• CHAPITRE QUARANTE ET UN •

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L'ensemble des alarmes de mon cerveau retentissent en même temps et elles font un vacarme tel qu'il m'empêche de me concentrer. La soudaineté de sa question me fait déglutir de travers et mon cœur tambourine si fort contre ma poitrine que je suis presque sûre qu'il peut l'entendre de là où il se tient. Je sens que ma bouche s'ouvre, mais aucun son n'en sort alors je la referme prestement.

— Tu souhaitais que je simplifie nos échanges, non ? J'ai fait en sorte que ce soit aussi enfantin que possible et pourtant tu restes une fois encore muette.

Aucune repartie cinglante ne me vient. Je ne sais pas comment faire pour botter en touche. C'est la demande la plus frontale qu'il ne m'ait jamais faite.

— C'est... C'est com...

— Compliqué ? Comme c'est pratique ! Voilà donc que tu complexifies tout à ton tour.

— Ce n'est en rien similaire ! Je ne t'ai pas lâché de but en blanc ce genre de question en te forçant la main. Je ne t'ai pas lancé au visage cette question comme si nous avions cinq minutes à perdre et que nous ne savions pas comment les passer !

— Mais pose-là donc pour que je puisse enfin te dire que je t'ai adoré comme je n'ai jamais vénéré personne, dit-il le plus sereinement du monde.

— Qu... quoi ? je fais totalement incrédule.

— J'ai dit, je t'ai adoré comme je...

— Bonté divine, ce n'était pas une véritable question !

— C'est pourtant ma réponse. J'ai adoré la moindre parcelle de ton être. Ton effronterie, ta fougue, ta malice et ton mordant. J'ai chéri chaque regard que tu as posé sur moi et chaque parole qui s'échappait sournoisement de tes lèvres. Je n'ai eu de cesse d'avoir en tête tes courbes si douloureusement délectables. Le souvenir du parfum que tu laissais dans ton sillage m'a enivré si longtemps que cela aurait pu être le seul remède dont j'aurais eu besoin. À genoux devant ton charme j'avançais pourtant vers toi avec fascination bien que je me savais condamné sous le joug de la lame que tu tenais d'une main ferme sur ma carotide. J'ai attrapé à pleines mains la tienne et appuyé plus fort encore au point de sentir mon cœur saigner en pensant que tu mettrais un terme à mes souffrances. Au lieu de ça, tu les as embrasés et elles ont tout détruit sur leur passage. Tel un oiseau de mauvais augure, tu m'as abandonné là seul face à ma propre destinée. Et aujourd'hui, devant moi, tu oses te jouer de ce supplice impunément ?

Chacun des mots qu'il a prononcés est le sien et pourtant ils ont été si habilement choisis que sa tirade semble orchestrée à merveille pour toucher une corde sensible en moi. Je dois donc aller chercher au plus profond de mon être le courage de répondre après un aveu comme celui-ci.

— Je ne me joue pas de toi Romeo.

Une réplique d'une vivacité incroyable ! Où se cachent mes neurones quand j'ai le plus besoin d'eux ? C'est à se demander s'il n'éteint pas tous les interrupteurs de bon sens en moi lorsque nous sommes à proximité. Il me scrute intensément et même si je perçois son trouble, je n'arrive pas à en saisir toute l'étendue.

— Réponds à ma question Juliet.

— La dernière fois que tu m'as sommé prestement de riposter, tu n'as pas aimé la réponse

— J'avais exigé que tu fasses un choix et tu l'as fait, nuance. Quel mal peux-tu bien faire de plus ?

— Cela ne fonctionne pas comme ça Romeo. Tu sollicites l'impossible.

— Je réclame de la franchise.

— Tu désires un acte de foi !

— Je ne requiers rien de tel Juliet ! s'agace-t-il.

WHEN JULIET NEEDS ROMEOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant