• CHAPITRE VINGT-HUIT •

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Les yeux qui me fixent résolument sur le papier glacé sont en tout point identiques à ceux qui me regardent avec humour à cet instant précis. Ce visage, ces traits, ces cheveux... Mon esprit a du mal à digérer la nouvelle. C'est bel et bien son portrait qui est en couverture de la revue juridique la plus importante du pays. La légende m'apprend en lettres grasses : Maître Andrews ou l'avocat prodige le plus rentable des États-Unis.

— Je te l'ai dit et répété, je ne te mens pas. Quant à mes chevilles, elles se portent divinement bien, mais merci de t'en être soucié cela dit, raille-t-il.

Lequel des deux est le vrai Romeo ? Le voisin qui se promène telle une divinité grecque à moitié nu devant moi depuis quelques jours ou cet homme en costume impeccable à la pose parfaite et au regard charismatique et ténébreux face à l'objectif ?

— Si tu savais comme la haine est un moteur puissant. Elle nous amène à nous surpasser, à surmonter nos craintes et à dépasser nos propres records. J'ai bâti ma carrière sur elle et je brûlerais volontiers dans les flammes du brasier que je déclencherais pour l'assouvir.

Il écarte en grand les bras pour ponctuer son discours.

— Tout cela ne vaut rien. Une traînée de sable dans le désert.

Battre des paupières est le seul réflexe que je possède toujours. Mon corps lui est totalement pétrifié. Je ne sais absolument pas quoi dire, que faire et surtout comment me positionner face à ce qu'il est en train de me dévoiler. Je vais de surprise en surprise. Pourquoi Craig et Marcellus n'ont-ils pas mis en lumière plus tôt ce détail d'une importance non négligeable ? Il y a une différence entre le fait d'avoir fait du droit en faculté et celle d'être couronné par les plus hautes sphères juridiques.

— Je ne suis pas programmé pour le pardon, continue-t-il. Encore eût-il fallu qu'on me le demande ! crache-t-il avec véhémence.

Je prends la pleine mesure du bourbier dans lequel je suis malgré moi et une question s'impose d'elle-même.

— Pourquoi vouloir m'utiliser ?

— Pourquoi pas ?

— C'est vrai... la ligne de défense des avocats. Cachons-nous derrière les dommages collatéraux ! C'était bien ce que j'étais censé être comme tu m'en as fait part tout à l'heure, n'est-ce pas ?

— Tu n'en es pas un, du moins pas encore. N'as-tu rien entendu de ce que je t'ai dit ?

— La journée fut longue et tu en as formulé des choses ! Aucune ayant un quelconque sens pour moi ! Un simple ramassis d'inepties qui servaient ton plan ignoble.

Il accuse le coup et contracte les mâchoires. Je vois parfaitement ce à quoi il fait allusion, mais je ne suis clairement pas d'humeur à écouter ce qu'il a à dire à ce sujet. Souffler le chaud et le froid a ces limites !

— Je ne comprends pas, qu'attends-tu exactement Romeo ? Mais qu'attends-tu au juste ? Détruire ma famille ? Vas-y, je t'en prie ! Laisse-moi une place aux premières loges ! Que crois-tu que cela me fasse sérieusement ? Ils sont et resteront toujours mes proches et je me tiendrai hiver comme été auprès d'eux. Qu'importe nos différends. Je ne me fatiguerai pas à défendre ce qui ne peut l'être, mais que je le veuille ou non au bout du compte nous partageons les mêmes racines ainsi qu'un passé et un avenir communs.

— Cela n'éveille donc pas ta curiosité de savoir auprès de qui tu te tiens ? C'est une erreur de jugement que je ne pensais pas que tu ferais.

J'ai un rire étranglé et je dois avoir l'air d'une parfaite hystérique. Mes barrières mentales sont clairement en train de s'effondrer une par une.

WHEN JULIET NEEDS ROMEOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant