• CHAPITRE VINGT-ET-UN •

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Aussi étrange que cela puisse paraître, je suis d'excellente humeur ce matin. Encore une journée de plus dans la balance. Bientôt, ce pari sera loin derrière moi. Je reprendrai paisiblement le cours de ma vie en veillant à ne pas le croiser dans le couloir que nous partageons. Bien sûr Juliet... Les écouteurs bien vissés dans mes oreilles je me dandine depuis le réveil sur une sélection spéciale pour les bons jours. Rien de particulier ne m'attend aujourd'hui. Je compte faire parvenir mes demandes aux hôpitaux que j'ai rigoureusement triés sur le volet pour leur qualité en matière d'enseignement et advienne que pourra après ça. Il faut que j'apprenne à lâcher prise sur les choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle et mes candidatures sont exactement un cas d'école. Je repose ma brosse à dents dans le pot prévu à cet effet avant d'allumer l'eau sous la douche tout en prenant soin de ne pas m'éclabousser au passage. Chanceuse comme je suis, je pourrais réussir l'exploit de m'électrocuter avec simplement un téléphone en main. La musique que j'écoute me fait ridiculement remuer alors pour couronner le tout tandis que j'enlève mon bas de pyjama, je chante à tue-tête les paroles. Muni de ma brosse à cheveux en guise de microphone, je suis lancée tel un train à pleine vitesse, plus rien ne peut m'arrêter.

— Ahhh, je hurle.

En me retournant dans une pirouette parfaitement grotesque, je suis tombé nez à nez avec Romeo qui me scrutait avec étonnement. Mon cœur bat si vite que j'en ai la nausée. J'arrache précipitamment les écouteurs de mes oreilles alors qu'il tente tant bien que mal de contenir son hilarité face à moi.

— Eh bien ! applaudit-il.

Je resserre la prise autour de ma brosse et je me statufie sur place. Le sort semble s'acharner et n'en avoir rien à faire de ma dignité puisque je réalise que je porte une petite culotte rose pâle.

— Depuis combien de temps es-tu planté là ?

J'ai tenté de parler d'une voix neutre, mais elle a frôlé une note si aiguë que je suis surprise que les miroirs de la pièce n'éclatent pas.

— Assez longtemps, répond-il évasivement comme à son habitude.

— Tu ne peux pas frapper comme tout le monde ? je l'attaque.

— J'ai essayé à titre informatif ! Avec tout le vacarme que tu faisais, il était impossible que tu m'entendes.

Ses yeux glissent lentement vers le bas de mon corps et il ne relève la tête que lorsque je claque des doigts en écumant littéralement.

— Regarde ailleurs ! je vocifère en attrapant une serviette pour me couvrir la taille.

— Ce ne sont que des jambes.

— Les miennes !

— Oh, tu veux parler de possession ? Très bien ! Ceci, fait-il en englobant la salle de bain, est à moi. J'ai donc le droit de profiter de toutes les pièces de mon appartement comme je l'entends.

— N'avions-nous pas passé un accord concernant cette pièce en particulier ?

— Il apparaît que tu ne fais cas que des accords qui te conviennent le plus.

— Est-ce une note de jalousie que je perçois là ?

— De qui ? Chad ?

— Craig, je rectifie par réflexe.

Il s'adosse à la porte et le sourire du chat d'Alice aux pays des merveilles s'étend de nouveau sur son visage impertinent.

— Dis-moi Juliet, ces paroles lui étaient-elles destinées ? minaude-t-il faussement.

WHEN JULIET NEEDS ROMEOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant