Connaissez-vous la citation « J'ai appris que de grands amis peuvent devenir de parfaits inconnus et qu'au contraire, un inconnu peut devenir un ami pour la vie » ? A vrai dire, je ne sais même pas qui l'a écrite. Je sais simplement que cette phrase a pris tout son sens quand j'ai rencontré Sneaz - de son vrai nom Mohamed, même s'il refusait que je l'appelle comme ça . Ce soir-là, c'était le début d'une grande amitié. D'ailleurs depuis ce moment là, il est devenu mon meilleur ami, mon confident, un peu mon frère. Depuis ce moment là, j'ai recommencé à vivre et pas juste survivre, comme l'avait si bien dit mon grand père. Pas tout d'un coup, bien sûr, il m'a fallu du temps pour réapprendre à faire des sourires sincères, ou même à rire. À m'amuser. À profiter de la vie. Ça m'a pris du temps, mais je ne pensais même pas en être à nouveau capable un jour. Mais Sneaz était toujours là, pour me remonter le moral, pour me soutenir dans les moments difficiles, pour me faire rire quand ça n'allait pas. Au fur et à mesure que le temps passait, la plaie semblait moins béante, moins douloureuse, et même si je savais qu'elle ne disparaîtrait jamais entièrement, j'étais heureuse d'avoir trouvé quelqu'un dans ma vie qui atténuait la douleur que représentait mon passé.
Quatre années s'étaient écoulées depuis ma rencontre avec le jeune homme, mais notre amitié n'avait jamais été plus forte. Grâce au sourire et à la joie de vivre qu'il m'avait rendu, j'étais devenue la jeune femme que je rêvais d'être depuis toute petite. Une femme drôle, fière, avec de la répartie et un côté mystérieux que seules les personnes qui me connaissaient vraiment pouvaient décrypter. J'étais à présent heureuse de pouvoir dire que mes plus grandes faiblesses, mes plus profondes blessures m'avaient rendus plus forte. J'avais aussi écouté les paroles de mon grand père ce soir là, et j'avais repensé aux derniers mots de ma mère : Je veux que tu t'amuses, que tu danses, que tu fasses la fête, que tu sortes avec plein de garçon, que tu tombes amoureuse, que tu profites de ce que la vie a à t'offrir. Alors cette phrase était un peu devenu une sorte de mantra, que je suivais plus ou moins. En me remémorant cette phrase, j'avais décidé d'arrêter de me morfondre, et de suivre ses conseils, en me disant que c'est ce qu'elle aurait voulu. J'avais donc bien évolué pendant ces années. J'avais beaucoup plus de facilité à aller vers les gens que durant mon adolescence, où j'avais plutôt du mal à me faire des amis. Mais malgré ça, j'avais toujours mon côté solitaire, qui de temps en temps refaisait surface. Pendant ces moments là, je retournais à mon refuge, ce lieu de réconfort qui avait abrité nombre de mes crises de nerfs et de larmes. Même quand je ne me sentais pas forcément triste, j'adorais y retourner, et profiter de la si belle vue que ce magnifique balcon avait à m'offrir. Je n'y avais jamais emmené personne. Même pas Sneaz. Je ressentais un amour presque physique pour cet endroit, et j'avais l'impression que le montrer, même à mon plus fidèle ami, c'était brisé cette intimité qui me liait à ce lieu.
La sonnerie de mon téléphone, qui m'annonça que j'avais un message, me sortit de mes pensées. J'étais là, appuyée contre la rambarde du petit balcon de mon nouvel appartement dans lequel j'avais emménagé la veille, les yeux dans la vague, admirant plus ou moins la vue qu'il offrait sur la ruelle de mon petit immeuble dans le sud de la capitale. J'avais appris à aimer Paris avec le temps, et même s'il était clair que l'ambiance, les gens, la ville et les températures n'avaient rien à voir avec ma ville d'origine Marseille, j'avais commencé à aimer la capitale d'une façon totalement différente. Aujourd'hui, malgré le manque de la Méditerranée et du soleil, j'adorais vivre dans la Ville Lumière. J'adorais me balader dans les ruelles de Montmartre, sur les quais, sur l'Avenue des Champs-Elysée, tel le cliché de la Parisienne modèle. Au fur et à mesure du temps, cette ville était devenue mon foyer. J'avais eu beaucoup de chance de tomber sur un appartement comme celui-ci, vu l'état actuel de l'immobilier sur Paris. Mais grand père avait de vieilles relations dans cette zone de la ville, et connaissait mon désir d'avoir mon propre appartement une fois le lycée finit. Et même si je l'avais fini un an en retard, après avoir redoublé ma terminale, j'avais finalement eu mon bac à 19 ans, et j'avais quitté la maison de mon grand père, dans laquelle je vivais depuis plus de quatre années. J'étais heureuse d'avoir trouvé un appartement comme celui-ci, ni trop petit, ni trop grand, situé seulement à quelques rues de la maison de grand père Garry, mais aussi de chez Sneaz, et surtout de mon Balcon. Ainsi, j'étais prêt de tout ce que j'aimais. Cet appartement n'était pas très grand puisqu'il faisait à peu près une vingtaine de mètres carrés, mais il possédait un charme typiquement Parisien. Les murs étaient blancs ce qui le rendait lumineux mais le parquet sombre et vieilli donnait un peu de chaleur au tout. L'entrée et le salon étaient une même pièce, pas très grande mais suffisante pour accueillir un canapé et une table basse, posés sur un tapis en fausse fourrure, et un meuble télé. La cuisine non plus n'était pas très grande mais était ouverte sur la pièce principale et plutôt bien assez emménagée. J'avais la chance d'avoir une chambre avec un petit balcon et une grande armoire, ainsi qu'une salle de bain pour moi toute seule, ce qui me changeait de celle que je partageais avec mon grand père, bien qu'elle était plus grande. Ma pièce préférée restait le salon avec la grande bibliothèque que j'avais monté la veille jusqu'à tard dans la nuit - ne croyez pas que les meubles à monter sois-même sont faciles quand les explications sont en néerlandais - même si pour l'instant la plupart de mes livres étaient entassés dans les cartons où restés chez grand père Garry. La lecture était une passion que ma mère m'avait transmise. J'y avais été baigné depuis ma plus tendre enfance et aujourd'hui, c'était une force pour moi. De la science fiction, plus principalement la dystopie, aux romans à l'eau de rose, en passant par des œuvres plus philosophiques et classiques, j'étais passionnée par les livres, et dès que j'avais un peu de temps pour moi, j'adorais me plonger dans un nouveau bouquin ou me replonger dans l'un de mes anciens. Eux, ainsi que la plupart du reste de mes affaires étaient encore dans des cartons, que j'avais prévus, avec un peu de chance de finir de déballer dans la journée.

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Flamme
FanfictionFrédéric Beigbeder a dit : "Fuir, toujours et courir sans relâche. Et puis, un jour s'arrêter pour dire à quelqu'un en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment." Ken et Roxane.