𝐑𝐎𝐒𝐄 𝐄𝐍 𝐅𝐄𝐔 (TOME 1 & 2 )

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 : 59

"La vérité est une flamme que rien ne peut éteindre, pas même la peur ou les interdictions."

Qui vivra verra, qui trahira paiera.

C'est ce que je m'étais promis en comprenant que la mort de mon père n'avait rien d'un hasard.

Ma vengeance... Elle est la seule chose qui me retient dans ce monde en ruines.

Chaque jour, je vois les murs s'effriter, l'espoir s'amenuiser, les regards se détourner.

L'angoisse nous ronge, insidieuse, et je sens mes propres forces vaciller.

Des mois d'enquête. Des pistes sans issue. Des doutes qui s'accumulent.

Mais abandonner ? Jamais.

Et pourtant, ce désespoir nous pèse, une ombre insupportable suspendue au-dessus de nous.

Que faire... ? Devrais-je la retrouver, cette femme... ?

Non. Mon père n'aurait jamais voulu ça. Je la hais, mais franchir cette ligne, c'est devenir ce que je combats.

Une clameur me tire de mes pensées.

Ares, hilarant qui tente de grimper sur les épaules d'Armando.

Un défi stupide. Et cet idiot a accepté.

Je soupire, détournant mon regard vers les dossiers éparpillés devant moi.

Un article jauni attire mon attention.

Une mort inquiétante à Milan.

J'ai demandé à Yaqub de fouiller les archives, de tout récupérer sur les années de service de mon père.

J'ignore encore le lien, mais quelque chose me serre la poitrine.

Un homme aurait été tué... Jeté par-dessus bord.

Les pièces du puzzle s'imbriquent lentement.

Trop lentement.

Mais je dois rester forte. Pour lui. Pour la vérité.

Je saisis une photo et mon souffle se bloque.

Mes doigts tremblent. Ma gorge se noue.

Un visage.

Un visage que je connais.

Les souvenirs affluent, acides, brûlants. Je ne voulais pas faire ce lien. Je refusais de l'admettre.

Mais c'est lui.

C'est...

La sonnette retentit, me ramenant brutalement à la réalité.

Un écho strident dans mon chaos intérieur.

-Bon sang , Ares, va ouvrir, soufflai-je, l'angoisse vrillant ma voix.

-À vos ordres, princesse, ricana-t-il, insouciant.

Derrière moi, Armando s'éclipse pour boire un verre d'eau.

Je l'entends râler sur l'absurdité de son défi avec Ares.

J'esquisse un sourire amer. Même dans le tumulte, eux trouvent encore le moyen de s'amuser.

-R... Rayhane, murmure une voix tremblante.

Je lève les yeux. Il ne m'appelle jamais par mon prénom d'habitude .

Le rouquin se tient là, une lettre à la main.

Une lettre ?

-Qui envoie encore des lettres ? Fais voir.