𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 : 80

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"Ce n'est pas qu'elle ne ressentait rien. Elle ressentait trop. C'est pour ça qu'elle se fermait. "









Armando ne daigne même pas relever la tête.

Il reste affalé sur le plan de travail, complètement hors service.

Moi, je prends mes distances, m'éloignant rapidement de lui.

-Qui est-ce que tu traites d'enfoiré ?

Cette voix.

Basse.

Froide.

Intransigeante.

Je me fige.

-Vous êtes déjà rentrés... soufflai-je, avant de me redresser.

-Vous étiez où ? demandai-je, en allant m'installer à l'autre bout de la table, comme pour marquer une distance.

-Chez une femme, répondit Ares avec un naturel désarmant.

Je cligne des yeux, déstabilisée.

Damon, évidemment, en rajoute avec un grand sourire moqueur.

-Rayhane qui se fait tromper avant même d'être officiellement en couple, ricanait-il, jusqu'à ce que Hazel lui colle un coup de coude dans les côtes.

Je fronce les sourcils.

Je fixe Lorenzo sans rien dire, mon regard vrillé au sien.

-C'est vrai ? demandai-je, la voix plus sèche que prévu.

Mais il ne répond pas.

Il ignore ma question.

Son regard se tourne lentement vers Ares, noir d'une colère contenue.

-Je t'ai posé une question avant, trésor, dit-il enfin, chaque syllabe tranchante comme une lame.

-C'est pas... C'est pas ce que tu crois, on... enfin, c'est compliqué, bégayait Ares , tentant de recoller les morceaux d'un mensonge même pas encore formulé.

-Réponds-moi.

Ma voix est ferme, sans tremblement.

Je ne bouge plus, je ne cille pas.

J'attends.

C'est alors que la porte s'ouvre dans un grincement.

-C'est quoi cette ambiance ? lance Yaqub, entrant dans la pièce, une enveloppe à la main.

Un silence tendu s'installe.

Tous les regards se croisent, mais personne ne parle.

Comme si mes mots, un instant plus tôt, avaient gelé l'atmosphère.

-Rayhane, j'ai les documents que tu m'as demandés. On va pouvoir y aller cet après-midi, déclare mon frère en me tendant l'enveloppe, les traits tirés, l'air éreinté.

Ils sont tous fatigués.

Ils bossent.

Ils font tout ce qu'ils peuvent pour m'aider.

Et moi ?

Je continue de faire comme si j'étais seule dans cette histoire.

Comme si personne ne se battait à mes côtés.

Est-ce que je suis ingrate ?

Les conversations reprennent doucement.

Je remarque que Lorenzo a quitté la pièce, les nerfs visiblement à vif.

𝐑𝐎𝐒𝐄 𝐄𝐍 𝐅𝐄𝐔 (TOME 1 & 2 ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant