- Rox', une bière et une tequila s'il te plaît, cria Cali au fond de la salle.
Sa voix me sortit de mes pensées. La jeune femme d'à peine quelques années de plus que moi me fixait, haussant un sourcil en se demandant s'il fallait qu'elle répète. Je lui lançai un sourire pour lui faire comprendre que j'avais entendu et je me mis au travail. Les derniers jours étaient passés à une vitesse affolante. Après m'être remis de ma gueule de bois magistrale, j'avais passé la plupart de mon temps à me préparer au semestre d'étude qui m'attendait. J'avais fini de déballer le peu de cartons qui étaient restés dans mon appartement. J'avais aussi vu mon grand père quelques fois. Même si je n'habitais plus chez lui, parfois, sa présence rassurante me manquait. Je lui rendais donc visite dès que j'en avais l'occasion, car , même si aujourd'hui je m'assumais toute seule et volais de mes propres ailes, j'avais bien conscience que sans mon grand père, j'aurais sombré à la mort de ma mère. Il avait été là pour me recueillir et m'élever, quand personne, pas même mon propre père, ne voulait de moi. Je savais qu'il faisait partie du peu de personnes à qui je devais tout ce que j'étais à présent. C'était donc un minimum pour moi d'aller le voir autant que je le pouvais. J'avais aussi bossé plusieurs soirs comme celui-ci, au bar où je travaillais depuis quelques mois. Il se trouvait à une vingtaine de minutes seulement de mon appartement ce qui me permettait de m'y rendre à pied.
Cali vint me retrouver au bar pour prendre les commandes prêtes des tables et me rendit mon sourire. C'était une jeune femme qui, comme moi, travaillait quelques soirs par semaine pour payer son loyer et ses études. Elle venait de Nice, et s'était rendue sur la capitale pour retrouver son copain, il y a de cela presque deux ans. Nous avions été engagées pratiquement en même temps et nous nous étions rapidement entendues, grâce à nos similitudes. Il était pourtant rare que je m'entende aussi bien avec une fille, mais elle semblait avoir la même opinion que moi sur beaucoup de choses, ce qui nous avait rapidement rapprochées.
- C'est ce soir, que tu sors c'est ça ? Me demanda-t-elle en souriant.
- Oui, répondis-je en regardant à travers la porte vitrée. Mon ami ne devrait pas tarder à arriver.
- Alors va te changer, je m'occupe du bar, me fit-elle avec un clin d'oeil.
- Quoi ? Mais non, t'inquiète pas, il attendra !
- Allez, il ne reste quasiment plus de clients, et on ne va pas tarder à fermer de toute façon.
Pour mettre le geste à la parole, elle me montra la salle du bout du menton. Le bar-café n'était pas très grand, ni même très branché, mais il avait un charme ancien que ses clients venaient chercher. Pendant les périodes estivales, la plupart de nos clients étaient des touristes se baladant dans les ruelles de la ville Lumière. Mais dès que ces derniers rentraient chez eux et que l'automne pointait le bout de son nez, nos clients habituels revenaient. C'étaient principalement des personnes âgées, ou des étudiants, à la recherche de silence et de caféine pour se plonger dans leur travail. À cette heure-ci de la soirée, il n'y avait d'ailleurs plus que ces derniers dans la salle. Cali me prit le plateau des mains et me fit signe d'aller me changer. Je souris, la remerciais, et me rendit des les toilettes. J'enlevais rapidement le polo que devaient porter les serveuses et enfilais un débardeur simple, par dessus mon slim en jean et mes habituelles converses. Comme seul bijou, je portais le médaillon de ma mère, que je n'avais plus quitté depuis sa mort quatre ans plus tôt. Le contraste de l'or sur ma peau pâle et nue était étrange, mais je ne voulais pas l'enlever. Ce collier était une sorte de porte bonheur pour moi que je ne quittais jamais. Je passai rapidement un coup de brosse dans mes cheveux que j'avais eu le courage de lisser, et j'enfilais ma veste en cuir.
En sortant des toilettes, j'aperçus Sneaz derrière la porte vitrée qui me faisait signe de le rejoindre. Je souris et remerciais encore une fois Cali, lui promettant de lui rendre la prochaine fois qu'elle voudrait partir plus tôt, et je sortis. L'air frais me fit frissonner. Les températures baissaient déjà, du moins la nuit, alors que nous étions à peine le 8 septembre. Je n'avais pas hâte d'être en hiver, c'était une saison que je n'aimais pas particulièrement. Le froid, la pluie, la neige, et tout ce que l'hiver impliquait, ça n'avait jamais été mon truc. Je préférais de loin l'été et la chaleur. Je serrais mon ami dans mes bras, et tout en discutant, nous partîmes en direction de la fête. Celle-ci se passait chez un de ses amis, Antoine, l'un des membres du groupe, que j'avais déjà rencontré. Je savais qu'ils étaient plutôt nombreux dans leurs collectifs de rappeurs, et je craignais de m'incruster. Mais le jeune homme me rassura, en me disant que c'était une soirée tranquille et que les autres étaient contents de m'y voir.

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Flamme
FanfictionFrédéric Beigbeder a dit : "Fuir, toujours et courir sans relâche. Et puis, un jour s'arrêter pour dire à quelqu'un en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment." Ken et Roxane.