𝐑𝐎𝐒𝐄 𝐄𝐍 𝐅𝐄𝐔 (TOME 1 & 2 )

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 : 3

"𝐋𝐚 𝐝𝐨𝐮𝐥𝐞𝐮𝐫 , 𝐜'𝐞𝐬𝐭 𝐞𝐥𝐥𝐞 , 𝐪𝐮𝐢
𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐠𝐞𝐧𝐬 "

Mes mains tâtonnent dans l'obscurité, fébriles.

Je lutte pour atteindre l'interrupteur, chaque mouvement semblant réveiller les douleurs enfouies dans mes muscles encore sous le choc.

Quand enfin la lumière s'allume, le monde bascule.

Un homme est allongé au sol.

Une mare de sang l'entoure, épaisse, presque noire sous la lumière blafarde.

Un tableau cauchemardesque.

Mon esprit refuse d'y croire.

Qu'est-ce que c'est que ce bordel... ?

-Quitte cette pièce, ordonne-t-il d'une voix sèche, tranchante comme une lame.

Je me fige.

C'est mon patient.

Mon patient.

Mais... est-ce lui qui m'a sauvée ?

Ou celui qui m'a agressée ?

La confusion me broie de l'intérieur.

Je ne comprends plus rien .

Je scrute son visage, cherche une vérité dans ses yeux, mais je n'y vois qu'un mélange de douleur et de colère.

-N... Non ! C'est vous qui... qui...

Ses traits se crispent. Quelque chose dans son regard change, comme une ombre qui glisse.

-Tu crois que c'est moi ? Que moi, je t'ai fait ça ? lâche-t-il avec un rire amer, presque insultant.

Je ne peux plus tenir debout.

Mes jambes cèdent, et je tombe assise sur le lit, aussi loin de lui que possible.

Le sol semble tournoyer sous moi.

La pièce se rétrécit.

J'étouffe.

Je serre ma poitrine, en quête d'air.

Ma respiration devient erratique.

Je tremble.

Mes mains ne répondent plus.

Ma vision se brouille.

Je suffoque.

Une crise d'angoisse. Violente. Totale.

Des sanglots silencieux m'échappent, incontrôlables.

Je me recroqueville, défaite, minuscule.

Le corps en feu. L'esprit en vrac.

-N... n'a... pas... n'approche... pas... balbutiai-je dans un souffle brisé.

Il... Il va me tuer ?

Il s'arrête, puis parle plus doucement, sa voix soudain enveloppante.

-N'aie pas peur de moi. Je veux t'aider. Fais-moi confiance. D'accord ?

-Te faire confiance ? Vous m'avez étranglée...!

Sa voix s'adoucit encore, presque suppliée.

C'est déconcertant.

Je veux le frapper. Le repousser. Mais je ne bouge pas.

Il s'agenouille devant moi, lentement, ses yeux cherchant les miens.