𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄: 95

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INCONNU



"Il a trahi les siens, non par haine, mais par ce besoin cruel de sauver sa propre peau."




Je devais me faire bien voir par le patron.

Quitte à tous les briser.
Un par un.

Ici, la loyauté ne se choisit pas. Elle se prouve dans le sang, dans les ordres suivis sans trembler, dans le silence face à l'horreur. Et moi, j'avais pas le luxe de dire non.

On ne fait pas de compromis quand le boss a une idée en tête.

Pas lui. Pas cet homme-là.

Quand il veut quelque chose, tu la lui ramènes, ou tu finis en pièces dans un sac lesté au fond d'un canal.

Cette fois, ce qu'il voulait... c'était Rayhane.

Et je vais lui ramener.
Qu'elle hurle, qu'elle supplie, qu'elle me haïsse... peu importe.

Cette famille me tape sérieusement sur les nerfs.

Des grandes gueules, des faux-durs, des frangins aussi chaotiques qu'inutiles. J'en suis lessivé. Trois chiens de garde pour une gamine qui sait même pas qu'elle joue avec la mort.

Je lève lentement mon couteau, l'essuie contre ma manche déjà tachée, et fixe celui que j'ai attaché à une poutre rouillée du vieux hangar.

Il grelotte, la lèvre éclatée, du sang coule en filet sur son cou.

-Je te garde ici jusqu'à ce que j'aie eu la garce de Rayhane, je souffle, calme, comme si j'annonçais la météo. Mes doigts jouent avec la lame.

Le bruit résonne dans la pièce vide, sale, saturée d'humidité.

-Mon père est au courant de ce que tu me fais subir, enfoiré ?! qu'il crache, la voix éraillée.

Je souris. Un sourire froid, tranchant.

-Non seulement il le sait, mais en plus de ça... il en a rien à battre. Il m'a même dit de « faire le nécessaire ». Et crois-moi, je vais le faire. Jusqu'au bout.

Je tire une chaise métallique, vieille, grinçante, et m'assois face à lui.

Les néons au-dessus de nous clignotent.

Il pue la sueur, la peur, le sang. Ça me donne presque la nausée.

-T'aurais pas dû jouer au héros. J'te croyais plus malin que tes deux abrutis de frères. Le plus posé, le plus rationnel . J'me suis trompé. T'es juste un gosse qui croit encore qu'il peut sauver les autres. C'est touchant.

-Va brûler ! hurle Armando, les yeux fous. Rayhane ne mourra pas, et sûrement pas de tes mains, sale chien !

Ses poignets saignent contre les liens.

Il est à bout.

J'inspire lentement.

-À quoi bon ? Tu veux mourir pour elle ? Pour une fille qui est déjà dans les bras de Lorenzo ? Ouvre les yeux, putain. T'es rien pour elle. Rien.

Il serre la mâchoire, les veines de son cou saillent.

Il grogne plus qu'il ne parle maintenant.

-Tu te plains d'avoir eu une enfance misérable... Mais au fond, chacun récolte ce qu'il sème. T'as semé la haine, l'envie, la rancœur. Fallait pas t'attendre à autre chose.

Mon sourire se fige.
Mes yeux deviennent plus durs.

-Tu m'accuses de quoi là ? D'avoir été le chien de ta famille ? Le poussin noir ? Tout a toujours été pour Lorenzo. Toujours. Le don. Les regards. L'avenir. Tu vas me dire que toi, tu l'as jamais jalousé ? Pas une seule seconde ?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 02 ⏰

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𝐑𝐎𝐒𝐄 𝐄𝐍 𝐅𝐄𝐔 (TOME 1 & 2 ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant