❝ 𝐋𝐔𝐌𝐈𝐍𝐄𝐒𝐂𝐄𝐍𝐂𝐄 ❞ ʲᵃˢᵖᵉʳ ʰᵃˡᵉ ( FR )

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Théodora sortit lentement de la grande demeure, Jasper sur ses talons. Le froid mordant de l'extérieur contrastait avec la chaleur oppressante de l'intérieur. Elle frissonna, mais ce n'était pas seulement à cause du froid. Son esprit était en ébullition, incapable de trouver un sens à ce qu'elle avait découvert aujourd'hui.

Elle monta en silence dans la voiture que Jasper lui ouvrait, mais cette attention ne semblait guère chaleureuse. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'elle boucla sa ceinture. Le claquement de la portière résonna comme un coup de tonnerre dans le calme de la nuit, et elle sentit un poids s'installer dans sa poitrine. Le véhicule démarra sans un bruit, glissant sur la route sombre qui menait chez elle. Le silence entre eux était lourd, presque étouffant, et chaque seconde passait comme une éternité.

Jasper gardait ses yeux fixés sur la route, son visage impassible, ses traits durs comme du marbre. Aucun mot ne franchissait ses lèvres. Il semblait tout faire pour maintenir une distance entre eux, une barrière invisible mais infranchissable. Théodora ne comprenait pas pourquoi il se comportait ainsi. Il l'avait protégée, mais maintenant il semblait la mépriser. Elle serra les poings, furieuse d'être prise au piège avec lui.

De son côté, Jasper faisait tout pour ne pas poser les yeux sur elle. Il pouvait sentir sa peur, son incompréhension, et cela ne faisait que raviver en lui des souvenirs qu'il aurait préféré oublier. Il ne voulait pas s'attacher à elle. Il refusait de la considérer autrement que comme un fardeau, une erreur qui aurait dû être évitée. Mais même avec cette résolution froide, l'odeur de son sang flottait dans l'air, douce et enivrante, et il se maudit intérieurement de ressentir cette tentation.

Un parfum subtil et enivrant commença alors à s'imprégner dans l'air autour de lui. Il ne l'avait pas remarqué dans la forêt, trop concentré sur sa propre soif et la nécessité d'agir rapidement. Mais maintenant, dans cette voiture confinée, l'odeur de son sang se fit plus présente, douce et délicate, presque comme une invitation.

Jasper ferma brièvement les yeux, contrôlant l'instinct qui s'éveillait en lui. Je ne suis plus ce novice, je me maîtrise désormais, se dit-il en silence. Mais cela ne changeait rien au fait que son parfum était... divin. Une fragrance douce, comme une brise légère portant les premières fleurs du printemps. Dans une autre vie, cela aurait été une tentation impossible à ignorer. Mais aujourd'hui, il n'était plus l'homme qu'il avait été.

Jasper voulait absolument croire qu'il était capable de ne pas lui faire de mal, mais il savait le monstre qu'il avait été, toutes les vies qu'il avait prises. Il ne voulait pas s'attacher à elle, et cette surveillance le rendait furieux pour cette même raison. Pourquoi moi ? pensait-il. Il avait déjà été brisé, il ne voulait pas briser quelqu'un d'autre, pas une fois de plus.

Il inspira lentement, maîtrisant chaque fibre de son être. Ses instincts de prédateur, pourtant bien ancrés, étaient domptés par les années passées à résister, à lutter contre ses propres démons. Il n'était plus le jeune vampire qu'il avait été autrefois, en proie à ses pulsions. Il savait se contenir. Mais cela ne changeait rien à cette vérité : l'odeur de Théodora était sublime.

Elle était d'une beauté rare, même dans la douleur. Ses traits délicats étaient marqués par la tristesse, ses yeux rougis par les larmes, mais cela ne faisait qu'accentuer cette vulnérabilité qui la rendait encore plus captivante. Jasper se surprit à la regarder plus longuement qu'il ne l'aurait voulu, capté par la douceur de son visage, la ligne de sa mâchoire, la délicatesse de ses lèvres qui tremblaient encore sous le poids de l'émotion.

Le regard de Théodora se perdit dans les arbres qui défilaient à travers la fenêtre. Les bois semblaient si paisibles, endormis sous le voile de la nuit, mais elle savait désormais ce qui se cachait dans ces ombres. Ses doigts se crispèrent sur le tissu de son siège alors que son esprit essayait désespérément de rassembler des fragments de rationalité.