chapitre 9

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Quand Cali fondit en larmes dans mes bras, je me figeais totalement. Encore sous le choc de sa blessure, je l'enlaçai doucement en la ramenant dans la pièce principale, dont les derniers clients étaient sortis. J'en profitais pour lâcher mon amie quelques secondes, histoire de fermer la porte à clef, pour montrer que nous n'accueillions plus aucun client. Tant pis pour le travail. C'était une situation d'urgence. Je la fis s'asseoir sur le tabouret le plus proche et m'assis juste à côté d'elle.

- Cali, arrête de pleurer... Raconte moi, dis-je en lui prenant la main.

Il lui fallut quelques instants pour que ses sanglots se calment et qu'elle reprenne une respiration moins sacadée.

- Je... je sais pas ce qui lui a pris.., commença-t-elle difficilement.

J'eus au début du mal à comprendre de qui elle parlait.

- On se disputait. Je me souviens même plus pourquoi .... mais , on s'en fiche. Je veux dire, c'est normal de se disputer non ? Ça arrive dans tous les couples ? On disait tous les deux des trucs qu'on pensait pas, ça allait beaucoup trop loin, on le savait mais on n'arrivait pas à s'arrêter. Et puis, ça a encore plus dérapé et.. et, sanglota-t-elle de nouveau, incapable de finir sa phrase.

- Attend, c'est Mathieu qui t'a fait ça ? Ton Mathieu ?

Je n'eus pas de réponse. Je n'en avais pas besoin. Je n'en revenais pas. Cali m'avait parlé de nombreuses fois de son copain. Elle était avec depuis deux ans, et avait tout quitté pour lui. Je n'avais jamais vu une fille aussi amoureuse qu'elle. La voir comme ça, dans cet état, et surtout pour cette raison me brisait réellement le cœur.

- Mais... mais il s'est passé quoi après ? Finis-je par demander après quelques instants de silence.

- Je ne sais pas. Quelque chose a changé dans son regard, comme s'il était inconscient et qu'il revenait à lui. Je te promets, quand il a eu compris son geste, il avait une expression indescriptible sur le visage. Et après, il s'est excusé au moins un millier de fois, dit-elle en essayant de calmer du mieux qu'elle pouvait sa respiration.

- Mais, tu ne l'as pas pardonné hein ? Rassure moi. Tu n'es pas resté avec lui ?!

- Si. Enfin... non. Je ne sais pas. Je ne sais plus quoi penser. Il fait tout pour se racheter et ... je l'aime.

Je soupirais. J'avais l'impression de revivre une scène que j'avais vécue bien trop de fois. Avec ces mots, ce n'était plus Cali que j'entendais. C'était la voix de ma mère qui justifiait comme elle pouvait les actes de mon père auprès du peu de gens qui étaient au courant de ce qui se passait chez moi.

- Tu sais, ma mère aussi aimait mon père. Elle le répétait sans arrêt, à chaque fois qu'il levait la main sur elle. Elle a arrêté de le dire quand il lui a cassé le nez et ouvert l'arcade.

Mes mots la firent frémir. À moi, ils me déchirèrent le cœur. J'avais perdu l'habitude d'évoquer ma défunte mère, cela me faisait bien trop de mal. Surtout quand je devais raconter ce type de souvenir là. Le genre que j'aurais voulu oublier à tout jamais.

- Cali, tu ne peux pas rester avec lui, la coupais-je alors qu'elle ouvrait la bouche pour prendre la parole, et sûrement pour protester.

Elle referma rapidement la bouche. Son regard, habituellement pétillant, mais aujourd'hui dépourvu de cette lueur d'espoir croisa le mien. Je voyais une douleur que je ne connaissais que trop bien dans ses grands yeux verts. Ce n'était pas tant la blessure qui marquait sa joue qui lui faisait du mal, mais celle qui à présent, envahissait son cœur.

- Je sais... Au fond de moi, je sais que tu as raison, dit elle avec une unique larme coulant le long de sa joue bleutée. Mais... j'ai tout quitté pour lui. Ma ville, ma famille, mes amis. Je ne leur adresse même plus la parole. Si je ne l'ai plus lui, je n'ai nulle part où aller, où vivre.

FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant