Même après y avoir réfléchi pendant quelques jours, je n'avais toujours pas compris d'où lui était venue cette soudaine hésitation. Je n'avais pas arrêté de me demander si j'avais fait ou dit quelque chose de mal en sa présence, mais rien de précis ne me venait en tête. J'avais pourtant vu au studio, après ce foutu jeu de la bouteille, qu'il me regardait différemment, mais je doutai que cela soit en rapport avec mon annonce. La colère m'était pourtant rapidement montée quand, à la soirée de Doums, je l'avais vu avec une blonde sur les genoux en arrivant. J'avais essayé de ne pas trop le montrer, surtout parce que Sneaz me connaissait bien, et que je ne souhaitai pas montrer que son comportement m'atteignait. Mais que je le veuille ou pas, cela m'avait atteint. Cette soirée était donc rapidement devenue ennuyante à mes yeux, surtout que Cali était restée à la maison pour réviser. J'avais vite compris que rien ne me retenait ici, puisque Sneaz était avec le reste des garçons, alors quand j'en avais eu marre, j'étais rentrée chez moi. Et puis, quand j'avais surpris Ken en train de me suivre sur la route, et que j'avais entendu ses paroles, j'avais été tout d'abord paumée. Je n'avais pas compris d'où cette indécision lui était venue, et je ne le comprenais toujours pas. La tension entre nous avait finit par s'adoucir, et il m'avait raccompagné jusqu'à ma station de métro.
Mais je ne pouvais pas m'empêcher de me demander ce qui lui avait pris. Et surtout, est-ce-que ça lui reprendrait ? Je me sentais encore plus perdue sur notre relation que je ne l'avais déjà été auparavant, et maintenant, c'était mon tour de me poser des tonnes de questions. Puisque je supposais que c'était ça, le problème quand on s'attachait à quelqu'un d'indécis comme Ken : on ne savait jamais si le lendemain, cette personne voudrait toujours de nous. Cette pensée n'avait pas cessé de me torturer durant les jours qui avaient suivi cette étrange conversation. Je n'en avais pas fait part à Cali, parce que j'avais eût peur qu'elle me prenne pour une idiote, et qu'elle me force à lui demander d'où lui venait ses doutes. Je n'étais pas sûre de vouloir en connaître la cause, puisque ma conscience n'arrêtait pas de secouer la tête en disant que tout ça sentait mauvais.
J'avais donc presque été heureuse quand ma période d'examens avait commencé. Ainsi, j'avais beaucoup moins l'occasion de penser à Ken, même si celui-ci m'avait tout de même envoyé un message pour me souhaiter bonne chance. La semaine avait donc été très longue et je n'avais pas pu me rendre au café. À peine rentrais-je de mes examens vers dix-neuf heures le soir, que je tombais d'épuisement sur mon lit. Le vendredi , en milieu d'après-midi, j'avais été très heureuse de sortir de cette foutue fac. Je ne m'inquiétais pas trop en ce qui concernait mes notes, puisque j'avais travaillé d'arrache-pied pour réussir ces foutus examens. En sortant du bâtiment principal, rangeant quelques feuilles dans mon sac à main en bordel, je fus surprise de voir Ken, planté devant, les mains dans les poches, les yeux rivés sur son téléphone. Je profitai qu'il ne me voit pas pour pouvoir l'observer. J'adorais la façon dont sa veste en jean le mettait en valeur, et ses cheveux, étaient, comme à leur habitude en bataille. Quand il leva la tête, je vis qu'il avait une moustache de trois jours, qui lui allait plutôt bien, même si elle le vieillissait un peu. Il me lança un sourire alors que j'étais à présent bien plus proche.
- Qu'est-ce-que tu fais là ? Demandai-je en m'arrêtant près de lui. Tu devrais pas être en studio ?
- On a fini pour la semaine, m'expliqua-t-il avant de me faire un bisou sur le front, geste qui me surprit beaucoup.
- Du coup,tu m'emmènes faire une balade ? Dis-je en souriant.
Il me répondit par un simple clin d'œil, et nous commençâmes à marcher dans une direction totalement aléatoire – du moins pour ma part. Je fus surprise de voir que, malgré la discussion que nous avions eue, une semaine plus tôt, il n'y ait aucune tension entre nous. Nous parlâmes un peu de tout ; de mes examens, de sa semaine en studio, du futur album, du reste de la bande, mais pas de ses incertitudes qui semblaient avoir totalement disparu, du moins je l'espérais. Au bout d'un moment, il passa son bras autour de mon cou et nous marchâmes ainsi jusqu'à arriver au Pont de la Concorde, là où nous nous étions rendus lors de notre dernier rencard. L'ambiance en journée y était totalement différente qu'à trois heures du matin, et je préférai largement celle de la nuit, qui laissait plus de calme malgré le bourdonnement incessant de la circulation, mais aussi plus d'intimité. Nous finîmes donc par faire une pause sur ce fameux pont, et je m'asseyais sur le muret tandis qu'il se calait entre mes jambes, dos à moi pour regarder les voitures passer juste devant nous. Je sortis mon téléphone, que je venais de sentir vibrer dans mon sac, et je vis que Sneaz m'avait envoyé un message.

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Flamme
FanfictionFrédéric Beigbeder a dit : "Fuir, toujours et courir sans relâche. Et puis, un jour s'arrêter pour dire à quelqu'un en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment." Ken et Roxane.