Théodora inspira profondément en franchissant les portes de l'hôpital, essayant de calmer l'angoisse qui grandissait en elle. Chaque pas résonnait lourdement dans les couloirs, comme une écho douloureux des souvenirs qu'elle essayait d'oublier. L'odeur désinfectante de l'hôpital la saisit, mêlée à ce parfum de médicaments qui lui rappelait les longs jours qu'elle avait passés ici, allongée dans ce lit, luttant pour retrouver un semblant de vie normale. Cela faisait des semaines depuis son dernier séjour ici, et chaque pas qu'elle faisait dans ces couloirs réveillait en elle des souvenirs qu'elle aurait préféré oublier.
Elle serra son manteau un peu plus contre elle, s'enfonçant dans la chaleur réconfortante du tissu. Chaque fois qu'elle venait ici, c'était comme si les murs eux-mêmes murmuraient ses peurs, ses angoisses. C'était étrange de revenir pour une simple consultation, alors que la dernière fois, elle se battait contre la mort. La salle d'attente était déjà bondée de monde, et elle s'assit, essayant d'ignorer les regards furtifs des autres patients.
Enfin, son nom retentit dans les haut-parleurs, la faisant sursauter légèrement. "Théodora Moore, cabinet du Dr Andersen." Elle se leva et s'avança vers le bureau, ses jambes lourdes, comme si chaque pas la rapprochait d'un moment qu'elle n'était pas prête à affronter.
Le Dr Andersen l'attendait, vêtu de sa blouse blanche immaculée, un sourire rassurant sur les lèvres. "Bonjour, Théodora," dit-il, d'une voix douce. "Prenez place."
"Bonjour," murmura-t-elle, s'asseyant sur la chaise face à lui, ses mains nerveusement croisées sur ses genoux.
"Alors, comment vous sentez-vous aujourd'hui ?" demanda-t-il en consultant rapidement son dossier.
"Ça va," mentit-elle, s'asseyant sur la chaise face à lui. "Je suppose que ça ira mieux après l'examen."
"Ne vous inquiétez pas, nous allons vérifier ça," répondit-il, posant son stéthoscope autour de son cou. "Je vais commencer par prendre votre tension. Tendez-moi votre bras, s'il vous plaît."
Théodora tendit son bras, le sentant trembler légèrement. Le Dr Andersen enroula le brassard autour de son bras, serrant doucement. Elle observa ses gestes minutieux, ses doigts fermes et rassurants qui s'assuraient que le brassard était bien ajusté. Le son de la pompe qui se gonflait résonnait dans la pièce, amplifiant l'angoisse qui pesait sur elle. Elle fixa un point sur le mur, essayant de se détendre, mais le simple contact du stéthoscope contre sa peau la fit frissonner.
"Respirez normalement," murmura-t-il, le regard concentré sur les chiffres de l'appareil.
Elle inspira profondément, fermant les yeux. La sensation froide du stéthoscope contre le creux de son coude était désagréable, mais ce n'était rien comparé à la pression qui semblait peser sur son cœur. "Votre tension est un peu élevée, mais c'est compréhensible," conclut-il après quelques instants. "Essayez de vous détendre."
Elle hocha la tête, sentant la pression du brassard se relâcher, laissant une marque rouge sur sa peau. "C'est normal," pensa-t-elle, "C'est juste l'anxiété."
"Je vais maintenant écouter votre cœur," ajouta le Dr Andersen, posant le stéthoscope sur sa poitrine, là où son cœur battait furieusement. Théodora retint son souffle, les yeux fixés sur le plafond, essayant de ne pas penser à Jasper, à la dernière fois que quelqu'un avait écouté son cœur de cette manière. "Respirez profondément."
Elle s'exécuta, tentant d'ignorer la tension qui crispait ses muscles et elle fixa un point imaginaire sur le mur pour se distraire. Elle inspira et expira lentement, laissant l'air glisser dans ses poumons. "Votre cœur semble bien rétabli," annonça-t-il finalement, un sourire rassurant sur les lèvres. "Vous avez fait d'énormes progrès."
"Merci," murmura Théodora, soulagée de ne pas avoir à s'inquiéter davantage de sa santé physique. Mais elle savait que son cœur émotionnel, lui, était loin d'être guéri.
