𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 : 85

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"La défaite n'est pas le contraire de la victoire, c'est une étape vers elle."







La tension dans la pièce était irrespirable. Le silence, lui, pesait comme une chape de plomb.

Il devait être trois heures du matin. Peut-être plus.

Le temps n'existait plus, de toute façon.

Je refusais de quitter l'hôpital. J'étais là, figée sur ce fauteuil inconfortable au cuir usé, le regard perdu dans un point fixe que je ne voyais même plus.

Tous étaient présents.

Tous... sauf Armando et Akira.

Leur absence rendait l'atmosphère encore plus étouffante.

Hazel, fidèle, restait à mes côtés. Elle posait parfois une main douce sur la mienne.

Elle murmurait des paroles que je n'entendais pas.

J'étais là, mais ailleurs.

Je n'avais pas prononcé un mot depuis l'instant où les portes des urgences s'étaient refermées sur le corps inerte de mon frère.

Il était hors de question que je le perde.

Hors de question qu'il parte comme ça.

Pas maintenant.

Pas après tout ce qu'on a traversé. Pas après tout ce que j'ai reconstruit pour créer, ou plutôt recoller, ce semblant de famille qu'il m'était resté.

Je m'en voulais.

Tellement.

Je m'en voulais parce que je ne lui avais jamais assez dit je t'aime.

Jamais assez dit à quel point il comptait.

Et si je ne pouvais plus jamais le lui dire ?

Les battements de mon cœur résonnaient jusque dans ma gorge.

Soudain, la porte des urgences s'ouvrit.

Je sursaute.

Le médecin apparaît.

La blouse froissée.

Le regard marqué par les heures. Les traits tendus.

Il retire son masque.

Mon souffle se bloque dans ma poitrine.

Tout s'arrête autour de moi. Le monde devient flou. Je n'entends plus rien. Juste le son de mon propre cœur qui cogne.

Je lis sa posture. Ses yeux. Chaque détail.

Je suis suspendue à ses lèvres.

Un seul mot... et tout pourrait s'effondrer.

Ou tout pourrait reprendre vie.

-Vous êtes les proches de Monsieur Yilmaz...?

Je hoche la tête avant de bredouiller :

-S... sa sœur. Je suis sa sœur.

Ma voix tremble, se brise. Je m'en fiche. Je veux juste le voir. Le voir respirer, même faiblement.

Juste savoir qu'il est encore là.

Le médecin inspire doucement, comme s'il cherchait les mots les moins cruels possibles.

Mais il n'y a jamais de bonne manière d'annoncer ce genre de chose.

-La chute a provoqué un traumatisme crânien, ainsi que plusieurs fractures... l'opération s'est bien déroulée, c'est déjà un bon signe. Mais...

𝐑𝐎𝐒𝐄 𝐄𝐍 𝐅𝐄𝐔 (TOME 1 & 2 ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant