Théodora se tenait devant le lycée, le cœur battant à tout rompre. Le bâtiment semblait à la fois familier et étranger, comme si un voile de brume l'avait enveloppé depuis son départ. Le froid mordant du matin lui piquait la peau, et le vent jouait dans ses cheveux, les faisant tourbillonner autour de son visage. Elle déglutit difficilement, hésitant à faire un pas de plus. Son regard s'attarda sur l'endroit où elle avait vu Maria pour la première fois, cet instant qui avait tout changé, et un frisson glacé parcourut son échine.
C'était également là, près des escaliers, que Jasper l'avait attendue, le regard toujours empreint de ce mystère qui la fascinait autant qu'il l'effrayait. Chaque recoin de ce lycée semblait chargé de souvenirs qu'elle n'était pas prête à affronter, comme s'ils allaient surgir à tout moment pour la hanter de nouveau.
"Théodora !"
Elle sursauta et tourna la tête pour voir ses amis courir vers elle, un sourire réconfortant aux lèvres. Eleanor fut la première à l'atteindre, lui agrippant doucement le bras, ses yeux remplis de chaleur. "On y va ensemble ?" demanda-t-elle, sa voix douce mais pleine de détermination.
Chloé et Thomas arrivèrent à leur tour, entourant Théodora comme un rempart contre le monde extérieur. Ils lui prirent la main, et ensemble, ils franchirent les portes du lycée, comme s'ils voulaient lui montrer qu'elle n'avait pas à affronter cela seule. Théodora sentit un poids s'alléger sur ses épaules, et elle esquissa un sourire, faible, mais sincère.
"Merci," murmura-t-elle, et ils lui rendirent son sourire, leur amitié et leur soutien se faisant sentir à travers leurs étreintes silencieuses.
Un peu plus tard, Théodora se retrouva dans le gymnase, ses baskets grinçant légèrement sur le sol ciré tandis qu'elle rejoignait l'équipe de volley-ball pour la première fois depuis des semaines. L'air était chargé de l'odeur caractéristique du bois verni et de la sueur, mêlé à l'écho des balles qui rebondissaient, créant une mélodie familière qui résonnait jusque dans ses os. Les murs du gymnase étaient décorés de banderoles aux couleurs de l'équipe, et les filets parfaitement tendus attendaient que le jeu commence.
Ses coéquipières la regardèrent avec un mélange d'enthousiasme et de soulagement. "Théo, t'es enfin de retour !" s'exclama Sarah, la capitaine de l'équipe, en la prenant dans ses bras. "On n'arrête pas de perdre à l'entraînement sans toi. On a besoin de toi pour la finale contre Port Angeles."
"Oui, sans toi, on n'a aucune chance !" ajouta une autre fille en riant. "Jenna est nulle en défense, on s'est fait laminer au dernier match."
Théodora sourit faiblement, essayant de repousser le malaise qui la tenait encore. Elle hocha la tête. "Je vais faire de mon mieux."
Le sifflet de l'entraîneur retentit, et tout le monde se mit en place. L'entraînement commença, et dès que la balle frappa le sol pour la première fois, Théodora sentit quelque chose s'éveiller en elle. Elle fit quelques pas sur le terrain, prenant doucement ses marques, ressentant chaque mouvement, chaque muscle qui se réchauffait. La sensation du ballon contre ses doigts, la tension dans ses jambes lorsqu'elle bondissait pour un smash... Tout cela lui revenait peu à peu.
Elle sauta pour réceptionner la balle, ses bras tendus, les yeux rivés sur la trajectoire, et tout son corps se tendit, en parfaite synchronisation avec l'action. Le choc de la balle contre sa peau la ramena soudainement à la réalité, lui rappelant que, sur ce terrain, il n'y avait ni vampires, ni douleur, ni peur. Juste elle, la balle, et son équipe.
La musique qui résonnait dans le gymnase depuis les haut-parleurs semblait battre au même rythme que son cœur, lui donnant l'impression de danser plutôt que de jouer. Ses cheveux voltigeaient autour de son visage, et ses joues s'empourprèrent sous l'effort, mais pour la première fois depuis des semaines, elle se sentit vivante.
Le gymnase était bruyant, les encouragements de ses coéquipières se mêlant aux cris d'excitation à chaque point marqué. Le sol résonnait sous les pas précipités, et l'écho des balles frappant le filet créait un rythme presque hypnotique. La lumière des néons brillait au-dessus de leur tête, illuminant la sueur qui perlait sur leur front, et pour un moment, Théodora se sentit comme transportée, oubliant tout le reste.
"Allez Théo, c'est à toi !" cria Sarah en lui faisant une passe parfaite.
