• CHAPITRE DIX-HUIT •

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Matt se fige lorsqu'il m'aperçoit et il hausse un sourcil dubitatif.

— Oh, ! Salut, Juliet. Je suis ravi de te revoir !

— Salut !

— Je ne savais pas que tu avais encore de la compagnie, dit-il à Romeo.

— Son dégât des eaux est bien plus important que prévu.

Ben voyons ! Voilà donc comment il a vendu notre petite cohabitation à ses proches. Matt s'avance vers moi et se penche pour déposer une bise sur ma joue. Sa proximité et l'intimité de son geste me laissent sans voix. Il se contente de sourire malicieusement avant de faire claquer ses mains.

— Alors ! Qu'est-ce qu'on mange ?

Face à nos silences respectifs, il fronce les sourcils.

— Rom, tu n'as pas oublié le match ? Nat et Lee sont en route !

— Merde ! râle le principal intéressé.

— Sérieux ? J'avais proposé de le regarder chez moi ! Tu as insisté la semaine dernière pour que ce soit ici !

La sonnette choisit ce moment précis pour retentir de nouveau. Un claquement de doigts plus tard et nous ne sommes plus trois, mais cinq dans son salon. Le premier qui se présente à moi doit mesurer au moins un mètre quatre-vingt-dix. Tout en muscle avec une crinière blonde totalement désordonnée, il me sourit franchement en m'apprenant qu'il se prénomme Leroy. Sa simple arrivée suffit à réchauffer l'atmosphère, mais ce sentiment s'efface bien vite lors de ma présentation avec celui qui le suit de près.

— Juliet, dis-je en tendant ma main.

Il me toise froidement avant de se retourner vers Romeo. D'accord... Je m'apprête à l'honorer de ma repartie acerbe lorsqu'une idée germe à toute vitesse dans mon esprit. Cela me servira considérablement si son petit camarade de beuverie n'apprécie pas ma présence. Il ne me restera plus qu'à jouer dessus afin que Romeo me congédie pour pouvoir profiter de sa soirée entre amis. Cet homme va m'offrir ma victoire, enfin lui et surtout l'antipathie qu'il a l'air d'éprouver à mon égard.

— C'est une blague ! explose-t-il contre Romeo.

Matt et Leroy écarquillent les yeux tels des soucoupes. Le ton semble les prendre au dépourvu. Pour ma part, je suis à deux doigts de mettre du popcorn à chauffer au micro-ondes. Cela dit, j'ai bien trop peur d'en rater une miette alors je reste bien à ma place.

— Ce n'en est pas une, lui répond tranquillement celui-ci.

— À quoi joues-tu ? enrage son interlocuteur.

Romeo se détourne en direction du couloir et son ami ne se fait pas prier pour lui emboîter le pas. La porte de la pièce que je pensais fermée à clé s'ouvre et claque si violemment derrière eux qu'un silence pesant s'imprime autour de nous. Aussi étrange que cela puisse paraître, nous n'entendons pourtant aucun éclat de voix. Leroy brise ce moment gênant en décapsulant une bière qu'il me tend le regard rieur.

— Eh bien, ça, c'est une première ! s'amuse-t-il. Ils ont leurs règles ou quoi ?

Je lève les yeux face à cette expression sexiste et idiote au possible.

— Aucune idée Lee, mais je ne préfère pas m'immiscer entre les deux frangins, lui répond Matt.

Des frères ! Voilà donc pourquoi son apparence m'a autant troublé au premier abord. Leur allure presque semblable est déroutante. Impossible de deviner leurs âges respectifs, mais maintenant que je connais leur lien, je réalise qu'ils se ressemblent vraiment à s'y méprendre. Malgré sa réponse légère, la préoccupation qui se lit sur les traits de Matt ne s'efface qu'une fois qu'ils sont tous deux de retour dans le salon. Contre toute attente, le frère inconnu me tend la main pour se présenter, mais face à mon refus total d'obtempérer à cette mascarade, il la laisse bien vite retomber le long de son corps en serrant les mâchoires. Trop facile mon coco ! Il s'installe dans un coin de la pièce et accepte de bonne grâce la bière tendue par Matt. Il en vide près de la moitié d'une traite avant de me fixer franchement. Cette façon de me regarder est bien plus perturbante que celle de son frère. À la différence de Romeo, il émane de lui une austérité palpable. Impeccablement coiffé et vêtu d'un costume sombre, il transpire la domination et la sévérité. Le pli dur de sa bouche s'accentue encore plus lorsqu'il réalise que je le toise aussi sans retenue. Il fronce vivement ses sourcils avant de se concentrer sur la télévision en desserrant sa cravate au passage. Si tu pouvais t'étouffer avec !

WHEN JULIET NEEDS ROMEOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant