Flamme

chapitre 19

Trois jours s'étaient écoulés depuis que j'avais mis fin à ma «relation» avec Ken. Trois jours durant lesquels je n'avais eu qu'une envie : m'enfermer dans le noir et rester dans mon lit à me morfondre. Mais même ça, je n'avais pas pu le faire. Je ne voulais surtout pas inquiéter Cali, et surtout Sneaz qui se serait vite douté de quelque chose. Je crois bien que c'était ça le pire : faire semblant d'aller bien, alors que ce n'était pas vraiment le cas. C'était étrange. Je n'avais jamais été dans un état pareil pour un garçon. Même ceux avec qui j'étais sortie. Même ceux à qui je croyais m'être attaché. Ceux-là n'avaient jamais laissé de trou dans ma poitrine comme celui qui s'y était creusé.

Je savais que ce n'était pas normal. Je n'aurais pas dû être aussi déçue par une personne que je ne connaissais que depuis quelques mois. Une personne avec qui je n'avais pas eu de relation officielle, ou même un tant sois peu définie. Mais je ne pouvais pas montrer que j'avais mal. Et je ne pouvais pas fuir la bande éternellement. Et surtout pas à cause de lui. Je m'étais vraiment attachée à tout ces garçons, et ce n'était pas à moi de fuir Ken. Moi, je n'avais rien à me reprocher. Lui,si. J'avais agis comme je le devais.

Trois jours après cette « rupture », alors que Cali et moi travaillions au café, ce furent ses mots qui me remirent les pieds sur terre après cette période où j'avais eu l'esprit embrumé dans ma déception.

- C'est pas aujourd'hui que tu as ton rencard avec ton futur mari ? Me demanda-t-elle en débarrassant une table à côté de celle dont je m'occupais.

En l'entendant, j'interrompis tous mes gestes et je me figeai sur place. Mais quelle abrutie je faisais.

- Merde, Raphaël ! M'exclamai-je en me tapant le front.

- T'avais oublié ?!

- Complètement, avouai-je un peu gênée.

Elle leva les yeux au ciel, un réflexe que je lui avais sûrement refilé. C'est vrai que ce rendez-vous m'était totalement sorti de la tête après tous les événements du week-end précédent. J'avais prévu d'aller me balader avec le jeune homme après le travail. J'avais accepté ce rencard – si ça en était vraiment un – avant le retour des garçons en ville, mais je n'étais maintenant plus vraiment sûre d'en avoir réellement envie. Je n'avais qu'un désir : rentrer chez moi et m'enfouir sous ma couverture. Mais je me voyais mal annuler au dernier moment ou pire, lui poser un lapin.

Cali dû s'en apercevoir et lire mon hésitation sur mon visage puisqu'elle essaya comme elle pouvait de me rassurer.

- Allez, t'inquiète pas. Ça va te changer les idées !

- Tu crois .. ?

- J'en suis persuadée,déclara-t-elle.

Elle en avait l'air certaine. Moi pas. Mais je n'avais de toute façon pas envie de la contredire ou de débattre plus longtemps sur ce sujet.

- Oh merde, grommelai-je en baissant les yeux sur moi.

- Quoi ?

Je pointai alors ma tenue du doigt. Je ne portais qu'un tee-shirt banal gris, un jean noir et des baskets. Pas vraiment le top pour un premier rendez-vous, même si cela ne restait qu'une balade. Je fus encore plus désespérée en imaginant ma tête. J'avais des cernes de trois kilomètres de long ces derniers temps, vu que je ne dormais pas très bien. Je n'étais même pas maquillée, et mes cheveux ondulés devaient être tout emmêlés.

- Pour ta tenue, je ne peux rien faire, mais va fouiller dans ma trousse de maquillage pour arranger ta tête de zombie.

J'hésitai à la remercier infiniment ou à lui faire un doigt d'honneur. Du coup, je ne fis ni l'un ni l'autre, j'attrapai son sac à main et je m'enfermai dans les toilettes du café. Je pus au moins effacer légèrement mes cernes, me mettre une touche de mascara et m'appliquer du rouge à lèvres bordeaux. Je démêlai rapidement ma chevelure avant de l'attacher en queue de cheval haute.