☇ 𝟴𝟱

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Magnus acquiesça, son regard pénétrant ne quittant pas celui de Théodora. "C'est la première étape vers la vraie force : savoir que l'on n'est jamais complètement prêt. Mais avec la bonne discipline, tu apprendras à réagir dans l'instant. Suis-moi."

L'incertitude est mon seul compagnon constant...

Ils marchèrent ensemble vers le cœur de la forêt, la végétation dense les entourant, étouffant les bruits du monde extérieur. La lumière tamisée du sous-bois créait des ombres mouvantes, accentuant l'aura de mystère qui régnait autour de l'endroit. L'air frais sentait le pin et la terre humide, et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans la nature, Théodora sentait ses sens s'éveiller. La brise légère caressait sa peau, et elle percevait chaque feuille qui frémissait, chaque brindille qui craquait sous leurs pas.

La forêt respire... mais moi, je suffoque dans ma propre peau.

Magnus la guida jusqu'à une clairière, un espace dégagé baigné par les rayons du soleil qui perçaient à travers le feuillage. C'était le même terrain où elle s'était entraînée auparavant, mais cette fois, elle se sentait différente. Plus déterminée, plus ancrée. Magnus se tourna vers elle et la contempla avec un sourire bienveillant.

"Je vois que tu as mûri," déclara-t-il, sa voix résonnant dans le calme environnant. "Ta décision de revenir ici est déjà un signe de ta force intérieure."

Théodora hocha la tête, essayant de cacher son appréhension.

La force... qu'est-ce que c'est vraiment quand on est en miettes à l'intérieur ?

Elle savait qu'elle devait se concentrer, se donner à fond. Magnus commença par lui faire répéter les mouvements qu'elle avait appris auparavant. Les premiers exercices étaient destinés à éveiller ses sens, à la connecter avec l'énergie environnante. Elle ferma les yeux, cherchant à ressentir la présence de Magnus sans le voir, à écouter les battements de son propre cœur et à synchroniser sa respiration avec le rythme de la nature.

"Ressens le monde autour de toi," murmura Magnus. "Ne te contente pas de le voir, écoute-le, ressens-le, laisse-le s'infiltrer en toi."

Je veux ressentir... mais tout est brouillé. Mon esprit nage dans un océan de bruit...

Elle fit de son mieux pour se détendre, pour s'ouvrir à son environnement. Au début, c'était difficile. Son esprit était encombré par tant de pensées, de peurs, et de doutes. Mais peu à peu, elle sentit quelque chose changer. L'air semblait plus dense, plus vivant. Elle perçut les racines des arbres qui s'enroulaient sous la terre, les petites créatures qui couraient entre les buissons. Chaque élément prenait une nouvelle dimension.

Le monde vibre, et pourtant je suis comme une corde cassée... incapable de résonner.

Magnus s'approcha alors silencieusement d'elle, comme un prédateur. "Trouve-moi," dit-il simplement.

Théodora resta immobile, sa respiration se calmant, écoutant attentivement. Puis elle sentit un léger déplacement d'air sur sa gauche. Elle pivota rapidement, bloquant le coup de Magnus qui s'apprêtait à la toucher. Un sourire de satisfaction se dessina sur le visage de son mentor.

"Bien, tu commences à sentir les choses," approuva-t-il. "Maintenant, allons plus loin."

Magnus intensifia les exercices, la poussant à utiliser non seulement ses sens mais également son intuition. Il l'attaquait de tous les côtés, d'abord avec douceur, puis avec une intensité croissante. Théodora, bien que surprise au début, commençait à anticiper ses mouvements, à sentir l'énergie de son adversaire et à réagir en conséquence.

Mon corps devine avant que mon esprit n'analyse... peut-être est-ce là la clé de la liberté ?

"Ne pense pas, agis," l'encourageait Magnus chaque fois qu'elle hésitait. "Fais confiance à ton instinct. Ton corps sait ce qu'il doit faire, ne le freine pas."

