𝐑𝐎𝐒𝐄 𝐄𝐍 𝐅𝐄𝐔 (TOME 1 & 2 )

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 : 93

ARMANDO

"Elle m'a hanté pendant des mois. Son rire, son regard, c'était mon oxygène. Et puis je l'ai vue tomber amoureuse d'un autre. Comme moi, elle regardait avec amour .
Sauf qu'elle, elle ne m'a jamais regardé comme ça."

Rayhane...

J'avais promis à son père de la protéger. Moi, et mes foutus frères.

Mais ce soir-là, pendant que je m'amusais en boîte, cette promesse me semblait lointaine. Inutile. Lorenzo s'en occupait, non ? Alors, à quoi bon m'en mêler ?

Puis je l'ai vue.

Affronter ces types sans réfléchir. Les mettre à terre avec une audace presque absurde.
Et j'ai ri.

J'ai ri de son culot, de cette façon insensée qu'elle a de foncer tête baissée.

À ce moment-là, je m'en foutais. Je n'ai jamais voulu la protéger, en réalité. Je la voyais comme un fardeau. Une gosse pleine de rage. Rien de plus.

Et pourtant...

Me voilà, attaché à une chaise, les poignets en sang, le visage tuméfié. En train de me faire torturer.

Pour elle.

-Tu vas parler, oui ?! BORDEL, ARMANDO ! ELLE MÉRITE PAS QUE TU SOIS DANS CET ÉTAT !

Je crache un filet de sang, les yeux rivés sur le sol poisseux.

-Au contraire... Parce que elle, je sais qu'elle ne m'aurait jamais trahi.

Le coup part. Une gifle brutale, sèche, qui claque contre ma joue déjà gonflée.

Je ne compte plus les fois où il m'a frappé. Les insultes. Les menaces. Les douleurs.

Et pourtant, rien.

-Connard.

Ma voix est faible, mais ferme. Le goût métallique du sang me monte à la bouche.

J'ai réussi à prouver qui avait tué le père de Rayhane.

Alessio Yilmaz.

J'ai planqué toutes les preuves, là où personne n'oserait chercher : dans cette vieille cabane, celle où son grand-père est mort.

Et lui...

Lui veut savoir où je les ai mises.

Mais je ne dirai rien. Jamais.

-Ma famille... c'est eux. Je ne les trahirai pour rien au monde.

Ma vision vacille.

Tout devient flou.

Je sens ma tête retomber. Je me sens partir.

J'ai dû perdre connaissance...

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Le jardin.

Notre famille possède un château immense, et un parc si vaste qu'on dirait un décor de film ancien.

Des fontaines chantent doucement, des plantes rares bordent les allées de pierres claires... même des animaux vivent ici , pas très dangereux, paraît-il.

Maman est encore malade.

Papa, lui, ne s'en soucie plus.

Peut-être que c'est ça, le pire : cette indifférence, ce vide autour d'elle.