Théodora s'élança, ses muscles tendus à l'extrême, et sauta avec toute la puissance qu'elle avait en elle. Ses doigts frappèrent le ballon avec une force qu'elle ne se connaissait pas, et le son de la balle claquant contre le sol de l'autre côté du filet résonna dans tout le gymnase. L'équipe éclata en applaudissements, les filles accourant vers elle pour la féliciter.
"C'est ça, Théo ! C'est comme ça qu'on va gagner cette finale !" s'exclama Sarah, les yeux pétillants de joie.
Théodora sourit, essoufflée, mais heureuse. À cet instant précis, tout ce qui l'avait rongée, tout ce qui l'avait retenue captive de sa douleur, s'éloigna. Elle était là, au centre de la piste, dans cet espace où rien d'autre n'existait que le jeu, la compétition, et la camaraderie. Chaque mouvement, chaque saut, chaque réception, la rapprochait un peu plus de cette liberté qu'elle avait cru perdue.
Mais malgré tout, il y avait toujours cette ombre, ce souvenir qui planait au-dessus d'elle. À chaque fois qu'elle touchait le ballon, qu'elle se propulsait dans les airs, elle pensait à Jasper, à la force qu'il lui donnait autrefois, à la façon dont il la faisait se sentir vivante. Et à chaque fois que ses pieds retombaient sur le sol, elle ressentait le vide, ce manque qui ne voulait pas la lâcher.
"Théodora !" cria une voix à travers le gymnase.
Elle se retourna juste à temps pour voir la balle foncer droit sur elle. Sans réfléchir, elle tendit les bras, la réceptionnant à la perfection. Ses coéquipières la félicitèrent encore, mais cette fois, elle ne parvint pas à sourire. Son cœur battait trop fort, ses pensées revenaient à cette douleur qu'elle essayait désespérément de fuir.
"Tout va bien ?" demanda Sarah en s'approchant, un regard inquiet dans les yeux.
"Oui," mentit Théodora, serrant les poings. "Je vais bien."
Chloé observa la remplaçante tenter un service qui atterrit lamentablement en dehors du terrain. Elle lança un regard amusé à Eleanor et murmura assez fort pour que tout le monde l'entende :
"Je crois qu'elle vise un autre gymnase ! Peut-être qu'elle pense qu'on joue au golf maintenant ?"
Eleanor pouffa de rire et répondit : "Non, Chloé, elle essaie juste d'inventer le volley-ball extraterrestre. Faut bien viser la lune pour marquer des points, non ?"
Leur échange provoqua quelques éclats de rire dans l'équipe, y compris de Théodora, qui sentit un peu de sa nervosité s'évaporer.
L'entraînement continua, et Théodora se força à se concentrer, à donner le meilleur d'elle-même. Elle voulait prouver à ses amies, à elle-même, qu'elle pouvait encore être forte, qu'elle pouvait encore tenir bon, malgré tout. Mais à chaque saut, à chaque réception, elle sentait ce poids qui pesait sur ses épaules, ce souvenir de Jasper qui refusait de s'effacer.
Finalement, l'entraînement prit fin, et Théodora se retrouva à genoux sur le sol, le souffle court, les mains tremblantes. Elle avait donné tout ce qu'elle avait, épuisé chaque parcelle d'énergie, comme si elle voulait chasser ses démons par la simple force de son corps.
Ses amies vinrent l'entourer, lui tendant une bouteille d'eau, la félicitant pour sa performance. "On va les écraser, Port Angeles n'a qu'à bien se tenir !" s'exclama Sarah en riant, pleine d'enthousiasme.
Théodora hocha la tête, mais son regard se perdit un instant sur le sol du gymnase, sur les lignes tracées, les marques des pas, les traces des balles qui avaient frappé. C'était comme si elle cherchait quelque chose, un signe, un éclat de lumière qui lui dirait que tout irait bien. Mais il n'y avait rien, seulement le bruit des respirations, des rires, et le battement de son propre cœur qui résonnait, encore et encore, avec la même question : "Est-ce que je vais y arriver ?"
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❝ 𝐋𝐔𝐌𝐈𝐍𝐄𝐒𝐂𝐄𝐍𝐂𝐄 ❞ ʲᵃˢᵖᵉʳ ʰᵃˡᵉ ( FR )
Fanfiction❝ L'amour, comme la luminescence, éclaire même les coins les plus sombres, révélant des beautés cachées que seul le cœur peut percevoir. ❞ À la tombée de la nuit, une lueur douce et mystérieuse émane des recoins obscurs. Ce n'est pas les étoiles, ni...