Après une heure d'entraînement intensif, Magnus la fit s'asseoir en tailleur au centre de la clairière. "Nous allons maintenant travailler sur ta perception," annonça-t-il. "Ferme les yeux."

Théodora obéit, et aussitôt, elle sentit l'air se charger d'énergie. Magnus ne disait rien, mais elle savait qu'il la testait, qu'il cherchait à voir jusqu'où elle pouvait aller. Elle se concentra sur les sons autour d'elle : le vent dans les branches, le murmure d'un ruisseau tout proche, le froissement des feuilles sous les pattes d'un animal. C'était comme si le monde entier chuchotait, et pour la première fois, elle pouvait l'entendre.

Le silence n'existe pas, même dans le calme... tout murmure, tout se meut, tout respire.

Soudain, elle sentit une présence, un mouvement subtil à sa droite. Elle ouvrit les yeux d'un coup et intercepta le regard de Magnus. Il n'avait pas bougé, mais son sourire en disait long. "Tu deviens plus sensible," murmura-t-il. "Tu commences à percevoir l'invisible."

L'entraînement devint plus intense. Magnus l'obligea à repousser ses limites, à explorer des aspects de sa connexion avec le monde surnaturel qu'elle n'avait jamais soupçonnés. Il lui demanda de se tenir debout sur un rocher, les bras écartés, alors qu'il lui lançait des pierres à toute vitesse. Théodora dut apprendre à les éviter, à sentir leur trajectoire avant qu'elles ne l'atteignent. C'était éprouvant, et plusieurs fois, elle perdit l'équilibre, tombant durement sur le sol.

Chaque pierre est un rappel de ma fragilité, chaque chute un écho de mes erreurs.

"Recommence," lui ordonnait Magnus à chaque chute. "Chaque erreur est une leçon. Chaque chute est une opportunité de se relever."

Ses muscles la faisaient souffrir, son corps était couvert de bleus, mais Théodora ne se laissa pas abattre. À chaque nouvel exercice, à chaque défi, elle se sentait un peu plus forte, un peu plus sûre d'elle-même. Elle apprenait à contrôler ses peurs, à les transformer en force. Son corps réagissait avant même que son esprit ne puisse penser, anticipant les mouvements de Magnus, se déplaçant avec une agilité qu'elle ne pensait pas posséder.

La douleur devient mon guide, chaque coup m'enseigne une leçon que les mots ne peuvent exprimer.

Magnus lui tendit une épée en bois, l'obligeant à maîtriser l'art du combat rapproché. "Dans un affrontement, tu ne pourras pas toujours compter sur ta vitesse ou ton instinct," expliqua-t-il en la regardant droit dans les yeux. "Tu dois aussi savoir comment frapper, comment te défendre."

Il l'attaqua sans relâche, la forçant à parer, à esquiver, à riposter. Chaque impact résonnait dans la clairière, et Théodora sentait ses muscles protester à chaque mouvement. Mais elle tenait bon, refusant d'abandonner, refusant de se laisser submerger par la douleur ou la fatigue. Elle sentait la force de Magnus, sa maîtrise, et elle aspirait à l'égaler un jour.

Je suis une lame, forgée dans l'épreuve, polie par chaque échec...

Pour finir, Magnus lui ordonna de fermer les yeux à nouveau. "Cette fois, tu vas te battre sans voir," ordonna-t-il. Théodora hésita un instant, puis s'exécuta. Elle entendit le bruissement d'un vêtement, un souffle à peine perceptible. Instinctivement, elle bondit en arrière, évitant un coup qui aurait pu la faire chuter.

Magnus esquissa un sourire. "Tu vois, jeune apprentie, tu possèdes une force que même les plus anciens mages auraient enviée. Bien plus que tu ne l'imagines."

❝ 𝐋𝐔𝐌𝐈𝐍𝐄𝐒𝐂𝐄𝐍𝐂𝐄 ❞ ʲᵃˢᵖᵉʳ ʰᵃˡᵉ ( FR )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant