chapitre 18

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Quand mon portable vibra dans ma poche arrière, je ne pus m'empêcher de sursauter, faisant au passage tomber le verre que j'étais en train d'essuyer à l'aide d'un torchon. J'eus le réflexe de le rattraper avant qu'il ne touche le sol et se brise en mille morceaux, ce qui m'aurait fait nettoyer. Je le reposai vite sur le plan de travail, ainsi que le torchon. Je finis d'essuyer mes mains humides d'avoir fait la vaisselle sur mon jean et je sortis mon téléphone de ma poche. Je fus clairement déçue en voyant l'expéditeur du message.

De : Raphaël.

Alors, tu veux toujours que l'on se voit ? Tu peux dire non tu sais !

Je grimaçai, et, ne sachant quoi répondre, je rangeai vite mon téléphone dans ma poche. Trop tard. Apparemment, Cali m'avait vu et s'empressa de me rejoindre de l'autre côté du bar, le regard plein d'espoir. Elle attendait une réponse. Je me contentai de secouer la tête négativement.

- C'est pas possible, quel crevard, s'exclama-t-elle en lâchant le balai qu'elle avait dans les mains, qui s'écrasa bruyamment au sol.

Je levai les yeux au ciel tandis qu'elle ramassait l'objet. Elle avait l'air encore plus déçue que moi, alors que je ne pensais pas que cela serait possible. Elle ne me lâchait pas du regard, comme si elle attendait que je pète un câble sous ses yeux. Je tentai de l'ignorer et me remis à cette foutue vaisselle.

- Dis moi, tu comptes au moins lui foutre une bonne droite quand il reviendra, n'est-ce pas ? Me demanda-t-elle, médusée face à ma non réaction.

Je savais qu'elle avait raison. Je savais que c'était de la colère que je devais ressentir. Et c'était sûrement ce que je ressentirais quand j'aurais le jeune homme en face de moi. Mais actuellement, à cet instant précis, la seule chose que je ressentais, c'était de la déception.

- Roxane, tu ne vas pas laisser passer ça ? D'accord, vous n'étiez pas officiellement en couple, mais c'est pas une raison pour qu'il ne te donne pas de nouvelle alors qu'il part trois semaines en tournée ! Ça fait déjà deux semaines qu'ils sont partis, et il ne t'a pas envoyé un seul message, rajouta mon amie.

Je me mordis la lèvre en entendant ces mots. Elle avait raison. J'aurais pu trouver toutes sortes d'excuses à Ken. Peut être avait-il cassé son téléphone ? Peut être avait-il perdu mon numéro ? Peut être était-il trop fatigué ? Mais je savais qu'aucune de ces hypothèses n'était la vérité. Je me prenais la réalité en pleine figure ; si je ne recevais aucun message du jeune homme, c'est parce qu'il n'avait pas envie de m'en envoyer un. Alors certes, je ne m'attendais pas à recevoir un message tous les jours. Je n'en avais même pas envie. Mais je ne m'attendais pas non plus à passer trois semaines sans aucune nouvelle de lui. Ne croyez pas que j'ai passé ces quatorze jours à vérifier mon téléphone toutes les deux minutes pour voir la moindre notification de sa part. Mais j'avais tout de même espéré un peu plus. Et pour ne pas changer, j'étais déçue.

- Tu veux que je te dise quoi Cali ? Que je suis surprise ? Parce qu'au final, je ne le suis même pas. À quoi je m'attendais ? Il doit passer ses journées entourées de groupies.

- Raison de plus pour lui foutre une bonne patate à son retour. Ça lui remettra les idées en place, dit-elle en me lançant un sourire, qui fut contagieux.

Je devais avouer que plus elle m'en parlait, plus cette histoire de droite devenait un scénario envisageable dans ma tête. Après tout, il l'aurait bien mérité. Sneaz, lui, m'avait appelé plusieurs fois depuis leur départ, ce qui m'avait un peu réconforté. Apparemment, tout se passait super bien et ils s'éclataient. J'étais très heureuse pour lui. J'étais même fière, qu'il réalise son rêve. Mais cette histoire avec Ken me minait complètement le moral, et je ne savais pas du tout comment réagir, surtout lorsque je le reverrais dans quelques jours. L'ignorer ? M'énerver ? Lui en coller une ? Le rendre jaloux ? Toutes ces propositions étaient très tentantes, encore plus les unes que les autres. Mais je savais qu'il était impossible de prévoir un plan d'attaque. Mes réactions lorsqu'il était en face de moi étaient toujours imprévisible. Alors je préférais ne pas trop penser à ces retrouvailles et improviser le jour J. En sentant à nouveau mon téléphone vibrer dans ma poche, je commençais vraiment à me demander si mon futur mari comme continuait de l'appeler Cali, n'était pas en fait un harceleur ou un psychopathe. Je décidai que son message, quel qu'il soit, pouvait attendre et je finissais la vaisselle.

FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant