• CHAPITRE DIX-SEPT •

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Le bruit de ma propre déglutition me paraît terriblement sonore. Même si je sais que ce n'est qu'un effet de mon imagination, j'ai le sentiment que la température de la pièce monte de quelques degrés. Le trouver séduisant n'était pas prévu au plan initial ! Il se lève souplement et réduit la distance qui nous sépare en quelques pas puis s'installe sur la table basse face à moi. Il m'arrache la cigarette des mains et l'écrase sans ménagement près de lui sans même y jeter un regard. Un sourire captivant naît sur le coin de ses lèvres tandis qu'il fait glisser ses doigts nonchalamment sur l'une de mes mains. Il esquisse des petits cercles qui m'envoutent un moment avant de rompre le contact.

— Est-ce que ceci te sort de ta zone de confort ? s'enquiert-il.

— Non.

— Bien... Et ceci ?

Il les fait courir jusqu'à mon avant-bras en effleurant de ses ongles au passage des parties sensiblement insoupçonnées de mon corps.

— Et maintenant, Juliet ?

— Non.

La fermeté de mes réponses me surprend, mais c'est tant mieux si je réussis encore à être maîtresse de mon filet de voix.

— Hum, fait-il.

Il remonte plus haut, bien trop pour que j'arrive à faire taire les pensées déraisonnables et déplacées qui s'insinuent perfidement en moi. Son index glisse le long de mon épaule et il dessine voluptueusement les contours de ma clavicule. Il se contente de m'interroger du regard cette fois-ci.

— Non.

Mon souffle est de plus en plus saccadé et je réalise avec horreur que je perds progressivement les commandes de mon propre corps. Le sourire de Romeo s'élargit alors qu'il fait serpenter son doigt plus bas sur ma cage thoracique. Ce n'est pas bon du tout ! Quand il marque un arrêt à la naissance de ma poitrine, ma respiration se fige dans ma gorge. Bouger d'un seul millimètre pourrait être dangereux à cet instant précis.

— Suis-je aux abords de ta zone de confort, Juliet ?

— Pourquoi est-ce si important pour toi, Romeo ? j'articule à grand-peine.

J'aurais dû me contenter d'un simple non, cela aurait été clairement plus facile à dire. Il frôle lascivement le galbe de ma poitrine sans répondre à ma question. La teinte de ses yeux est singulière, implacable et atrocement attractive. Ma respiration qui est devenue erratique à souhait doit à coup sûr lui envoyer les mauvais signaux. Nous n'irons pas sur ce terrain ! J'attrape sa main d'une poigne assurée et je l'écarte. De la distance, il me faut de la distance ! Il est si près que je peux sentir l'électricité qui crépite entre nous. Sa bouche pourrait fondre sur la mienne en un seul mouvement habile de sa part s'il le souhaitait. Je réalise que nos genoux se touchent négligemment et ces infimes points de contact entre nous m'enflamment bêtement. Le désir tel un serpent s'est vilement répandu dans mes veines jusqu'à en balayer toute pensée cohérente sur son passage.

— Qu'essaies-tu de prouver ?

— Qu'aimerais-tu que je tente de prouver ? me provoque-t-il.

J'ai désespérément besoin d'appeler Jasper, car la situation m'échappe inexorablement. Je suis l'animal blessé pris dans les phares de sa voiture et il en a pleinement conscience. Son physique n'a pas le droit d'être aussi captivant ! En fin de compte, il est bien plus maître de soi que le sauvageon qu'il m'a paru être au premier abord. Bien que son emménagement soit récent, son appartement en est la preuve même. Tout est absolument sous son contrôle, à la merci de son joug imperturbable. Chaque lendemain de soirée je me suis éveillée dans un lieu de vie propre et sans aucune trace des débordements de la veille comme si rien ne s'était produit. Son apparence est tant soignée que je ne peux me défaire de l'idée que quelque chose cloche.

WHEN JULIET NEEDS ROMEOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant