• CHAPITRE DEUX •

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Je me réveille en sursaut en maugréant intérieurement contre mon inconscient. Je suis totalement pétrifiée et angoissée à l'idée des examens à venir. Cependant, ce n'est clairement pas en avec des nuits aussi courtes et garnies d'autant de cauchemars que je réussirai à garder mon sang-froid en temps voulu. Je m'étire tel un chat en me dirigeant sans réfléchir vers mon réfrigérateur. Bien que je n'aie pas dîné avant de m'assoupir mollement, je n'ai pas réellement faim. Il est près de cinq heures du matin et je démarre une nouvelle journée dans une petite heure. Ce n'est même pas la peine d'imaginer pouvoir me recoucher un moment. Autant me doucher et tenter de remettre le nez dedans pour avoir au moins la sensation de ne pas avoir perdu ces dernières heures. J'attrape une bouteille de lait en me tortillant pour me déshabiller. En études de médecine, nous acquérons certains réflexes et nous apprenons au plus vite à être multitâches afin de capitaliser un maximum notre temps. Toutefois, boire au goulot est une habitude disgracieuse dont je n'arrive pas à me défaire depuis l'enfance. Une manie qui a le don d'agacer ma mère... comme bien d'autres d'ailleurs. Pour ma part, je trouve simplement que c'est d'une facilité presque déconcertante. L'équation est évidente : pas de verre, pas de vaisselle, pas de vaisselle, pas de perte de temps. Je me surprends de nouveau à rêvasser. Si je réussis à bien me classer avec mon dossier et mes résultats passés, je m'assurerais par la force des choses un internat dans l'hôpital de mon choix. J'ai tellement hâte d'y être et d'entrer dans le vif du sujet. La théorie et les stages ont certes des avantages, mais j'attends l'adrénaline du terrain. Je saurai enfin de quel bois je suis faite et je découvrirai si j'ai les épaules assez solides pour sacrifier mes plus belles années à venir pour me spécialiser. La sonnette retentit et je suis si surprise que j'en lâche la bouteille. Je ne peux qu'assister à son explosion fracassante lors de sa rencontre avec le sol. Je grogne à la vue de ce désastre et je regrette d'avoir pensé un instant plus tôt que j'étais dotée de bons réflexes. La personne qui se tient de l'autre côté de la porte appuie plusieurs fois d'affiliées et je perçois d'ici son agacement. Qui peut bien venir à cette heure-ci ? Je me dis qu'il n'y a qu'une seule façon de le découvrir et ce n'est pas en restant planté là. J'enjambe donc le lait ainsi que les morceaux de verre aussi prudemment que possible et je me dirige vers l'entrée. Je grince des dents, car le son est maintenant continu. Je trouve ce comportement d'une insolence incroyable. J'ouvre, mais alors que je m'apprêtais à éclater à mon tour à l'instar de la bouteille, je me replie presque sur moi-même face aux yeux qui me fixent.

— Bonsoir, dit-il.

— Bonjour, je réponds.

Je ne pense pas que ce soit le moment pour ergoter sur ce genre de détails, mais c'est bien plus fort que moi.

— En quoi puis-je t'être utile ?

S'il remarque que j'emploie exactement la même question que la sienne lorsque je me suis présentée à sa porte, il n'en laisse rien paraître pour autant.

— Aurais-tu l'amabilité de me prêter ton téléphone ? demande-t-il les mâchoires serrées.

Je suis littéralement abasourdie par sa requête et à plus forte raison par le fait qu'il soit venu sonner chez moi à cette heure-ci.

— Le dilemme n'est pas si cornélien, oui ou non ? reprend-il irrité.

— Pour quel motif ?

— J'aurais probablement dû me douter que tu étais la dernière personne chez qui j'aurais dû me présenter.

Il se détourne sans un mot de plus et je vois rouge. Mais je rêve ! En fulminant, je m'élance à sa suite dans le couloir. Pour qui se prend-il ? Je l'attrape fermement et je m'apprête à lui faire part de ma façon de penser, mais le bruit de la porte qui claque derrière moi me glace le sang. Non ! Non ! Non ! Je suis encore en plein cauchemar, c'est certain ! Je ne vois aucune autre raison plausible. Mon nouveau voisin fait volte-face, jette un regard furibond à ma main qui est fermement agrippée à son avant-bras avant de me toiser froidement de la tête aux pieds.

WHEN JULIET NEEDS ROMEOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant