𝐑𝐎𝐒𝐄 𝐄𝐍 𝐅𝐄𝐔 (TOME 1 & 2 )

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄: 90

LORENZO

"Elle m'a apprit à l'aimer , mais elle ne m'a jamais apprit à l'oublier ."

Trop tard...

Je suis en retard. Trop en retard.

Le moteur vrombit sous mes doigts crispés sur le volant, la route défile à toute vitesse, mais mon esprit est ailleurs.

J'ai cette sensation désagréable qui s'accroche à mes tripes, ce foutu pressentiment que quelque chose ne tourne pas rond.

J'espère qu'elle ne m'en veut pas trop.

Ce n'est pas de ma faute.

Cette histoire... cet enfoiré n'a pas voulu parler.

Il a fallu des heures, une patience que je n'ai pas, et bien plus de violence que je ne l'aurais cru.

Il était solide, mais comme tous les autres avant lui, il a fini par céder.

Ils cèdent toujours.

À ma droite, Ares dort comme un gosse, la tête contre la vitre.

Damon, lui, est affalé à l'arrière, son souffle régulier témoignant d'un sommeil profond.

L'insouciance de ces deux-là m'exaspère.

Ils dorment comme si tout allait bien.

Je ralentis en approchant du manoir, mais mon regard se noircit immédiatement.

Les gardes ne sont pas là. Aucun de mes hommes n'est présents .

Un mauvais pressentiment me frappe de plein fouet.

Où sont ces imbéciles ?

Surtout où est mon trésor ?

Je klaxonne violemment, le bruit brisant le silence pesant de la nuit.

Ça a l'effet escompté : des silhouettes émergent dans la pénombre, visiblement prises au dépourvu.

Mes hommes dormaient ?

Ils veulent mourir ou quoi ?

-Ares, va voir où sont ces abrutis.

Ma voix est froide, tranchante.

Je coupe le moteur et sors de la voiture, toujours sur les nerfs.

-Damon, dégage de ma bagnole.

Il soupire, s'étire lentement avant de descendre.

-Toujours aussi aimable, Frangin... Je me demande si tu parles comme ça avec la princesse, bâille-t-il.

Rayhane.

Son prénom suffit à faire resserrer ma mâchoire.

Que vais-je lui dire ?

Je sais qu'elle n'aime pas ça.

Ne pas savoir où je vais, ce que je fais.

J'aimerai tout lui dire . La prendre dans mes bras et sentir son doux parfum .

Son regard, cette inquiétude silencieuse qu'elle n'ose pas toujours formuler...

Je la connais trop bien.

Mais je ne peux pas lui dire.

Je ne peux pas la mêler à ça, pas quand son frère n'est pas là pour veiller sur elle.