chapitre 36

5.7K 338 96
                                    

- Il a dit Suga ? s'exclama Cali un peu trop fort pour les clients de la table qu'elle servait, qui lui lancèrent un regard noir.

Pour toute réponse, je hochais la tête en achevant de débarrasser la table d'à côté, en posant les tasses vides sur mon plateau, avant de retourner vers le bar où je posai tout ça sur le plan de travail.

- Suga, comme Suga, le surnom qu'il a donné à son ex ? demanda-t-elle en me rejoignant derrière le comptoir.

- Non, Suga comme le restaurateur chinois d'en face, grommelai-je en levant les yeux au ciel, d'un ton plein de sarcasmes.

- Eh, t'énerves pas sur moi, souffla-t-elle en me faisant un clin d'œil compatissant.

Je savais que ce n'était pas de sa faute, mais j'étais à fleur de peau depuis que j'avais quitté l'appartement de Ken ce matin. Putain. Si j'avais su qui se trouvait derrière cette foutue porte, je serais probablement retournée me coucher.

- Et il a dit ça comment ?

J'étais à peu près persuadée qu'à la prochaine question débile de la part de mon amie, j'allais lui balancer la tasse que j'avais dans les mains à la figure. Elle ne m'aidait vraiment pas sur le coup.

- Bah, tu veux qu'il l'ait dit comment ? Comme un mec qui avait pas vu cette fille depuis des années, soupirai-je.

- Alors toi, après toutes les embrouilles qu'il y a eu entre vous deux, au moment où ça va bien, et où son ex débarque, tu les laisses seuls dans un appartement ? T'es masochistes ou tu le fais exprès ? s'exclama Cali.

Je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard noir, pourtant, je ne savais que trop bien que j'avais raison. Dès le moment où j'avais quitté l'appartement, je m'en étais voulue, même si je préférais clairement crever que de l'assumer.

- J'étais en retard pour le boulot, marmonnai-je dans ma barbe.

- T'es toujours en retard d'habitude, et bien plus que ça, répliqua-t-elle sans me quitter du regard.

Je n'allais sûrement pas l'avouer, mais je savais qu'en vérité, j'avais surtout, bel et bien flippé. Je n'avais rien à répondre à Cali, puisque de toute façon, elle avait clairement raison. Je me sentais affreusement faible d'avoir fuit face à une situation telle que celle-ci, mais, n'ayant que rarement eu des sentiments pour quelqu'un, je n'étais absolument pas préparé à ça. Alors j'avais fuis, parce qu'après tout, c'était encore ce que je faisais le mieux.
Je l'avais regretter amèrement toute la journée, puisque je n'avais pas arrêté de penser à ça. Des tonnes de questions se bousculaient dans ma tête et je ne savais pas comment les faire sortir. Le moyen le plus rapide pour les en faire sortir aurait sûrement été de demander les réponses au principal intéressé mais je n'étais pas sûre et certaine que cela soit une bonne idée. Pour une fois que tout se passait plus ou moins bien.
Pourquoi étais-je partie bordel ? Je crois que c'était cette question qui me hantait le plus. Quelle abrutie. De plus, ayant la tête préoccupée par tout ça, j'avais clairement du mal à rester concentrée sur mon boulot et cela se faisait clairement ressentir, même si Cali ne disait rien, préférant sûrement ne faire aucun commentaire vu mon humeur massacrante du jour. J'avais failli me brûler plusieurs fois avec du café bouillant, et je ne préférais même pas évoquer le nombre de fois pi j'avais faillit faire tomber mon plateau plein de tasses, vides ou pleines. J'avais donc été très soulagée quand ma journée de travail avait finalement été terminée en début de soirée. Cali m'avait proposé de passer la nuit chez elle, mais je n'étais clairement pas d'humeur à passer une soirée entre fille. De plus, Ken m'avait dit la veille qu'il passerait chez moi après sa séance de studio. Or, je l'attendais de pied ferme en espérant avoir des réponses à mes questions. Que c'était-il passé ? Que s'étaient-ils dit? L'avait-il fait rentré dans l'appartement ? Et que faisait-elle là, bordel ? Ma tête allait exploser d'un moment à l'autre.
J'étais tellement préoccupée que le voyage en métro passa plus rapidement que jamais. En sortant de la station la plus proche de chez moi, je glissai sur une plaque d'eiut et je retrouvai mon équilibre de justesse avant de finir les fesses par terre.

FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant