• CHAPITRE QUARANTE-TROIS •

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Je pose les mains sur son torse pour mettre un peu de distance entre nous. La chaleur de son corps et la profondeur de son regard dans lequel je me noie me troublent bien plus que je ne pourrais jamais l'admettre. Il esquisse un sourire insolent, car ce n'est probablement pas difficile de comprendre ce vers quoi mes pensées sont tournées lorsque je l'observe ainsi.

— Juliet ?

— Je ne peux pas faire ça.

— Faire quoi ?

— Je ne peux pas te libérer.

— Pourquoi donc ? souffle-t-il.

Sous mes doigts, je sens que son cœur se lance dans une course folle et je suis persuadée au plus profond de mes tripes que c'est parce qu'il sait déjà pourquoi. Il me connaît bien mieux que je ne me connais et il me l'a prouvé bien plus d'une fois, ce n'est donc pas la peine de tenter de botter en touche.

— Parce que je n'en ai pas envie.

— Pourquoi ? insiste-t-il.

— Parce que je tiens à toi.

Son rythme cardiaque accélère un peu alors qu'un sourire mutin se dessine sur ses lèvres. Lorsqu'il enserre pleinement ma taille, je réalise que ce contact a une saveur nouvelle jusque là inconnue et défendue.

— Oubliais-je ! Tu as de l'affection pour moi, plaisante-t-il sans aucune méchanceté.

— C'est exactement ça ! dis-je sans me démonter.

— Je présume que je vais devoir me contenter de cet aveu. N'est-ce pas ?

— Oui.

— Comme toujours, tu es impitoyable en affaires. Cela dit en ma qualité d'avocat, je ne peux que te conseiller de prendre garde. Tu dois maintenant savoir que les mots me sont précieux. Je prends donc cette confession comme un témoignage de ta sincérité envers nous Juliet.

Je tique à l'emploi du pronom qui roule bien trop confortablement sur sa langue, mais je suis ravie qu'il ne le remarque pas.

— Pas de machine arrière cette fois-ci, rajoute-t-il.

Maintenant que les vannes sont ouvertes et que le barrage a cédé sous la pression, je ne suis pas sûre de réussir à endiguer cette vague qui bouleverse tout en moi et qui ébranle mes convictions les plus profondes. Cela m'exalte autant que cela me terrifie.

— Que se passe-t-il la chieuse ? demande-t-il en caressant tendrement ma joue.

La décision que nous venons de prendre tacitement me retourne les entrailles malgré moi et je ne peux pas solliciter de la franchise de sa part si je n'en fais pas preuve moi-même.

— Tout serait plus facile si la situation n'était pas aussi épineuse.

— Que crains-tu ?

La ligne de ses sourcils se rejoint presque tant il les fronce.

— Que nous déclenchions les enfers pour commencer !

— Laissons la foudre s'abattre sur nous alors. J'ai les épaules assez robustes pour nous en protéger et nous tenir à l'abri autant de temps qu'il faudra.

— C'est vite dit.

— Fais-moi confiance, pour toi j'écraserai d'une main impétueuse et d'une volonté impérieuse quiconque sèmera le moindre doute ici...

Il passe légèrement ses doigts sur mes tempes avant de les remplacer par la douceur de ses lèvres. J'aimerais avoir une foi inébranlable en ses promesses, mais je n'arrive pas à m'y abandonner pleinement. Le risque est encore bien trop grand.

WHEN JULIET NEEDS ROMEOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant