Flamme

chapitre 29

- Ça se met où ça ? Me demanda Doums en me montrant du menton, l'énorme carton qu'il portait à bout de bras.

- Est-ce-que je ressemble à la propriétaire de l'appartement ? Démerdes-toi avec Cali, soupirai-je en me rattachant les cheveux en hauteur pour éviter de les avoir devant les yeux.

Le jeune homme leva les yeux au ciel d'agacement, et posa le carton, qui, je devais l'avouer, avait l'air de peser une tonne, au sol.

- Dis donc la Renarde, t'as tes règles ou quoi ? Souffla-t-il.

Mon premier réflexe fut d'attraper un tournevis au sol, et, alors que je m'apprêtais à lui lancer dessus, une main se posa sur mon poignet, m'arrêtant en plein geste.

- Évite, marmonna Alpha en me reprenant l'objet des mains. On risque d'en avoir besoin. T'as qu'à lui balancer cette foutue notice pour monter l'armoire, elle est en néerlandais, donc elle nous est inutile.

- Et ma sécurité, tu t'en fous ? On voit les potes, grommela Doums.

Cali sortit d'une pièce et traversa le couloir, interrompant ainsi la dispute pour montrer à Doums dans quelle pièce il devait poser ce carton. L'intéressé souffla à nouveau, mais finit par obéir et quitta la pièce, tandis que la blonde me souriait.

- Si tu pouvais éviter de tacher mon parquet avec du sang, tu serais la meilleure, fit-elle en me faisant un clin d'oeil.

Alors que j'allais lui répondre, Alpha m'interrompit, ne me laissant même pas en placer une.

- Et si, toi, la prochaine fois, tu pouvais acheter tes meubles sur un site français, histoire qu'on puisse comprendre la notice, tu serais mignonne, grogna-t-il.

La blonde leva les yeux au ciel – réflexe que j'avais apparemment, refilé à tout le monde – et, en entendant un gros BOUM provenir de la pièce dans laquelle elle avait envoyé Doums, elle repartit dans le couloir en marmonnant dans sa barbe.

J'étais heureuse que mon amie ait fini par trouver un appartement qui lui convienne. Ledit appartement n'était qu'à une dizaine de minutes de chez moi, à pied, ce qui nous permettrait donc, de ne pas nous perdre de vue. C'était plus le déménagement qui nous posait problème. Bien sûr, la jeune femme avait refusé de payer des pros, et nous avait donc engagés, à moi et à toute la bande, pour l'aider. Je regrettai à présent presque d'avoir accepté. Le seul avantage, c'est que, étant petite, et franchement faible comparé aux garçons, j'avais pu éviter le déchargement des camions qui nous livraient les meubles. Par contre, j'avais été réquisitionnée avec Alpha pour monter les différentes étagères. En sois, ce n'était pas un travail affreux, surtout quand je voyais les grands gaillards comme Mekra, galérer à porter les énormes boîtes contenant les affaires de mon amie. Mais hélas, il avait fallu que, pour une question de prix, celle-ci commande les meubles sur un site, qui, apparemment, ne connaissait ni les notices en français, ni celles en anglais. Si nous nous étions bien moqué du reste des garçons au début de l'après-midi, c'était maintenant à leur tour de s'amuser de nous, en nous voyant, depuis plus d'une heure sur la même boîte, essayant de comprendre comment se montait cette foutue étagère. Ils s'amusaient à passer à côté de nous en se moquant, car, même les bras chargés, ils semblaient bien moins embêtés que nous.

Ce ne fût qu'au bout de quelques essais et de, facilement, une heure et demie de galère, que nous arrivâmes enfin à monter cette foutue étagère. Cela faisait un petit moment que les garçons avaient arrêtés de monter des cartons, et, alors que certains étaient affalés sur le canapé en train de fumer un joint – dont Doums, qui n'arrêtait pas de me narguer pour ma menace de tout à l'heure - , d'autres, s'étaient, comme nous, assis par terre, et comprenaient à présent notre casse-tête, puisqu'ils essayaient de monter la table basse, qui semblait encore plus complexe que le reste.