𝐑𝐎𝐒𝐄 𝐄𝐍 𝐅𝐄𝐔 (TOME 1 & 2 )

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 : 92

"Il faut une force immense pour patienter, quand chaque fibre de notre être hurle de tout laisser tomber."

Une semaine s'est écoulée.

Sept jours à assembler les fragments d'une vérité que je n'ai pas encore le courage d'affronter en face.

Sept jours à recouper les témoignages, les silences, les incohérences.

Un puzzle dont l'image finale me glisse entre les doigts, comme si quelqu'un, quelque part, tirait les ficelles de cette mascarade bien avant que je ne m'en mêle.

Depuis mon enlèvement, les masques sont tombés.

Les frères Hafiz, des criminels redoutés , sont désormais mes alliés.

Inattendu ? Oui. Inquiétant ? Encore plus.

Mais dans ce monde, l'amitié est un luxe, et les alliances, des monnaies d'intérêt.

Aujourd'hui ils me protègent.
Demain, peut-être, ils me trahiront.

Et au sommet de cette pyramide toxique, il y a Francesco Hafiz.

Un homme qui voue à mon géniteur une haine si profonde qu'elle en devient presque religieuse.

Mais voilà où ça se complique.

Parce qu'autant il haïssait mon père, autant il aimait... ma mère.

Oui, Irina.

Il la pensait morte depuis des années.

Lorsque mon père a disparu dans cet accident trop propre pour être crédible  Francesco a cru qu'elle était partie avec lui .

Mon père...
Un infiltré.
Policier dans l'ombre.
Il a approché les Hafiz pour mieux les démanteler.
Mais c'est en les côtoyant qu'il a aimé.
Qu'il l'a aimée, elle.
Ma mère.

Et sa mort...
Je n'y crois pas.
Pas vraiment.
Elle est trop nette, trop scénarisée.
Comme si quelqu'un avait mis un point final à une histoire qu'il voulait contrôler.

Ma mère, elle, venait du marbre et de la soie.

Une enfant de l'élite, élevée dans le luxe et les illusions dorées.

Mais le sang de sa famille n'était pas si pur.

Ils avaient du pouvoir.
Des connexions.
Ils auraient pu la sauver.

Alors pourquoi n'ont-ils rien fait ?

Pourquoi, au lieu de résister, tremblait-elle à la simple évocation du nom de Francesco Hafiz ?

Et puis, il y a Silas.
Mon cousin.
L'héritier pourri d'un oncle qui m'a exploitée comme un pion.

C'est lui qui m'a poussée à franchir la ligne.
Qui m'a jetée dans l'ombre et appris à survivre en m'oubliant moi-même.

Il est mort.
Officiellement.

Mais comme pour mon père, sa disparition a un goût étrange.

Trop rapide. Trop pratique.

Alors qui a tiré les ficelles cette fois ?
Qui avait intérêt à le faire taire ?

Kiernan. Daphne.

Je les garde à distance.
Pas par peur.
Par prudence.

La confiance, dans ce monde, ça se mérite à coups de preuves... pas de sourires.