Le mois de décembre avait filé à une vitesse alarmante. Avant même que je puisse m'en rendre compte, les couleurs chaudes de l'automne avaient été remplacées par les décorations de Noël dans Paris. Les vitrines des boutiques se surpassaient pour attirer le plus de client possible et les statuts et les nombreux clones à l'effigie du Père Noël s'étaient démultipliés. J'adorais voir la capitale en effervescence, voir le sourire sur le visage des enfants, la panique sur ceux des parents. Pourtant, depuis le plus loin que je me souvenais, je n'avais jamais aimé cette période de l'année, en particulier ce jour là. Pour moi, c'était une fête que l'on passait en famille. Or, j'avais très peu, voire aucun souvenir d'un Noël heureux dans mon enfance. Ils avaient tous étaient gâchés par un verre de trop de la part de mon père, d'un mot trop déplacé à son goût de la part de ma mère. Tous mes Noël, entourés de mes deux parents avaient vite tournés au carnage. Les plus heureux étaient ceux que j'avais vécu avec ma mère, rien que toutes les deux, après que mon père soit sortie de ma vie à mes sept ans. Les cadeaux n'étaient pas très luxueux car ma mère enchaînait les boulots pour pouvoir subvenir à nos besoins, mais ils étaient merveilleux, car je les passais avec la personne qui prenait le plus de place dans mon cœur.
Après la mort de ma mère, les Noëls étaient devenus plus ternes, plus tristes. Grand-père avait perdu l'habitude de les fêter après la mort de sa femme, mais il avait fait un effort pour moi. Ce n'était pas quelque chose de grandiose. Ni sapin, ni grand repas. Mais le fait de partager une journée tous les deux ensembles nous avaient toujours largement suffi.
Cette année, j'avais passé le réveillon chez la mère de mon meilleur ami, Shaima. J'enviais beaucoup la relation que Sneaz avait avec sa mère, et j'aimais bien penser que si ma mère était encore de ce monde aujourd'hui, j'aurais la même avec elle. Par certains égards, les deux femmes se ressemblaient. Tout d'abord par leur passé en commun. Le père de Sneaz, comme le mien avait été un homme violent, et il avait vite déserté sa famille. C'était aussi une femme très forte, il suffisait de la voir pour comprendre qu'elle n'avait pas eu une vie facile. Malgré ça, le sourire qu'elle affichait était si lumineux qu'il en faisait directement oublier son passé. Je savais que mon ami l'admirait beaucoup pour tout ce qu'elle avait fait pour lui et sa sœur. Durant mon adolescence, c'était cette femme qui avait pris le rôle d'une mère pour moi, me conseillant et me remontant le moral aussi bien que son fils. J'avais une dette indescriptible envers cette famille, et je les aimais comme, voire même plus que si ils avaient mon propre sang. Ils m'avaient toujours compté comme l'une des leurs et je savais que même si un jour je perdais le contact avec eux – ce qui n'était pas prêt d'arriver – ou que je partais à l'autre bout du monde, je n'oublierais jamais les personnes extraordinaires qu'ils étaient.
Le réveillon s'était bien déroulé. J'avais essayé de convaincre Cali de venir avec moi mais elle avait refusé poliment. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je savais que pour elle aussi, les fêtes de Noël étaient dures à vivre. Je l'avais donc laissé seule à l'appartement, vu qu'elle m'avait en revanche promis qu'elle m'accompagnerait le lendemain passer la journée chez mon grand-père.
Nous avions donc passé une bonne soirée tous les trois – sa sœur étant à l'étranger. Le repas de Shaima était, comme à son habitude délicieux – même ma nouvelle colocataire ne lui arrivait pas à la cheville – et le moment des cadeaux étaient venus. Shaima m'avait gentiment offert Je reviens te chercher de Guillaume Musso ,l'un, voire même mon auteur préféré. Je me doutais que le livre était le sien car il semblait avoir déjà vécu.
- C'est l'un des livres que je préfère. Je l'aurais bien offert à ma fille, mais elle déteste lire, s'était-elle exclamée en souriant. Je sais que toi tu l'adoreras.
Je l'avais alors prise dans mes bras, très touchée par ce cadeau. Je lui avais en retour, offert un disque de musiques arabes, qu'elle aimait tant. Quand c'était venu au tour de Sneaz d'offrir ses cadeaux, il avait tendu celui de sa mère et m'avait regardé.

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Flamme
FanficFrédéric Beigbeder a dit : "Fuir, toujours et courir sans relâche. Et puis, un jour s'arrêter pour dire à quelqu'un en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment." Ken et Roxane.