- Comment ça, tu t'en fous ? s'exclama Cali en fronçant les sourcils.
Je haussais les épaules pour toutes réponses, ce qui me valut un regard noir de la part de ma meilleure amie, ainsi qu'un coup de coussin que je m'empressai de lui rendre. Pour je ne sais quelle raison,elle avait tenu à ce que l'on passe une soirée entre filles, avec, comme il se devait, des films bien niais et de la nourriture bien grasse. Je savais que, même si elle le niait en bloc, elle tentait à sa manière de me remonter le moral, même si je n'avais absolument l'impression d'en avoir besoin.
Voyant que je ne répondais toujours pas à sa question, elle reprit la parole, me coupant encore une fois de l'ambiance légère du film LOL.- Tu évites les garçons depuis deux semaines, mais à part ça, tu t'en fous ? fit-elle en fronçant encore plus les sourcils ce qui lui donnait un air toujours plus sévère, tout en croisant les bras sur sa poitrine, signe qu'elle ne croyait pas un seul des mots qui sortait de ma bouche.
- Pourquoi ce serait à moi d'être triste ? C'est lui qui a perdu une personne qui tenait vraiment à lui, pas moi. Définitivement, pas moi, ajoutai-je.
Je sentis le regard dur de mon amie sur moi. Elle m'observait, cherchant sûrement un signe de faiblesse là où il n'y en avait et n'en n'aurait pas. Ces mots sortaient du fond de mon cœur. Sachant que ses yeux insisterait jusqu'à ce que je crache le morceau, je soupirai.
- Bon, je t'avoue tout de même que j'ai pas forcément envie de le croiser, surtout s'il a ramené sa nouvelle occupation, grommelai-je en faisant référence à Suga.
C'était la vérité. Je n'avais absolument pas envie de me faire du mal en croisant Ken. Je n'avais eu aucune nouvelle de lui durant les deux semaines qui s'étaient écoulés depuis notre dispute, et je n'en voulais pas. J'avais refusé plus ou moins poliment chacune des invitations des garçons à des diverses soirées, justement pour ne pas avoir à le voir, et surtout pas s'il devait être avec sa probable, nouvelle copine qu'était son ex.
- Tu sais, les garçons m'ont invité quelques fois, et jamais il ne leur a ramené. D'ailleurs, aucun d'eux n'a évoqué son prénom une seule fois, c'est à se demander s'ils savent qu'elle est de retour, m'expliqua Cali.
A ces mots, mon cœur fit involontairement un bond dans ma poitrine. Stop. Cela ne voulait rien dire, et cela ne méritait sûrement pas cette réaction, surtout avec la manière que le jeune homme avait eût de m'avouer qu'il s'était repassé quelque chose entre eux, et qu'il était toujours amoureux d'elle. En me remémorant ce moment, mon cœur qui semblait avoir retrouvé un peu de vitalité fut de nouveau anéanti.
- Ça ne change rien, la contredis-je. Il doit la garder caché dans son lit.
J'entendis la jolie blonde à mes côtés soupirer. Elle dût comprendre à mon ton que je ne voulais pas m'éterniser sur ce sujet, et encore moins maintenant, puisqu'elle tourna la tête vers l'écran et ne posa plus de question sur Ken, ou sur comment je me sentais vis-à-vis de ce qui s'était passé deux semaines auparavant. Je préférai me changer les idées, que de me morfondre sur moi-même. C'était pourtant ce que j'avais fait pendant les premiers jours ayant suivis a fameuse conversation que j'avais eu avec Ken. J'étais restée cloîtrée chez moi, enfouie sous mes couettes dans mon lit si confortable, et si fidèle, lui. La vérité, c'était que je n'avais pas arrêté de me poser toujours des questions. Enfin, une seule question : pourquoi ? Je me demandai pourquoi nous nous étions battus l'un pour l'autre, et l'un contre l'autre pendant des mois, pour une histoire qui de ait se terminer ainsi ? Ne méritions nous pas mieux ? Et moi, ne méritais-je pas mieux qu'un simple oui en guise d'explication ? Ce oui, ce simple mot, ce simple son, n'avait cessé de tourner dans ma tête pendant des heures entières comme un vieux disque rayé. Après la partie colère, durant laquelle j'avais insulté Ken et son ex, que je ne connaissais pourtant pas de tous les noms, était venue la parte tristesse. J'avais pleuré toutes les larmes de mon corps, en me demandant pourquoi à peine un an plus tôt, je rêvais de tomber amoureuse, alors qu'aujourd'hui, je le regrettai amèrement ? Puis en partie finale, c'était la honte et l'indifference qui avaient prit le dessus sur le reste. Pourquoi était-ce à moi de me lamenter sur mon sort quand c'était lui qui m'avait définitivement perdu ? Et puis pourquoi étais-je censée pleurer pour un garçon comme ça ? En y réfléchissant, si nos hauts avaient étés magiques, nos bas avaient étés bien plus nombreux. Allais-je vraiment passer des semaines pour un garçon qui me rendait plus malheureuse que l'inverse ? Pas question. Cette réponse avait mis trois jours à être nette dans mon esprit, mais une fois que j'avais pris cette décision, j'étais sortie de mon lit et j'avais repris plus ou moins une vie normale. Une vie de célibataire. Je ne disais pas que c'était toujours faciles, mais c'était supportable, même si parfois, la colère, ou la tristesse, ou bien les deux à la fois refaisaient surface.
Une sonnerie de téléphone nous tira de nos pensées à moi et Cali, alors que les miennes n'étaient plus tant que ça absorbées par le film qui se déroulait sous nos yeux.

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Flamme
Fiksi PenggemarFrédéric Beigbeder a dit : "Fuir, toujours et courir sans relâche. Et puis, un jour s'arrêter pour dire à quelqu'un en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment." Ken et Roxane.