiègle. « Ça me va. Une étape à la fois. »

❝ 𝐋𝐔𝐌𝐈𝐍𝐄𝐒𝐂𝐄𝐍𝐂𝐄 ❞ ʲᵃˢᵖᵉʳ ʰᵃˡᵉ ( FR )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant