Pendant une grande partie de la journée, je m'étais honnêtement demandée ce que je foutais là. Sneaz avait essayé de me faire sourire en me faisant des clins d'œil, mais je restais extrêmement mal à l'aise. T'aurais dû t'en douter, grommela ma conscience. Quelle idée j'avais eu, d'accepter d'accompagner Ken, au baptême de sa filleule, une enfant que je n'avais vu qu'une seule fois, et dont je ne connaissais même pas les parents. Le jeune homme, trop occupé par ceux-ci, avait hélas très peu le temps d'être avec moi, mais je ne lui en voulais pas. Bien sûr, la quasi-totalité de la bande était présente, notamment mon meilleur ami, Doums, Framal, Mekra, Malone, Alpha, Antoine,et quelques autres. Mais eux tous avaient plus ou moins un rapport avec les parents de l'enfant. Moi pas. L'après-midi, m'avait donc paru très longue, car, même si l'ambiance était plutôt cool, je me sentais extrêmement mal à l'aise dans une église. Pour être honnête, je n'étais pas retournée dans un bâtiment tel que celui-ci depuis l'enterrement dans ma mère. Et puis, je devais avouer que je trouvais ce genre d'endroit asse glauque.
La façon dont les garçons regardaient Keïko, était adorable. On voyait bien que malgré son bas-âge, ils l'aimaient tous, et qu'elle faisait partie de cette grande famille qu'ils formaient, à leur manière. Je devais bien avouer, que mon regard à moi, était bien plus attiré par Ken, qui était vraiment très beau aujourd'hui. Ses cheveux, sûrement trop longs pour qu'il en fasse quelque chose d'autre, étaient plaqués en arrière, et ça lui allait même plutôt bien. Cette coupe, en plus de cette petite moustache qu'il se laissait pousser depuis quelques jours lui donnaient un petit air de mafieux italien. Mais un mafieux plutôt sexy. Il portait une chemise noir qui lui allait à merveille, et je me rendis compte que c'était la première fois que je le voyais sur son trente-et-un. D'ailleurs, tout le monde l'était plus ou moins, et je devais bien admettre que voir Doums en chemise était un évènement presque traumatisant pour moi, tant cela s'éloignait de son style habituel. Pour ma part, j'avais enfilé une jolie jupe grise, un chemisier noir avec des détails en dentelles, une paire de talons hauts empruntés à Cali et mon perfecto en cuir. Ne sachant pas vraiment comment m'habiller pour ce genre d'évènement, j'avais préféré resté dans la simplicité, essayant tout simplement de discipliner mes cheveux en de jolies boucles.
En fin d'après-midi / début de soirée, nous nous étions tous réunis chez Doums, pour faire un apéritif avec les parents de Keïko, Tony et Lauryne, où nous avions prévu, plus tard dans la soirée, d'aller en boîte pour faire un after digne de ce nom. Je me rendais compte qu'avec eux, toutes les excuses étaient bonnes pour faire la fête, ce qui, je devais l'avouer était plutôt amusant. N'étaient-ils jamais fatigués ? Entre les concerts, les fêtes, et les nuits qu'ils passaient au studio, je me demandai moi même, comment j'avais fait pour m'habituer à leur rythme de vie, qui n'était pas des plus banals. Cali et moi, avions encore du mal à nous y faire, sûrement parce que nous allions en cours ou au travail la plus part du temps, alors qu'eux enchaînaient les petits boulots sans intérêts. Tant qu'ils avaient le rap, c'était évident, ils avaient leur raison de vivre. Mon ancienne colocataire et moi même, vivions entre ces deux mondes, et, je ne savais toujours pas dans lequel je vivais le mieux. Disons que la fêtarde en moi, s'adaptait rapidement au rythme des garçons, tandis que la fille qui se levait tôt le lendemain matin pour aller en cours, regrettait la veille amèrement. Autant dire que tout cela était, difficilement compatible. Mais malgré tout ça, je n'aurais échangé ces aventures pour rien au monde.
L'ambiance, un peu étrange au début, finit avec le temps par se relâcher et devint même plutôt festive. Nous étions plus d'une trentain dans l'appartement de Doums, alors le jeune homme avait dû faire de la place en poussant tous les meubles dans les recoins de la pièce principale. Malgré ses efforts, nous manquions clairement d'espace, et nous avions vraiment du mal à nous retrouver dans tout ce monde, que, pour la plupart, je ne connaissais même pas. C'était étrange comme sensation, parce que d'habitude, même s'il m'était impossible de mettre des noms sur des visages, ceux-ci m'étaient vaguement familier. Là, c'était loin d'être le cas, et être entourée d'inconnu dans un lieu pourtant si familier me mettait vraiment mal à l'aise. A part le monde et le fait qu'une enfant soit parmi nous, la fête ressemblait exactement à celles que nous avions l'habitude de faire. Enfin, presque. La musique était la même, toujours aussi forte, mais pourtant, cela ne semblait pas du tout déranger Keïko, qui, toute souriante, était assise et jouait sur les genoux d'un Mekra, un peu plus mal à l'aise. Il n'y avait pas vraiment beaucoup d'alcool, comparé à nos fêtes habituelles. Les garçons se retenaient, je le voyais bien. Ils prenaient sur eux en attendant de pouvoir se défouler en boîte de nuit et décompresser. En attendant, c'était plutôt drôle de les voir tous, plus ou moins, se contenir. Doums ne faisait pas voler ses dreadlocks dans tous les sens, Sneaz ne dansait pas en plein milieu de la pièce, Deen n'était pas à moitié bourré. Étrange, c'était bien le mot pour décrire ce début de soirée.

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Flamme
FanfictionFrédéric Beigbeder a dit : "Fuir, toujours et courir sans relâche. Et puis, un jour s'arrêter pour dire à quelqu'un en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment." Ken et Roxane.