chapitre 23

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Il parut surpris par mes paroles, comme s'il ne s'attendait pas du tout à ça. Son regard fit plusieurs allers-retours entre ma main, toujours tendue dans sa direction, et mon visage, comme pour vérifier que j'étais vraiment sérieuse. Je ne la retirai pas, puisque je l'étais réellement. Ken finit donc par l'attraper et la serrer, en me lançant son plus beau sourire, qui me réchauffa vraiment le cœur, dans cette soirée gelée. Son contact m'électrisa, et des fourmillements gagnèrent la totalité de ma main, tandis que je fixais sa peau contre la mienne, qu'il finit à mon plus grand regret par lâcher. J'aurais pu réagir autrement. J'aurais pu lui dire que j'en avais marre de ses conneries, de ses excuses, de cette relation qui ne menait à rien. J'aurais pu lui dire que je le détestais, qu'il ne valait rien et que je ne voulais plus qu'il s'approche de moi. J'aurais même peut être dû, puisque par sa faute, je vivais sur de constantes montagnes russes émotionnelles depuis des mois. Mais, la vérité, c'était que même si j'en aurais eût envie – ce qui n'était absolument pas le cas, surtout à cet instant précis – je doutais sincèrement que j'en aurais été capable. Sa déclaration m'avait vraiment laissé sur le cul, et je savais qu'au fond, il avait eut du mal à me dire ça. Il n'était sûrement pas du genre à faire de grandes déclarations sans arrêt, et, à vrai dire, je ne l'étais pas non plus. Dans la plupart des situations, faire de grandes déclarations, montrer mes sentiments, les avouer, ça m'écorchait plus la gueule qu'autre chose. Mais j'avais décelé de la sincérité dans son discours, surtout parce qu'il était aussi gêné de me le faire que je ne l'aurais été dans le cas inverse, de lui faire moi aussi. Il avait détourné le regard sur la magnifique vue de la capitale enneigée, sûrement pour fuir le mien qui était rivé sur lui. Je finis à mon tour par poser les yeux ailleurs, de peur d'avoir l'air d'une folle à lier, en le fixant ainsi.

Je ne sais pas combien de temps nous restâmes ainsi, à voir la ville Lumière se recouvrir d'une fine couche de neige, mais je sais que si ce moment aurait duré des heures, cela ne m'aurait pas du tout dérangé, contrairement à mes doigts que je ne sentais presque plus, même enfoncés dans mes poches. J'aurais tout donné pour savoir à quoi il pensait à cet instant précis. Il n'avait pas repris la parole, et même si le silence entre nous n'était absolument pas gênant, j'aurais aimé connaître ce qui lui passait par la tête, et surtout les questions qu'il se posait, puisque, vu son air énigmatique, il réfléchissait à quelque chose d'important. J'essayais de faire en sorte que mon regard ne dérive pas trop vers lui, mais c'était peine perdue. J'étais tellement intriguée, qu'à cet instant, tous mes problèmes avaient disparu de mon esprit. Il n'y avait plus que lui et moi. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander ce qui se passerait entre nous, maintenant qu'il avait été sincère, et que nous avions décidé de repartir à zéro. Seul le temps nous le dirait certainement.

Au bout d'un long moment de silence et de réflexion, il finit par lâcher un soupir, qui m'aurait presque fendu l'âme et son regard se posa sur moi.

- On va y aller, déclara-t-il.

Pour toute réponse, je haussais les épaules. J'étais presque déçue, puisque cela ne m'aurait pas dérangé de rester encore là quelque temps, mais je savais que c'était le mieux à faire si je voulais vite récupérer l'usage de mes doigts gelés. Il se débrouilla donc pour se relever et me tendit la main pour m'aider, que j'acceptais volontiers. Il me lâcha dès que je fus sur mes pieds et nous nous dirigeâmes vers la porte en métal, qui n'était pas complètement refermée, bloquée par une brique pour éviter que nous soyons enfermés dehors, sur le toit. Dès l'instant où je fus debout, je regrettai de ne pas avoir fait attention à l'endroit où je posai mes pieds, puisque sans même comprendre comment, à peine avais-je fait un pas que je m'étais retrouvée les fesses sur le béton, ayant glissé sur une plaque de gel, ou quelque chose comme ça. En entendant le choc, Ken se retourna vers moi et me regarda incrédule.

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