Après les examens, elle se rendit au cabinet de la psychologue, situé un étage plus haut, son cœur battant toujours plus vite à chaque pas qu'elle faisait. C'était comme si quelque chose pesait sur sa poitrine, l'empêchant de respirer correctement. En attendant son rendez-vous, elle s'assit dans la salle d'attente, observant distraitement les allées et venues du personnel médical. La salle d'attente était plus calme, mais la tension qu'elle ressentait était palpable. C'est alors qu'elle entendit cette voix à l'interphone : "Le Dr Cullen est demandé aux urgences."
Théodora se figea sous l'effet du choc et son cœur manqua un battement. Elle tourna la tête vers le haut-parleur, les yeux écarquillés. Ses mains se mirent à trembler et elle sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Le Dr Cullen ? Non, c'est impossible... pensa-t-elle, son esprit vacillant entre la réalité et l'espoir. Elle se leva brusquement, prête à courir dans les couloirs pour vérifier. Mais quelque chose la retint, une peur, une incertitude. "Ils sont partis. Ils ne reviendront pas."
Elle se leva brusquement, son regard cherchant désespérément une explication. Peut-être qu'elle avait mal entendu. Peut-être que c'était un autre nom. Mais une part d'elle refusait d'y croire, une part d'elle se mettait à espérer, à espérer plus que jamais. "Et si... ?" se dit-elle, sentant son cœur battre à un rythme effréné.
"Théodora ?" appela la voix douce de la psychologue, la sortant de ses pensées. Elle se retourna, les larmes perlant déjà au coin de ses yeux.
"C'est à vous," répéta la psychologue avec un sourire bienveillant.
Théodora la suivit dans le bureau, chaque pas étant un effort surhumain, comme si un poids énorme s'était abattu sur ses épaules. Elle s'assit sur le fauteuil, le regard vide, fixant le sol.
"Alors, comment vous sentez-vous aujourd'hui ?" demanda la psychologue, ses lunettes glissant sur le bout de son nez.
"Je..." Théodora prit une profonde inspiration, les mots bloqués dans sa gorge. "Je crois que je perds la tête."
La psychologue hocha la tête, l'encourageant à poursuivre. "Pourquoi ressentez-vous cela ?"
"Je sens qu'il est là. Que Jasper est revenu," avoua-t-elle, la voix tremblante. "Parfois, je pense l'entendre, je sens son parfum, et aujourd'hui, j'ai cru entendre qu'on demandait le Dr Cullen à l'interphone." Les larmes roulèrent le long de ses joues, et elle tenta de les essuyer d'un geste maladroit. "Je ne sais plus ce qui est réel et ce qui ne l'est pas."
"C'est normal de ressentir cela," répondit calmement la psychologue. "Votre esprit s'accroche à ce qui lui est familier, à ce qui lui manque le plus. Il est normal de vouloir voir ou entendre ce qui nous a été arraché. Cela fait partie du processus de guérison."
"Mais s'ils étaient vraiment revenus ?" murmura Théodora, l'espoir perçant à travers sa voix.
"Ce serait une autre histoire," admit la psychologue. "Mais ce qui importe aujourd'hui, c'est de se concentrer sur vous. Vous avez vécu quelque chose de difficile, et il est normal que votre esprit cherche des réponses, cherche à combler le vide."
Théodora baissa la tête, les larmes coulant silencieusement. "Je ne sais pas comment avancer," avoua-t-elle, la voix brisée. "Je ne sais pas comment oublier."
"Peut-être que l'oubli n'est pas la solution," suggéra la psychologue avec douceur. "Peut-être qu'il s'agit d'apprendre à vivre avec ce qui a été, et de trouver la force d'aller de l'avant."
Théodora acquiesça lentement, ses pensées toujours tournées vers ce nom, cette voix qu'elle avait entendue à l'interphone. "Je ne sais pas si je pourrais le faire," murmura-t-elle.
"Vous avez déjà fait un pas énorme en venant ici," répondit la psychologue. "Et parfois, c'est tout ce qu'il faut pour commencer à guérir."
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❝ 𝐋𝐔𝐌𝐈𝐍𝐄𝐒𝐂𝐄𝐍𝐂𝐄 ❞ ʲᵃˢᵖᵉʳ ʰᵃˡᵉ ( FR )
Fanfiction❝ L'amour, comme la luminescence, éclaire même les coins les plus sombres, révélant des beautés cachées que seul le cœur peut percevoir. ❞ À la tombée de la nuit, une lueur douce et mystérieuse émane des recoins obscurs. Ce n'est pas les étoiles, ni...
