chapitre 41

5.8K 313 37
                                    


- Comment ça, tu n'as jamais écouté un album entier de Michael Jackson ? s'outra mon meilleur ami en s'arrêtant en plein milieu du trottoir.

Heureusement pour nous, personne ne se trouvait derrière, et ainsi, il ne gêna pas la circulation.Par contre, la façon dont il me regardait suggérait clairement qu'il était sur le point de m'étriper et de me jeter dans la Seine. Quelle idée j'avais eu de dire ça, alors que nous nous baladions sur les quais.

- C'est pas ma faute si c'est pas mon style de musique, me justifiai-je en le tirant par le bras pour qu'il se remette à avancer, ce qu'il fit sans me lâcher de son regard noir.

- Quel style de musique ? T'es la première à dire que t'aimes tout, s'exclama-t-il.

Je fis une grimace. Ce garçon me connaissait beaucoup trop bien. Il avait totalement raison. J'aimais toute sorte de musique. Je pouvais me détendre sur Clair de lune de Debussy, avant d'écouter du rap comme en faisait mes amis. Mais pour être honnête, je n'avais jamais été une grande fan de Mickael Jackson contrairement à mon meilleur ami. Alors forcément, je sentais son regard lourd de reproche sur moi.

- Tu me fais honte, je te renie, décréta-t-il alors en croisant les bras sur son torse et en prenant un air boudeur.

Ce fût mon tour de le fusiller du regard, outrée par ses paroles, et de m'arrêter en plein milieu de la rue. Quand il vit l'expression sur mon visage, mon meilleur ami explosa de rire et fit la moue. Durant toute la balade, nous passâmes notre temps à se chamailler comme des enfants. C'était ce que nous étions quand nous étions ensemble ; des grands enfants. Des frères et soeurs. Pourtant, plus d'une fois les gens nous avaient prit pour un couple. Rien que d'y penser, cela me dégoûtait. Cela reviendrait presque à de l'inceste, du moins, pour ma part, puisque, s'il n'était pas mon frère de sang, il était bien plus que ça. J'appréciais ce qu'il faisait. Depuis plus d'une semaine, depuis que Ken était partit avec le reste du S-Crew pour finir d'enregistrer leur album, il passait son temps à me rendre visite. Je ne savais pas si c'était par pitié, ou parce qu'il s'ennuyait lui aussi, et, même si cela me faisait chaud au coeur, je ne savais pas si j'étais censé lui dire que l'absence de mon ex-copain ne m'atteignait pas tant que ça.
Après tout, c'était la vérité. Je m'en étais rendue compte le jour où Sneaz me l'avait annoncé. Au début, cela m'avait fait étrange, parce que c'était si soudain. Je pensai au moins avoir le droit d'être tenue au courant, mais apparemment, ce n'était plus le cas. Mais le soir, en y repensant, couchée dans mon lit, en train de ficher le plafond et de me poser des questions existentielles, je m'étais rendue compte que ce départ n'était finalement pas si mauvais en fin de compte. Maintenant que tout était dit entre nous, et que je n'allais pas le voir durant quelques semaines, j'avais toutes les cartes en main pour pouvoir tourner la page, et je ne comptais pas me gêner. J'étais bien décidée à penser à autre chose qu'à Ken, et jusque là, ça marchait plutôt bien. Même Cali était impressionnée par ma bonne humeur du moment, qui était loin d'être fausse ou surjouée.
A la fin de notre balade, alors que nous nous rendions chez Alpha pour une petite réunion improvisé, Sneaz me proposa de nous arrêter chez mon grand-père, et j'acceptai volontiers. Je me rendis compte que je n'étais pas allée le voir depuis plus de trois semaines, et je m'en voulais beaucoup. Je craignais qu'il ne se sente seul, et même si, depuis la mort de ma grand-mère, il était devenu un loup solitaire, cela me faisait tout de même beaucoup de peine.
Pourtant, quand nous arrivâmes devant la porte de sa maison, celle dans laquelle j'avais grandie, personne ne vint nous ouvrir. Pendant quelques secondes, je gardais mes sourcils froncés. Peut-être était-il sortit ? Pourtant, je savais qu'il avait de plus en plus de mal à marcher, et cela m'aurait étonné qu'il soit allé loin avec sa canne.

FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant