- Comment ça, Mathieu est venu te voir ? s'exclama Cali en s'arrêtant net alors que nous quittions ma fac, après qu'elle soit venue me chercher.
Un soleil radieux brillait sur Paris, et c'était d'ailleurs très étrange, puisque nous étions en plein milieu du mois de décembre. Malgré que le temps était au beau fixe, les températures, elles ne l'étaient pas, et même sous mon pull du S-Crew et mon bomber, je me gelais carrément, et mes mains étaient bien enfoncées dans mes poches pour éviter que je perde un ou deux doigts sur la route.
- Oui, soupirai-je un peu gênée pour elle. D'ailleurs ça a un peu dégénérer...
- Quoi ? C'est à dire ?! s'exclama-t-elle encore plus fort, en posant sa main sur mon bras, exactement au même endroit que l'avait fait son ex-copain, mais clairement pas avec la même poigne.
Quelques personnes s'étaient retournées sur leur passage pour nous voir, puisque mon amie, parlait fort, ne nous aidant pas vraiment à passer inaperçue. Pendant une fraction de seconde, je me demandai si je devais lui dire la vérité. Je savais qu'elle flippait déjà beaucoup quant au comportement de son ex-copain, et je n'étais pas sûre que ce que je m'apprêtais à lui dire la rassure beaucoup.
- Disons qu'il a un peu trop insister pour avoir ton adresse. Je ne sais même pas comment il a trouvé la mienne, mais...
- Mais qu'est-ce-qu'il foutait chez toi ? soupira-t-elle en me coupant dans ma phrase.
- Ken a été obligé de lui en mettre une pour qu'il me lâche, dis-je en faisant une petite grimace en repensant à la scène.
Alors que nous avions recommencé à marcher, mon amie se figea à nouveau, me stoppant dans mon sillage. J'aurais peut-être - même sûrement - dû lui dire de manière plus délicate ou plus fine, mais je n'en avais pas trouvé. Comment dire à sa meilleure amie que son ex se transformait peu à peu en psychopathe, qui avait dû se prendre une droite par mon ex pour qu'il me lâche enfin le poignet ? Je ne pensais pas avoir à dire ça un jour dans ma vie. Je lui fis un signe de la tête pour lui indiquer que je voulais continuer à marcher tout en parlant, et elle me suivit. Au moment où elle ouvrit la bouche, une voix nous coupa.
- Roxane, attendez, s'exclama une voix qui me disait vaguement quelque chose.
Bordel, soupira ma conscience, on n'arrivera jamais à faire plus de deux pas sans s'arrêter. Ce n'était pas faux, puisque depuis tout à l'heure, Cali était un peu en état de choc quant au comportement de son ex, du coup, nous n'avancions pas vraiment. Je commençai à me demander si les garçons, que nous devions rejoindre dans un café à quelques rues de là, seraient encore présents puisque tout semblait réunis pour nous mettre en retard. Je soufflai, exaspérée par l'immobilité et le froid, et je me tournai en même temps que mon amie blonde, pour voir qui m'interpellait. Je vis alors Mr Soulié, l'un de mes professeur d'université, marcher d'un pas pressé dans ma direction. Je fronçai les sourcils, me demandant bien que me valait cette interpellation.
- Désolé de vous interrompre, s'excusa-t-il en se grattant la nuque, visiblement gêné, en lâchant un petit regard à Cali.
Je haussai les épaules pour lui montrer que ce n'était pas grave. Le rouge sur ses joues mal rasées - je ne savais pas si c'était dû au froid ou à son malaise - lui allait plutôt bien. D'ailleurs, c'était plutôt un beau garçon, bien qu'il devait sûrement avoir la trentaine, ce qui, le rendait bien trop vieux pour moi. Ses cheveux bruns étaient toujours impeccablement coiffés, et son style, en plus de ses cours passionnants, en faisant probablement l'un des professeurs les plus intéressants de ma fac. Je m'empressais de détourner le regard, en m'imaginant que je devais avoir l'air étrange, à le fixer et le détailler ainsi. Je lui fis un petit sourire pour l'inciter à parler, me demandant bien ce qu'il me voulait.

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Flamme
FanfictionFrédéric Beigbeder a dit : "Fuir, toujours et courir sans relâche. Et puis, un jour s'arrêter pour dire à quelqu'un en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment." Ken et Roxane.